Everything is gone.
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Pitch, images d'archive, casting sérieux et reconstitution chiadée le professent : cette mini-série tirée d'un best seller pulitzérisé n'est pas dans la fiction, elle est dans le vrai et a fortiori l'examen de conscience.
Les spectateurs américains sortiront-ils grandis de ce visionnage, je n'en sais rien, pour ma part je me sens tout à fait édifiée à la fin de l'épisode 3 et vais m'arrêter sur l'image de ce bel enfant afghan essayant de réveiller son petit camarade mort dans son petit maillot de foot tandis que la poussière sublime le soleil levant dévasté de silence... Ils viennent de se prendre une bombe dans la tronche parce qu'ils vivaient dans l'une des planques de Ben Laden. Oui messieurs dames, les USA commettent des erreurs, mais ils ont un cœur.
Ils ont aussi un pénis, et ce dernier renforce ostensiblement ce versant réaliste et néanmoins empathique de la série : les hommes de la CIA et du FBI font sérieusement leur job et ont un penchant pour les femmes, parfois coupable, certes. Or ces gredines ne pigent jamais pourquoi leurs mecs ne peuvent pas leur raconter leur vie professionnelle et de ce fait, elles font chier. On les aime quand même, mais elles font chier. Y en a tellement pas une qui pige qu'on a même l'exception qui confirme la règle, la jolie rousse N+2 du bureau Al Qaïda de la CIA qui - je cite - est l'une des rares femmes à ne pas avoir peur de la guerre.
SORTI EN 2018, LE TRUC, SUR DES FAITS DATANT DE 1998 (*).
J'hésite à parler d'autres détails hallucinants dans le climax constitué par cet épisode 3 ironiquement intitulé "Mistakes were made". Si allez, attention ça va spoiler les yeux : le chef de la cellule anti-terroriste du FBI interpelle lui-même un suspect majeur de l'attentat ayant fait des dizaines de victimes à l'ambassade américaine de Nairobi. Sans infiltration, sans mise sur écoute, sans rien, comme ça, il prend l'avion et boum, il frappe à la porte avec deux potes. L'opération foire, hélas.
"Mistakes were made" comme dit le méchant. Car oui, il y a une sorte de méchant dans "la vraie histoire derrière le 11 septembre". On parie qu'il a un cœur et un pénis et qu'on découvre épisode 6 qu'il aime ses enfants ?
(*) Je clarifie un peu là-dessus, parce que ça relève d'une forme de bêtise populiste courante, celle qui galvaude la notion compliquée de courage pour en faire un symbole de virilité. Toute personne sensée a peur de la guerre. Toute personne l'ayant connue intimement et n'y ayant pas trop perdu de neurones a peur de la guerre. Qu'elle soit parfois inévitable n'implique pas de ne pas avoir peur de la guerre. Seuls les ignares, les abrutis, les psychopathes et les décisionnaires un peu abrutis ou psychopathes et surtout très éloignés du terrain n'ont pas peur de la guerre. Ces afflictions peuvent toucher les hommes comme les femmes, même celle d'être décisionnaire déconnecté.
Créée
le 11 oct. 2018
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