The Hollow Crown par Euanthe
Deuxième téléfilm de cette mini-série, qui fait suite à "Richard II" (cf. ma critique) Toujours l'adaptation d'une pièce historique de Shakespeare.
L'action se passe là un petit nombre d'années après les événements de "Richard II", où Henry IV est le roi et doit faire face à une rébellion interne menée par ceux qui l'ont fait monter sur le trône et à son fils Henry qui fait son désespoir avec son comportement bien peu royal (pardonnez ce résumé bien peu au niveau de la pièce, mais c'était juste pour vous situer l'histoire, si vous ne connaissez pas la pièce.)
A nouveau, comme pour Richard II, nous avons droit à un téléfilm de très grande qualité, tant par la réalisation, la photographie que par le jeu des comédiens, à commencer par le premier d'entre eux, Jeremy Irons qui incarne Henry IV. Ce n'est pas un roi flamboyant, mais un roi miné par les soucis des rébellions mais presque encore plus affecté par les errements de son fils aîné (joué par Tom Hiddleston), il compare sans cesse son héritier à Harry Percy (Hotspur), l'héritier d'un de ses ennemis, bien plus vaillant cœur et noble que son propre fils. Et ce sont ces doutes qu'on perçoit parfaitement dans le jeu de Jeremy Irons et que sa puissance de roi et ses certitudes ne parviennent pas tout à fait à effacer. On le sent toujours un roi fatigué et usé, particulièrement à la fin de la bataille de Shrewsbury qui clôt cet épisode. Et sa déception vis à vis de son fils, montrée dès le début du téléfilm par un parallèle entre la réflexion qu'il fait au sujet de son fils et une scène où on voit ce dernier avec ses amis "douteux" dans une taverne qui ne l'est pas moins. Il ne me semble pas que ça soit situé de la même manière dans la pièce mais c'est judicieusement fait ici, permettant d'entrer directement dans la trame dramatique de cette pièce qui est en grande partie l'évolution du prince (du moins, d'après mon ressenti de non spécialiste en littérature)
Et comme Shakespeare l'écrit, l'ambivalence des sentiments du Roi pour son fils est à son sommet dans la scène où ils s'affrontent et où il dit au Prince ce qu'il lui reproche, lui avouant qu'il regrette de ne pas avoir Hotspur comme fils, lui suggérant même qu'il ne serait pas surpris de le voir se retourner contre lui. C'est une scène pivot dans ce téléfilm car autant à l'arrivée dans la salle du trône, le Prince arrive en dilettante qui semble n'en avoir rien à faire, autant, au cours du discours de son père, son attitude change du tout au tout, il se redresse et finit par se révolter pour prouver à son père qu'il a tort. Rendons grâce ici à Tom Hiddleston de montrer tout cela sans un grand nombre de phrases. Dès lors, dès que cet événement a eu lieu, il donne à son personnage du Prince une solennité différente, quelquefois encore entrecoupée de son insouciance d'auparavant. C'est certes Shakespeare qui l'offre mais l'interprète n'a justement pas raté ce passage-là.
Ce téléfilm est aussi particulièrement différent du précédent par sa photographie. Elle est ici bien plus sombre, pas monochrome mais presque, un peu comme pour souligner les difficultés que rencontre le roi, son palais est grisâtre, le champ de bataille est dans un camaieu de gris et de marron boue. Les seuls moments plus "ensoleillés", ce sont les scènes dans la taverne, avec le Prince et Falstaff. Ce sont des scènes plus gaies, un bon moyen de souligner une certaine insouciance (que le Prince n'a pas totalement, je pense notamment à un monologue précis)
Enfin, au contraire de la pièce précédente, celle-ci offre une grande scène de bataille et c'est quelque chose qu'un téléfilm peut plus facilement offrir que la pièce. Et si même à la lecture, on l'imagine aisément et probablement sur scène mais cela, je n'ai pas eu le bonheur de le juger, la voir plus vivante sur un écran apporte indéniablement un plus. Pas vital, mais un heureux plus quand même, d'autant qu'elle est plutôt bien filmée pour autant que je peux en juger.
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