"On a l'impression d'être en plein trip sous LSD, à 3h du matin au milieu d'un salon jonché de bouteilles de bières et de mégots, et d'assister à une discussion de gens qui refont le monde, planant sous acide. Sauf que là, on n'est pas vraiment sous LSD et le trip, vu de l'extérieur, est juste épuisant." Voici ce qu'on peut lire à propos de cette série, dans un article de Charles Martin, sur le site de Premiere.
C'est vrai. Cette série est étrange les premières fois. Tout est trop, on comprend rien. Les personnages ont l'air très complices alors qu'ils viennent juste de se rencontrer, ils parlent de trucs importants sans contexte tandis que les dessins sont très envahissants et semblent indépendants de la narration...
Exact. Faut savoir que Ducan (celui qui joue le personnage principal) c'est un gars qui a sa propre chaîne de podcast, The Duncan Trussell Family Hour, où il interview plein de gens chouettes et très différents: des réalisateurs, des philosophes, des gens qui font des métiers liés au spiritualisme, et des gens pas connus comme les membres de sa famille.
Pour faire cette série, ils ont pris des bouts de podcast. Oui, c'est pour ça que les personnages ont l'air de déjà se connaître, et oui, c'est pour ça que parfois il nous manque le grand contexte des phrases.
Une fois qu'on a compris ça, et qu'on a jetté un coup d'œil à son site internet (http://www.duncantrussell.com) on saisi rapidement l'univers dans lequel on veut nous envoyer.
The midnight gospel n'est pas une série qu'on consomme. C'est une sorte de création artistique intime entre des gens qui parlent de trucs fous et des gens qui dessinent des trucs fous. Faut regarder un épisode comme on écouterait un podcast. Faut se poser, écouter et se laisser emporter par le flot. Tien, c'est ce que nous conseille la mère de Clansy d'ailleurs (ou la mère de Duncan ?). C'est même ce que nous conseille l'œuvre entière: cette série c'est le serpent qui se mort la queue.
Clansy fuit sa réalité dans un simulateur, pour écouter des gens lui parler de la réalité. Il y a toujours cette ambiguïté avec le 4ème mur (quand les personnages appellent Clansy Duncan par exemple) qui nous rappelle bien que nous aussi on fait parti de cette simulation.
D'ailleurs, au début Clansy n'a pas l'air de bien écouter ce qu'on lui dit, un peu comme nous. Puis il tend mieux l'oreille, nous aussi, et les épisodes deviennent plus accesibles. Les dessins deviennent très métaphoriques, une trame se met en place, les conversations commencent à nous toucher. Bref, c'est bien fait.
La fin est sincèrement émouvante. C'est beau quand on apprend à écouter.