La vie est belle

Thèmes : Couple / Famille / Deuil / Fantastique
Romance : 40 % / Bromance : 20 % / Paternalisme : 0% / Féminisme : 70 % *

Arrogant et ambitieux, Song Hyeon-cheol est devenu le plus jeune directeur de la banque Shinwa. Il habite une belle maison avec son épouse Seon Hye-jin et ses deux enfants. C'est un homme froid et détaché. Il est dur avec ses employés comme avec sa famille. Hye-jin a même l'intention de lui demander le divorce.

Dans une partie beaucoup plus modeste de la ville vit un autre Song Hyeon-cheol, du même âge que lui, lui aussi marié et père de famille. Cuisinier, il vient de reprendre un restaurant. Alors qu'il se rend à la banque Shinwa afin de solliciter un prêt, il est éconduit : selon les fichiers, il serait déjà en possession d'un prêt, ce qu'il ne comprend pas.

Quelques heures plus tard, les deux Hyeon-cheol sont accidentés dans un carambolage. Commettant une erreur, le messager Ato emporte l'âme du cuisinier alors que seul le banquier devait mourir. Comprenant qu'il s'est trompé, Ato renvoie l'âme du premier (dont le corps vient d'être incinéré) dans le corps du second. En pleine séance au funérarium, voici notre cuisinier qui se réveille dans une enveloppe qui n’est pas la sienne... Passé le choc de cette résurrection, n'étant pas entendu par sa famille, il est obligé de faire avec cette nouvelle identité et cette nouvelle famille...

Je viens de terminer cette série que, me semble-t-il, personne ou presque n'a vu. Ce qui est fort dommage (mais peut-être est-ce en partie dû au fait qu'il n 'a pas pour interprète principal un des jeunes beaux gosses du monde du kdrama !). Parce que, oui, les acteurs principaux sont tous quarantenaires.

Alors c'est un très beau drama assez mélancolique, assez drôle aussi. L'histoire se met en place autour des trois personnages principaux que sont Hyeon-cheol et ses deux "épouses". Le personnage de Hyeon-cheol est vraiment magnifique, déchiré entre ses deux familles, souhaitant être fidèle à l'une comme à l'autre.

La série repose beaucoup sur l'interprétation de Kim Myung-min qui est formidable. C'est impressionnant de le voir jouer ce personnage qui change au fil du drama. Lorsqu'il est banquier, il est radicalement différent de lorsqu'il est cuistot. C'est assez fou : son visage, son regard, sa voix, ses intonations, sa façon de marcher et de bouger sont différents. Il suffit de le regarder pour savoir qui il est à ce moment-là. Et peu à peu,

Et c'est émouvant de voir l’acteur interpréter de personnage double. KMM est vraiment un grand acteur.

Les deux actrices (Kim Hyun-joo et Ra Mi-ran) sont elles aussi magnifiques. Les personnages sont tout sauf des victimes. Elles sont blessées mais fortes, intelligentes, indépendantes, déterminées. Ra Mi-ran incarne cette veuve soutien de famille, cette maman à la fois mère, père et fille, hautement fusionnelle avec celui qu’elle a perdu et dont elle était l'amante, l’amie et l’égale. Elle est vraiment lumineuse et moderne. Kim Hyun-joo a davantage l’emploi de la femme coréenne plus traditionnelle, épouse soumise mais désirant s’émanciper d’un homme qu’elle n’arrive plus à aimer, et qui sait faire preuve de volonté (elle travaille contre l’avis de son mari). Ce sont deux très beaux personnages qui donnent à la série un ton clairement féministe.

Le personnage du banquier incarne au départ le connard paternaliste de base, ne voyant son épouse qu’à travers sa fonction utile (c’est à dire qu’elle n’est plus pour lui que la mère de ses enfants et celle qui s’occupe de la maison et de la bouffe). Évidemment, l’incursion de notre adorable cuistot dans son corps va changer le personnage et le rendre hautement plus sympathique et plus à l’écoute de Hye-jin et de ses enfants...

Détail significatif : dans les dernières minutes de la série,

La série parle de la famille. Elle confronte deux familles différentes dans bien des aspects : une modeste mais follement chaleureuse et unie, et une autre très aisée mais désaccordée et finalement assez malheureuse. Les deux familles vont être fortement impactées par les événements de l’histoire et en souffrir. Alors bien sûr, celui qui souffre le plus, c’est tout de même Hyeon-cheol : en effet, comment un homme peut-il se partager entre deux familles, deux femmes ? Il est très émouvant ce personnage (grâce à son interprète en premier lieu) : il est constamment sur le fil du rasoir, il est pris entre deux feux, il est perdu, il doit apprendre en permanence, faire face à des nouveautés tout le temps et il est obligé de se retenir souvent face à ses proches… Et au fur et à mesure que le temps passe, que l’attachement se fait,

il va avoir de plus en plus de mal à savoir comment réagir, comment choisir… Et le spectateur avance avec lui. On a les mêmes hésitations, les mêmes dilemmes. C’est assez déchirant.

La série évoque également la pression sociale sur les épouses, mais aussi sur les employés dans le monde du travail (certains agents de la banque sont maltraités ou soumis à des pressions psychologiques) et sur les enfants (à travers le personnage de Min-ho, la fille cadette du banquier, qui triche aux examens pour atteindre l’excellence que son père exige)...

Elle parle aussi forcément du deuil à travers la famille du cuisinier Hyeon-cheol et les personnages de sa femme, de sa fille et de son père. Ces trois là restent fortement unis jusqu’au bout, partageant ensemble la mémoire de celui qui était leur quatrième mousquetaire...

Il y a un petit côté Capra dans ce scénario qui nous parle d’intervention divine et d’ange gardien qui essaie de réparer les dégâts (car c’est ce que le personnage d’Ato tente de faire). Il est amusant de noter que, de part sa bévue du départ,

J’ai beaucoup aimé le côté mélancolique de l’histoire, mélangé à beaucoup d’humour (les personnages secondaires, mais aussi les premiers moments de Hyeon-cheol dans son nouveau corps : KMM est aussi excellent dans la comédie) et le côté fantastique du drama. J’ai adoré le déchirement du personnage entre ses deux familles et l’évolution de la relation entre Hyeon-cheol et Hye-jin. J’ai aimé aussi que l’on découvre peu à peu le personnage du banquier (forcément moins simpliste qu’on imagine au départ) : le scénario le révèle petit à petit...

C’est une série émouvante et rafraîchissante avec de formidables comédiens. Et c’est aussi agréable de suivre des personnages un peu plus matures pour une fois dans une série coréenne. Donner à des acteurs de plus de quarante des rôles principaux, donner des enfants adolescents à leurs personnages et leur faire vivre un triangle amoureux original, ça change… La musique et la chanson principale sont également super belles et viennent renforcer le côté un peu spleen de l’histoire et son humanisme. Un beau récit de vie intimiste et de voyage intérieur.

*Voir page d'accueil de ma liste pour plus d'explications : https://www.senscritique.com/liste/Kdramas_vus/2850094