Episode 1,2,3,4.5 (5/5/7/5/6/5/4 sur 10)
La force de The Last of Us, le jeu, c’était de nous faire vivre une expérience viscérale de peur et de survie en y incarnant Joel.
Pour son univers, le jeu s’inspirait déjà du cinéma et de la télévision (La Route, Les Fils de l’homme, Walking Dead, etc.).
De plus, pour nous raconter cette histoire, la mise en scène (comprenez : hors phase de gameplay) s’inspirait elle aussi des codes de ces deux médias.
Quel intérêt de transposer tout ça ?
Ma crainte était surtout d’y perdre ce qui fait la force du jeu : l’immersion qui faisait ressentir stress, peur et volonté de survivre.
Ça n’a pas loupé.
Les deux premiers épisodes ne m’ont fait ni chaud, ni froid. Ni bons, ni mauvais, j’étais très détaché, comme anesthésié.
Je n’arrive pas à y ressentir la force principal du jeu.
Ici, la menace telle qu’elle est mise en scène ne me fait pas peur. Les infectés sont ces « zombis » que l’on a vu mille fois et qui courent comme des imbéciles en beuglant.
Sur l’aspect émotionnel, je n’arrive pas à m’impliquer avec l’Ellie télévisuelle qui m’apparaît comme étant une vraie petite garce.
Vient enfin le fameux épisode 3 que l’on me promet surprenant.
Et il l’est.
Dans cet épisode on nous raconte l’histoire de Bill sur 20 ans et on nous présente une autre façon de survivre et de réapprendre à vivre. Solitude, paranoïa, puis humanité et amour. La découverte de ce personnage est surprenante et toute cette histoire touchante.
La suite aux prochains épisodes avec la crainte de retomber sur une route bien balisée…
Et elle l’est.
Episode 4 : Une route bien balisée qui ne fait pas baliser (c’est l’épisode des blagues et autres jeux de mots merdiques, non ?)
Cet épisode me permet de discerner plus clairement ce qui ne va pas. Et j’en reviens à mon propos initial.
La menace n’est jamais effrayante.
Même en finissant le jeu plusieurs fois, j’étais toujours stressé pour les personnages.
Ici, ni stress, ni tension.
On bascule trop vite du point de vue des antagonistes. On nous livre leurs raisons d’être en cherchant trop vite à les « humaniser ».
Pourtant, quand la menace n’est pas clairement identifiée, elle est bien plus effrayante.
C’était le cas dans le jeu, où cette menace et les raisons d’agir des humains dans la ville se révélaient progressivement. On gardait le point de vue de nos héros et c’était bien plus viscéral ainsi.
Autre problème : le niveau d’action et de violence.
Le jeu était construit par d’intenses phases de tension, de combat et d’infiltration, ponctué de moment de pause bienvenus pour faire redescendre la pression. La série c’est tout l’inverse.
Ce n’est pas un mal puisqu’un enchaînement d’affrontements aurait été plus que lassant. Néanmoins, on pouvait au moins s’attendre à ce que les rares combats soient de qualité, s’attendre à quelque chose de plus viscéral niveau violence comme dans le jeu (coup de surin dans la carotide, crâne éclaté et autres joyeusetés) Ici, ça manque même de réalisme et de bon sens :
Un type se met à découvert et se fait abattre comme un pigeon. Son pote s’expose pour lui porter secours avant de foncer vers la menace. Bam t’es mort crétin…
Bill nous avait déjà fait le coup dans l’épisode précédent en se prenant une bastos en mode « tirez-moi les mecs » (Ellie approved)
Et puis bonjour l’économie de munitions. Pire que le Raid à Saint-Denis…
Pour finir Joel a eu du bol que la balle tirée par Ellie ne traverse pas…
Dans la même veine : pour pas se faire prendre dans son sommeil (Bill n’est plus là pourtant), Joel étale le verre brisée d’une porte vitrée alors que son lit est juste en face de cette dernière. Utilité de la chose si je te pointe mon arme auto à travers la porte avec une torche dans ta gueule ?
Alors oui je suis exigeant sur ce que certains pourraient qualifier de détails. Néanmoins, l’intensité des affrontements et la violence qui sont au cœur du jeu avaient aussi un impact psychologique sur le personnage d’Ellie
dans son devenir de tueuse implacable. Basculement sans tabou et jouissif dans le jeu et qui surviendra plus tard dans la série. Si elle suit bien le même cheminement...
Pour l’heure le degré de violence ressenti est bien trop léger à mon goût…