Il y a de quoi être partagé ! Moi qui n'aime pas les films à thèses j'ai été servi. Sorrentino a dû se taper un gros chagrin d'amour pour prendre ainsi le contrepied des surréalistes ou de Bergman en affirmant que l'amour fou (quel que soit l'objet de cet amour, y compris l'amour de Dieu) est dangereux et mène à tous les excès y compris au fanatisme. Remarquez, ça se défend, encore faut-il que ce soit illustré avec brio et sur ce point je reste circonspect. Il y a aussi des réflexions sur le pouvoir, sur l'hypocrisie, sur la communication, qui elles, ne sont pas nouvelles. Bref beaucoup de choses sans que ce soit toujours maîtrisé clairement. Parlons de la forme, il est quand même curieux que très rares sont ceux qui ont souligné l'extrême lenteur et les longueurs du film, si on supporte les logorrhées verbales des premiers épisodes par curiosité, à partir du septième ça devient gavant et carrément ennuyeux, beaucoup de dialogues sont excessivement théâtraux, on ne se coupe la parole, on fait un blanc de 20 secondes avant de répliquer… De nombreuses séquences sont effroyablement longues, même répétitives comme celle où Jude Law essaie de faire un miracle… Alors Sorrentino tente de se rattraper en déballant touts sa grammaire cinématographique, Et vas-y pour le traveling, le mouvement de grue, le panoramique et tutti-quanti. C'est bien mon gars, tu sais filmer, mais encore faut-il que toute cette démonstration serve le propos et n'apparaisse pas comme gratuite. Alors évidement tout n'est pas négatif, loin de là, on peut apprécier le côté iconoclaste, la beauté des scènes de nus, le côté baroque avec des plans étonnants, la musique complètement décalée, et puis il y a les acteurs, John Malkovich est impérial à ce point qu'il arrive à faire passer la pilule grâce à sa diction particulière et son charisme indéniable. Silvio Orlando nous fait une prestation étonnante et puis côté féminin Cécile de France et Ludivine Sagnier savent nous charmer de la plus belle façon dans l'épanouissement de leur quarantaine. Je n'en dirais pas autant de Jude Law, son côté kéké de la plage finissant par m'agacer, mais sur ce point je dois manquer d'objectivité. Quant aux guests-stars sans doute invités à faire du remplissage, il faut bien admettre que si Sharon Stone s'en sort admirablement, Marylin Manson est pitoyable. En fait cette série souffre d'une ambition démesurée, peut-être qu'en la réduisant au format film, 2 heures au lieu des 8 que dure les 9 épisodes, aurait-on eu quelque chose de moins dilué, de plus incisif ? Même pas sûr !