Paolo Sorrentino nous offre une œuvre singulière sur la manière cinématographique de traiter de l'Église catholique. Cette série est une fiction où le Vatican gangrené de toute part finira par exploser ou se remodeler (il ne faut pas spoiler). Il s'agit principalement d'un drame, le sujet est pris sérieusement et les enjeux sont lourds, mais il aborde la série par le prisme de multiples genres.
On voit le premier pape qui fut élu était sûrement un capucin de l'ordre des franciscains (pauvreté et chasteté) et qui dénote fortement avec l'image récente du Vatican ce qui tend vraiment des moments vers la comédie. Des scènes extrêmement sérieuses s’interrompent par une farce qui rompt totalement avec l'ambiance imposée (ex Voiello qui tente de convaincre les cardinaux et la merde d'oiseaux, le pape François 2 qui se fait voler son texte par une colombe lors de sa première homélie).
Il emploie aussi le fantastique ce qui est très intéressant puisque les miracles, le Saint-Esprit et les Deus ex machina font leur apparition (désolé pour les religieux, mais je prends ces actes pour du fantastique).
L'acting est impeccable et la narration est remplie de symbolisme visuel et de pensée philosophique, théologique sur Dieu, son Église et la vie en général. Ses idées sont souvent remplies de grande sagesse. Il fait aussi de son œuvre une série misérabiliste.
Les réfugiés, enfant mal formés, orphelins, souffrants, doivent être la priorité de l'Église. La "pute" est une sainte, Girolamo est doté d'une âme pure, les réfugiés sont perdus et les orphelins méprisés par certains hommes de foi. Cela pourra paraître niais pour certain dans mon cas ça ne m'a pas déranger.
Les décors sont superbes et les images sont impressionnantes de beauté. Une imagerie novatrice dans le contexte ecclésiastique est utilisée avec les néons et les couleurs flashy dans quelques scènes. Elle est en accord avec la révolution des mentalités et les musiques aussi sont choisies pour casser l'aspect solennel de la sainteté.
Une réalisation très bonne, des mouvements de caméra magnifique et fonctionnels (ex, caméra qui tourne sur elle quand les cardinaux sont déboussolés). Seul défaut pour ma part, j'aurais aimé que les moments difficiles à voir soit montrées, que le sang soit vu, que les choses immorales ne soit pas caché par un effet de mise en scène (même si grâce à cette "censure", il est seulement déconseillé au moins de 12 ans). J'aurais voulu être choqué par cette série en plus des autres émotions que j'ai ressenti.
Au final, nous avons une série ambitieuse bien réalisée avec de bonnes performances, un style reconnaissable. De très bons moments à savourer religieusement.