La meilleur adaptation des comic-books de Boba Fett sans Boba Fett (featuring Boba Fett.)

La carrière de Jon Favreau me laisse perplexe.

Le gars a tout un pan de sa carrière en tant qu'acteur où il incarnait des second rôles assez sympathiques mais oubliables (dont l'un des petits amis les plus minables de Monica dans Friends.) Il s'est ensuite lancé dans la réalisation de comédies... avant de faire le premier Iron Man dont l'ironie et le côté "brisage d'attente" a carrément lancé le MCU sur ses rails.

On commence à l'imaginer doué et prometteur... mais des films comme Iron Man 2, Cowboy contre Envahisseur, ont fait penser à la critique qu'il s'agissait d'un coup de pot et les gens ayant perdus le fil en le voyant réaliser le remake du Livre de La Jungle ainsi qu'un Roi Lion en CGI copiant plan par plan l'original. Le truc est à la fois une prouesse technique et la preuve d'une absence totale d'originalité.

Et là, alors qu'on le pensait sans imagination, le voilà qui débarque avec une série pour Disney + racontant la vie d'un chasseur de prime juste après la chute de l'Empire. Pas Boba Fett, pas un type qu'on connait. Non, juste un chasseur de prime .... et c'est sans doute l'un des trucs estampillé Star Wars les plus enthousiasmant de ces deux dernières années. Bon après, on sent qu'il a derrière lui une bonne équipe aussi : Kathleen Kennedy (la productrice derrière les premiers Indiana Jones) Taika Waikiki (Thor Ragnarok, Jojo Rabbit, Flight of the Conchords) comme caméo vocal et réalisateur d'un épisode et surtout Dave Filoni réalisateur de Star Wars : Clones Wars, Star Wars Rebels et Star Wars Resistance, dont des éléments de mythologies sont reprises petit à petit dans The Mandalorian.

Côté casting, si les acteurs principaux ne sont pas nombreux, l'un étant casqué sur 99% de la série et l'autre étant une marionnette, on a des apparitions de second couteaux assez étrange :

Pourquoi c'est bien ?

Déjà, parce que ça rappelle les livres et les comic-book Star Wars publiés durant les années 80 et 90 : On est dans un monde de Space Western où l'Empire subsite difficilement et où la Nouvelle République à du mal à démarrer. Du coup, ça se tire la bourre et on se retrouve dans une zone grise où c'est le bordel pour tout le monde. On voit d'ancien Stormtroopers, d'anciens rebelles bossant ensemble.

Au lieu de forcer à mort sur l'univers de Star Wars, The Mandalorian réinvente son univers à lui, avec des races extra-terrestres, des personnages et des planètes à part entière. Même les apparitions de Tattoïne restent anecdotiques. Il ne cherche JAMAIS à dire qu'il raconte la grande histoire, mais garde son statut de spin-off et.... c'est super reposant. On sait qu'on est dans Star Wars par petites touches : le design de l'Empire, la forme de certains droïdes et d'extra-terrestres et surtout le fait que l'enfant que va adopter le Mandalorien soit un bébé de la même race que Yoda.

Oui, a ce niveau c'est plus du spoiler, bébé Yoda est L'ARGUMENT MARKETING de cette série. On est beaucoup a avoir voulu voir la série à cause des mèmes.... mais finalement on est resté. Alors certes, bébé Yoda ne fait pas grand chose et la série ne le cache pas : c'est un macguffin vivant : Toute la série tourne autour du fait que Mando le protège et qu'une partie de l'Empire le recherche.

Le coup de génie, c'est d'avoir repris une marionnette comme à l'époque. Celle-ci est incroyablement expressive et les moments où bébé Yoda apparait sont comme un peu de fraicheur et de naïveté dans ce monde de brute. (Ce qui est dingue venant de quelqu'un comme Favreau qui est connu pour avoir fait un film en CGI plus vrai que nature. Apparemment il voulait en faire un truc en CGI et la légende raconte que c'est Werner Herzog qui a gueulé en disant qu'il fallait garder l'animatronique. Merci Werner.) Pour le coup les effets spéciaux sont impeccables (en dehors de quelques détails comme les grosses montures du premier épisode) et on sent que les mecs se sont fait plaisir avec leur nouvelle technologie d'écran à LED pour offrir des grands espace bien éclairés ou des villes chelous sans que ça n'apparaisse fake.

Alors, oui, niveau scénario, ça casse pas des brique : c'est souvent des histoires de missions à remplir, de poursuites, de vengeance et les épisodes sont résumables avec les superbes artworks de fin d'épisodes. Mais ça fait du bien à la franchise de revenir sur quelque chose d'aussi terre à terre, notamment lorsque les personnages sont bien plantés : le Mandalorien est mystérieux à souhait, les personnages qu'ils croisent sont bien typés aussi. On en revient à un truc que j'aimais bien dans les productions des années 80 : on a l'impression que les personnages ont eu une vie avant la série et on ne nous l'explicite pas ouvertement. Surtout qu'ils arrivent à créer leur propre mythologie au sein de l'univers star Wars : inventant un ordre des Mandalorian et créant tout un mystère autour de la race de Yoda.

On ne s'ennuie jamais, les scènes d'actions sont plutôt bien foutu, et la série offre de moment assez drôles (j'aime bien ces Stormtroopers qui pour passer le temps glandouilles et tentent de tirer sur une boite de conserve... et la loupent) au milieu d'un univers véritablement travaillé.

Bref, The Mandalorian est un pur truc de fans de Star Wars qui ont réussi à se créer un truc à de leur côté au point qu'il aura réussi à piquer la vedette au Star Wars IX. Hé bah.

Avis sur la saison 2 : Le retour de l'univers étendu

Ca reste toujours aussi bien et dans la lignée de ce qu'avait établi la première saison : beaucoup d'influence sur les films d'actions, les westerns, les films de guerres et les films de genre (une partie d'un épisode est vaguement inspiré du Salaire de la Peur, c'est dire) et on peut voir des influences à tout y compris Star Wars.

Et pour le coup, ils offrent pas mal de trucs issues de l'univers de Star Wars et c'est limite si chaque épisode ne nous en réintroduit pas uns : l'armure de Boba Fett, le sabre noir, l'amiral Thrawn (évoqué) ....

Idem, il y a pas mal de réintroduction de personnages de la première saison venue rejouer dans un épisode ou deux ce qui donne une certaine cohérence à l'univers et permet d'appuyer l'idée que le monde de The Mandalorien fait sa vie de série un peu plus dark au sein même de l'univers de Star Wars.

Là, où je ne suis pas super chaud, c'est pour la suite.... puisque la série met en place des ponts vers... 3 séries spin-off. TROIS ? C'est exactement la même histoire qu'avec le projet The Defenders : (les 4 séries Marvel développées par Netflix) après le succès d'une série bien foutue avec des créatifs très impliqués dans leur boulot, on décide de délayer l'univers en créant des séries sur d'autres personnages tournant dans le même univers... ce qui crée des "séries pretextes" qui en elles même n'ont pas vraiment de raison d'exister. Et en prime Rosario Dawson joue un des personnages lien !!

Du coup, je ne sais pas quoi faire de l'annonce de Ahsoka, The Book of Boba Fett, et Rangers of The New Republic. Ca a même un peu dégonflé mon envie de suivre l'éventuelle saison 3 de The Mandalorien en plus de me rappeler que je n'ai jamais regardé les dessins animés Star Wars auquel l'univers est rattaché.

Saison 3 : Le retour de l'Ordre :

Bon, cette saison 3 commençait avec un gros problème : il fallait avoir vu les 3 derniers épisodes du Livre de Boba Fett pour comprendre quelque chose. Mais l'avantage, c'est que comme tout est sur la même plateforme, au fond, c'est un peu comme si la saison 3 du Mandalorien avait eu 11 épisodes au lieu de trois et qu'un épisode était passé à regarder une insurrection dont on connait peu de choses.

Et au final, que dire de cette saison 3 sinon que oui, ça se regarde toujours bien. Alors, certes, ça tâtonne un peu au début, mais finalement, il y a une thématique qui se dégage assez vite : le retour des mandaloriens... sur Mandalore, en fait. Avec une Kathy Sackhoff en Bo-Kattan qui au final aura eu autant de temps d'antenne et d'importance que le personnage Din Djarin.

Et après trois saisons, j'arrive enfin à comprendre où Jon Favreau veut en venir, notamment lorsqu'on voit qu'il y a une thématique commune avec celle du Livre de Boba Fett : Le retour de la civilisation. Dans Boba Fett, c'était Boba qui était chargé de remettre un peu Tatooine en ordre et de faire en sorte que la ville ne soit plus en proie aux différentes mafias, et ici, c'est l'ordre des mandaloriens, que l'on pensait disparu, qui décide de se remettre en place.

C'est assez intéressant, vu que ça offre enfin un angle mort que je rêvais de voir en tant que fan mais que la postlogie ne m'a pas offerte : l'instauration de la Nouvelle République. Comment instituer un nouvel état après plusieurs décennies d'un empire tyrannique ? Et pour le coup, j'ai bien aimé l'épisode 3 qui se concentre sur un ancien scientifique impérial qui tente de s'habituer à la nouvelle république. Certes, ça lorgne plus vers Black Mirror que Star Wars, mais en tant que fan du lore de la saga, j'ai vraiment bien aimé.

Bon, on sent qu'au font, les créateurs avaient super envie de montrer l'ordre Jedi se remettre en place, mais qu'étant donné la chute de leur ordre quelques décennies plus tard, ça serait tout juste déprimant. Et qu'au final, avec les mandaloriens, il y a tout un tas de terrain vierge hyper intéressant. Ce qui a d'ailleurs pas mal plus au public, à voir les cosplay de plus en plus présent, de mandaloriens au milieu du fandom de Star Wars.

Ha, et petit bonus : l'épisode 6 est dirigé par Bryce Dallas Awards et possède en acteur secondaire Jack Black, Lizzo et... un Christopher Lloyd qu'on avait pas vu dans des films depuis belle lurette. Donc voilà, c'était un peu un fantasme de fan de voir Doc dans Star Wars (ce qui risque d'être le dernier rôle de sa vie, faut pas s'en cacher) en plus de compléter le CV bien rempli de Jack Black (la même semaine où sortait le film Mario.)

Donc voilà, je pars assez confiant pour une potentielle saison 4 dans deux ans, qui reviendrait plus sur un format "un épisode = une mission." Et ça, c'est chouette.