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La maison comme l'homme peut devenir cadavre. Il suffit qu'une superstition la tue.

Une maison est finalement semblable à un corps humain : une peau, des veines, des os, des yeux. et un coeur qui bat au rythme de celui de ses habitants.


Le coeur de Hill House est noir. Ses battements lents mais entêtants. Son sang riche et visqueux des esprits qui le nourrit. Le coeur de Hill House n'en est peut être pas un. Mais plutôt un estomac en plein processus constant de digestion.


Hill House est une maison assassinée. Une maison dont les tourments résonnent dans le temps et dans l'esprit de ceux qui en franchissent le seuil. Une demeure qui offre un havre de paix pour chacun, en forme de retraite, pour mieux s'insinuer, pour mieux se nourrir des fêlures et des fragilités d'une famille dont chaque membre s'avère sous influence.


Des influences en forme de terreur, d'obsessions, de cauchemars et de visions de terreur. Leurs ombres traversent un traumatisme familial intense, encore vif, dont le drama captivant constitue le coeur de la mini série qui, en presque dix heures, tisse une histoire de ténèbres au rythme tranquille et placide. Loin des procédés de l'horreur moderne qui prend immédiatement à la gorge ou qui choque dans la violence graphique mise en scène.


The Haunting of Hill House prend donc son temps pour installer son atmosphère lugubre et mortifère, pour laisser grandir le mystère qu'abrite la demeure, à l'image de cette étrange chambre rouge qu'aucune clé ne semble pouvoir ouvrir. Pour laisser entrer la folie de manière insidieuse, en suggérer la source et ce qui conduit de manière inéluctable au drame frappant la famille.


Les décors sont superbes, mis en lumière par une photographie fine et altière, tandis que les mouvements de caméra, lents, posés, élégants, participent au pouvoir de fascination que peut susciter la peur, celui qui pousse dans un réflexe à lever les mains pour se cacher les yeux, avant de lentement écarter les doigts pour quand même voir ce qui se passe à l'écran. Consacrant l'approche psychologique adoptée par Mike Flanagan, soutenue par une galerie de personnages auxquels on ne peut que s'attacher. Complexes, fragiles, profondément humains, ils s'aiment sans pouvoir cependant le dire, en cédant néanmoins aux compromissions et petites lâchetés. Ils s'aiment et pourtant se font mal et se malmènent. animés de rancoeurs, de non-dits, d'un certain refoulement ou d'une hyper sensibilité.


Chaque membre de la famille incarne une façon de survivre à l'horreur, de digérer le traumatisme et les secrets suintants. Dans une série qui reprend nombre d'aspects du Mike Flanagan de Oculus, Ouija : Les Origines, Jessie, ou encore de Stephen King. Un creuset qui a préparé le formidable Doctor Sleep, comme si The Haunting of Hill House avait été utilisé comme répétition générale et terrain d'expérimentation de la fusion entre l'idée kubrickienne de l'horreur et de l'écriture du king du Maine, tant ce retour à la maison se montre aussi intense.


La poésie sombre de Hill House envoûte, sa belle histoire de maison hantée ensorcelle, tandis que le portrait de toutes ces petites choses animant l'esprit de famille touche de plein fouet l'humain. Au point de pouvoir résumer la série avec ces quelques mots :


« Cette maison est étrange. Ses ombres mentent. Dîtes, expliquez-moi pourquoi sa serrure correspond-elle à ma clé ? »


Behind_the_Mask, home sweet home.

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le 4 juin 2020

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