The Mindy Project, c'est la série comique américaine la plus drôle que personne ne regarde. Soyons honnêtes un instant : ses scores d'audience aux États-Unis étaient plus que médiocres avant qu'elle ne soit annulée, et elle subsiste désormais sur un service web (Hulu), mais la série tient le coup et remporte un certain succès critique - et c'est tant mieux. Parce que Mindy dépasse ses consœurs des épaules et de la tête.
Pour ceux qui ne connaitraient pas le pitch de cette série, il s'agit de la vie d'une obstétricienne un peu greluche (la Mindy du titre) au sein d'un cabinet médical, avec ses deux collègues masculins bogosses, l'infirmier maladroit et les secrétaires totalement perchées. Le plus, c'est que Mindy est incarnée par la très talentueuse Mindy Kaling, qui porte aussi la double casquette de créatrice et scénariste de la série. Si je vous dis qu'elle a fait ses gammes dans un second rôle puis dans l'équipe des auteurs de The Office, ça donne le ton : elle est vraiment drôle.
Discutons rapidos de l'importance de ce show dans le monde étriqué de la série télé : Mindy suit les péripéties d'une femme d'origine indienne (une minorité clairement sous-représentée dans la fiction audiovisuelle ou alors cantonnée à des rôles clichés), loin des canons de beauté classiques (Mindy est sexy mais a un petit bidon et de bonnes cuisses, en bref Mindy n'est ni Zooey Deschanel, ni Colby Smulders, ni Jennifer Aniston) et surtout qui exerce une profession hautement qualifiée (soulignant une véritable réussite sociale, loin des histoires de trentenaires / quadras cools un brin branlos qui peuplent les comédies US - je ne citerai pas de nom). Concrètement, c'est rafraichissant.
Après quelques difficultés de départ pour prendre ses marques, le projet a joliment évolué au cours de la première saison et a véritablement trouvé sa voie lors de sa seconde année à l'antenne. Portée par un sens inné de l'auto-dérision (le personnage principal peut paraître futile, manquant de réflexion ou de logique, parfois même con-con), une alchimie fantastique entre les personnages (en particulier le binôme Danny/Mindy) et une jolie galerie de trognes déjantées dans des seconds rôles (Morgan toujours énorme, Peter jolie addition au casting), la série est naturellement drôle sans jamais perdre de son originalité. Et je ne peux m'empêcher d'être frustré devant le succès continu d'un New Girl gentillet mais qui n'a plus de new que le nom, à l'heure où Mindy peine à survivre.
Enfin, l'un des charmes principaux de la série, dans un contexte sociétal où le cynisme est roi, c'est surtout son romantisme constant. Mindy cherche le grand amour (et galère grave) et possède toutes ces idées pré-conçues sur ce qui doit arriver dans une relation, la faute à des années passées à mater des comédies romantiques cultissimes. Elle cite régulièrement des personnages ou des célébrités comme un thésard en philosophie vous expliquerait Kant et Schopenhauer, et c'est un régal pour tout féru de pop culture qui se vaut.
En bref, The Mindy Project, c'est la comédie qui devrait cartonner mais pêche sur sa cible : là où How I Met Your Mother ou Friends ratissaient large, l'ex-série de Fox (maintenant chez Hulu) semble ne plaire qu'aux femmes entre 25 et 40 ans. Dommage, car il y a bien plus chez Mindy que des questionnements sur la vie de Kim Kardashian ou des remarques déplacées sur la taille des seins de son héroïne. En filigrane, on trouve par exemple de nombreuses références à un racisme devenu normatif ou une remise en question constante de la place des femmes dans la société sur tout un tas de thématiques (sexe, relations amoureuses, amitié, influence des médias sur les attentes, etc.). En fait, si le personnage de Mindy est la star de la série, c'est avant tout parce qu'elle est comme nous : souvent à côté de la plaque, pleine de défauts charmants et d'habitudes dérangeantes, foncièrement rêveuse. Mindy, c'est au final un shot d'optimisme qui fait du bien au cerveau et au cœur.