Je n'en suis qu'au premier épisode vraiment excellent.
Un exercice de maïeutique tout ce qu'il y a de plus apaisé entre le héros, en simple visite interdimensionnelle, et le président d'un pays en plein climax d'une attaque de zombies.
C'est ainsi, à chaque épisode, une rencontre avec un nouveau personnage dans un nouveau monde, en une sorte d'interview qui vire carrément à la discussion libre, en l'occurrence sur le sujet chaud de la légalisation de la marijuana.
Le président, clairement du côté de l'honnête, répond aux questions du visiteur en essayant d'être le plus transparent sur ses véritables convictions, mais aussi sur ce qu'il juge préférable suivant les éventuelles circonstances imaginables.
Si l'on m'écrase la gueule sur un miroir et que l'on me force à prendre position, je dirais : oui, legalisons la drogue... Mais ça dépend des circonstances...
Tous l'exercice de la maïeutique ici présente consiste à organiser une discussion sans fil rouge réel, simplement un fil tenace.
Pour réfléchir à la drogue, chacun fait le point sur ses propres expériences, en essayant de les articuler sur celles de l'autre. Et aussitôt s'articulent des métaphores quasi involontaires, des concepts spirituelles, et des raisonnements philosophiques, dans une sorte de disposition réciproque à lâcher parfois le bébé pour que l'autre puisse le tenir un instant.
Cette disponibilité passe, on le voit très vite, par une bienveillance réciproque proche de l'affabilité, qui pousse bien entendu au comique, d'autant que les zombies attaquent de toutes parts.
Elle passe aussi par l'acceptation de perdre encore et encore les problématiques qui semblent germer, puisque le pouvoir d'évocation conditionne l'articulation autant que la logique, sans retour sur le chemin parcouru.
C'est, d'ailleurs, peut-être la seule analogie qu'il est possible de faire avec les circonstances réelles de l'épisode (une attaque de zombie complètement déjantée), c'est à dire que les personnages, absorbés par la discussion, passent d'une scène d'action à une autre, sans manifestement se donner un objectif précis, ni regretter ce qu'ils laissent derrière.
Encore une fois, on rigole beaucoup à contempler un géant qui mange la maison blanche, tandis que par le truchement du bouddhisme, le président relie explicitement l'expérience de la fumette à la phénoménologie, et même, implicitement, à la clairière de l'être de Heidegger.
Autre analogie : entre deux massacres sanguinolents, nos deux héros se payent le luxe de faire accoucher une femme dans une piscine (de manière également sanguinolente) ; puisque la maïeutique, pour rappel, designe l'acte de faire accoucher l'autre de ce qu'il n'arrivait pas à dire (et même parfois du contraire de ce qu'il voulait dire... sacré Socrate) mais aussi l'art sacré de la sage-femme, qui fait accoucher au sens littéral (pour ne pas dire propre).
Sinon foin d'analogies exactes entre les circonstances et le dialogue, seulement disons des échos, qui viennent renforcer l'aspect joyeusement chaotique du tout, et prendre à revers même nos attentes dans un jouissif twist final.
Je recommande grave. Hâte de découvrir les épisodes suivants, et peut-être même de reprendre avec modération cette bonne vieille voie des volatiles perceptions.