The Handmaid's Tale fait partie de ces séries appelant le spectateur à découvrir un monde, y chercher ses secrets et à comprendre ses coutumes et traditions. La dystopie est un genre se prêtant parfaitement à ce jeu : l'audience se fera un plaisir de tenter de prendre conscience de tous les petits détails qui font de cet univers un monde dans lequel la liberté n'a plus cours.


Ici, l'élément déclencheur de ce monde privé de libertés fondamentales sera une baisse de fertilité drastique chez les êtres humains, partout à travers le globe.


De ce point de départ, deux situations semblent possibles.
-Les femmes restées fertiles suite à ce qui apparaît vite comme un châtiment divin prennent le pouvoir, grâce à leur caractéristique hors norme les rendant indispensables.
-Le reste du monde soumet les femmes fertiles pour s'assurer de la reproduction et la survie de l'espèce humaine.


Si la série semble pencher pour cette seconde option, on verra en y regardant de plus près que ce n'est pas exactement le cas. Les personnes de pouvoir dans l'oeuvre semblent plus ici préoccupés par la soumission et asseoir leur position souveraine plutôt que par la survie de leur espèce, puisqu'il est vite mis en place l'idée que les femmes fertiles et soumises sont attribuées à un unique "Commandeur" (comprenez homme politique puissant). Ces commandeurs étant décrits comme la plupart du temps stériles (comme la plupart des autres hommes sûrement, mais là n'est pas la question), le fait de leur réserver le droit de procréer parait une solution bien peu pragmatique, autant pour une question de survie qu'économique, élément qui préoccupe pourtant énormément ces messieurs.


En fait, ces commandeurs plus qu'autre chose, jouent le rôle de grand méchant de l'histoire, et de l'Histoire. Ces commandeurs sont le gouvernement qui programme les attentats du 11 septembre, ce même gouvernement qui a créé le virus du SIDA et qui nous empoisonne à petit feu de façon insidieuse. Bref, les commandeurs sont le Mal.


Et c'est bien de cette problématique que va s'écrouler tout le discours de la série. Elle est finalement plus un défouloir de la frustration accumulée par les spectateurs pendant leur vie en société qui peut se révéler étouffante, qu'une véritable tentative d'ouvrir les yeux sur la réalité du monde dans lequel nous vivons actuellement. Orwell l'avait bien compris, le vrai danger se situe là où le peuple n'en voit aucun. La vraie dictature de notre société est bien celle que l'on accueille à bras ouvert et avec le sourire. Ce n'est à aucun moment le cas des Handmaids, toutes conscientes du sort terrible qui est le leur. Il est dommage de voir que malgré tous les clins d’œil fait à 1984, son enseignement le plus important n'aura pas été mis en pratique.


On se prendra alors à rêver d'une série reprenant les mêmes prémisses, et utilisant un mélange des deux solutions proposées plus haut : un monde où les femmes fertiles prennent le pouvoir, mais seraient finalement prisonnières de leur rôle. Prisonnier de son confort, voilà quelque chose qui m'aurait intéressé, et qui m'aurait paru pertinent par rapport à notre réalité.


The Handmaid's Tale tente de faire bouger le système, mais si rejeter la faute sur les autres est toujours la première solution, il s'agit rarement de la meilleure.

Mayeul-TheLink
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le 11 oct. 2017

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