Quand la bêtise humaine provoque les catastrophes

Encore une série passionnante sur l'enchainement des erreurs commises par la CIA, par simple souci de compétition avec le FBI, qui conduiront au 11 septembre. C'est assez manichéen, désolant, stupide, traduisant un orgueil ahurissant de l'équipe CIA chargée de suivre Al-Qaïda, conduite par un Martin Schmidt détestable manipulateur (excellent Peter Sarsgaard).

Tout commence avec l'attentat de Nairobi en août 1998, en faisant 213 morts, ce qui permet aux USA de découvrir la dangerosité de Oussama Ben Laden qui devient l'une des dix personnes les plus recherchées.

Au fil des épisodes, on découvre la rivalité entre la CIA et sa cellule Alec, avec le FBI, dirigée par John O'Neill, interprété par un Jeff Daniels convaincant. Il s'est entouré de deux collègues indispensables pour faire avancer leur propre enquête :

- Robert Chesney - interprété par Bill Camp - qui est chargé de suivre les opérations à Nairobi pour comprendre les circonstances de l'attentat et accumuler des preuves ;

- Ali Soufan, excellent Tahar Rahim, en parlant arabe, chargé d'interroger les suspects, et de remonter la filière Al-Qaïda, en suivant d'autres événements comme l'attentat contre le navire de guerre l'USS Cole, au Yémen.

Pendant ce temps, Martin Schmidt veut envoyer l'armée et frapper des centres d'entrainement par des bombardements massifs, en espérant éliminer Ben Laden. L'un de ces bombardements aura servi de détonateur pour organiser l'attentat du 11 septembre. Il profite de la désorganisation de la présidence américaine avec les déboires de Clinton dans son affaire Levinsky, suivie par les élections qui portèrent Georges W. Bush au pouvoir.

Lentement, le piège se referme malgré les efforts du FBI pour contraindre la CIA à partager les informations. Ce sera en pure perte et de toute façon, trop tard...

Voici une bonne série qui s'appuie sur les événements réels, des personnages qui ont vraiment existé, à quelques-uns près, et sur des images d'archive.

La fin est assez sidérante, lorsque Ali Soufan parvient enfin à interroger l'un des colistiers de Ben Laden. Lentement, il pousse le prisonnier dans ses retranchements en le piégeant et l'accule face à ses contradictions, avec d'abord des informations partielles, puis en le questionnant sur le contenu du Coran. Parlant arabe parfaitement, Soufan va piéger son interlocuteur en lui démontrant qu'il n'a pas lu le texte sacré, le blessant dans son amour-propre et en fragilisant ses certitudes. Finalement, le terroriste va parler et raconter... Cette scène est sidérante. Sans violence, juste avec des mots, Soufan va retourner son interlocuteur en lui prouvant qu'il s'est fait avoir, faute de rigueur et de vérifications. Une scène étonnante, d'une sensibilité rare, démontrant simplement que la manipulation est facile pour détruire un individu ou en faire le pantin d'un obscur méchant, prêt à tout.

Une série que je vous recommande. Une excellente série...