Hail to the grief
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le 7 janv. 2020
127 j'aime
14
SAISON 1
Crée par l'un des pilliers de Lost, The Leftovers est pour l'instant ma claque de 2014 devant True Detective. Je ne vais pas beaucoup évoquer Lost dont je n'ai pas vu l'intégralité et que j'ai toujours vu comme une série où les mystères et la SF dominaient des personnages pas toujours passionnants. Dans le cas de The Leftovers j'ai le ressenti inverse, toute la série est concentrée sur ses personnages avec une mythologie qui bien que prenant de la place reste secondaire. Plutôt qu'à Lost The Leftovers fait écho à Six Feet Under, par ses séquences de rupture brutales, la gestion du deuil, la réalisation ultra précise qui capte les errances des personnages toutes différentes, empreintes de mysticité ou de violence. Tous les épisodes ont quelque chose de fascinant voire de dérangeant, parfois violents, cette première saison est un bel exercice d'quilibriste sur le fil de la surenchère émotionnelle.
Au delà des épisodes 9 et 10 magistraux (ce season finale...) les épisodes les plus réussis furent les stand alone : le 1x06 autour de Nora est un sommet du genre, qui mérite tous les Emmys possibles, celui de l'actrice dans un second rôle pour Carrie Coon en tête.
8/10
SAISON 2
"Let the mystery be” ce chant apparemment porteur d'espoir dans le nouveau générique peut résumer à lui seul l'essence de la série.
Et ce nouveau générique est comme le précédent un miroir honnête de la saison : celui de première était sombre, inquiétant presque guttural celui de cette seconde saison ne l'est pas exactement moins (après tout les disparus prennent forme sur un air country) mais il est le premier indice que ses personnages veulent s'extraire de la torpeur qui les plombaient, et qui faisait parfois suffoquer.
First things first, rendons à Lindelof les honneurs qui lui sont dus : Là où la première saison pouvait se perdre dans un dédale trop complexe qui alourdissait parfois son propos, cette saison 2 saisit dès son ouverture l'urgence de la survie grâce à une narration cette fois parfaitement maîtrisée qui privilégie l'anthologie (ces épisodes concentrés sur un personnage, déjà les meilleurs moments de la saison 1) sans ja-mais oublier de les lier à l'événement fondateur et au destin commun des personnages jusqu'à un final étourdissant, qui dans le chaos le plus total recoupe tout. On est confronté à un gigantesque puzzle émotionnel où l'on se perd non sans craintes mais avec toujours plus de fascination.
Il y aurait d'ailleurs beaucoup à débattre sur les épisodes individuellement, tant ils étaient réussis, cohérents et pourtant souvent différents les uns des autres. (le 6è où comme dans la saison 1 on retrouve Nora, et son hallucinante confrontation à Erika, puit à emmys sans fond, est personnellement mon préféré)
Mais surtout la série a définitivement choisi son camp en puisant sa force dans ce qu'elle n'explique pas, dans son ambition de mettre l'accent sur l'inconnu, les peines et les peurs qui peuvent changer de forme mais ne quittent jamais. The Leftovers est une série rare, dont la force d'évocation autant dans l'action pure que dans l'introspection met le spectateur à rude épreuve émotionnellement, bouscule les conceptions, comme un enfant confronté à un cauchemar. Et si la série ne manque pas de fantastique, use et abuse des frontières entre le rêve et le réel, sa brutale honnêteté, la vérité arrachée à ses personnages annule tout besoin de rationalité qui en d'autres mains manquerait cruellement à un drama si ambitieux. Lindelof ne laisse pas le choix de l'abandon.
The Leftovers est assez ambitieuse pour dépasser les conventions du storytelling télévisé tout en maîtrisant parfaitement ses outils : la narration, l'empathie profonde pour des personnages subtilement incarnés, la musique, une réalisation splendide.
Série de l'année, une terrifiante catharsis.
10/10
Cet utilisateur l'a également ajouté à sa liste Top 10 séries 2015
Créée
le 11 sept. 2014
Critique lue 667 fois
4 j'aime
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