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Le public populaire américain a mis, sans doute à raison, quelques saisons à accepter The Office dans son living-room. Il faut dire que la série partait handicapée : remake d’une production britannique, concept méta à la fois nouveau et un peu trop dans l’air du temps, quelques gags laborieux, des personnages centraux qui jouent sur les extrêmes et des débuts mal financés. Un projet bancal qu’on aurait, moi le premier, pu considérer comme mort dans l’œuf et qui a d’ailleurs, ne trouvant pas son audience, failli prendre fin à mi-parcours.
Le choix d’orienter son thème sur la vie quotidienne des protagonistes n’est pas révolutionnaire. Pire, il est beaucoup trop fréquent. Un discours réchauffé qui existe depuis les sitcoms à succès originelles type Seinfeld et Friends, où les personnages sont censés surfer sur un genre de « normalité améliorée » : la vie pas trop chiante qu’on voudrait et qu’on touche parfois du doigt sans jamais bien s’y ancrer. Parce qu’il faut non seulement que le spectateur s’identifie, voyez-vous, mais qu’en plus il y trouve une inspiration supérieure, un petit bout de rêve de temps en temps, c’est la clé de la réussite.
The Office est un client, assumé et surconsommateur, de tous ces poncifs désagréables. Alors qu’est-ce qui a bien pu en faire un triomphe pareil ?
Je viens de finir mon troisième visionnage (dont deux en moins d’un mois, je m’emmerde) et ne suis toujours pas certain d’avoir la réponse. Ce qui est sûr, c’est qu’il y a quelque chose de particulier dans cette manière de peindre la routine d’une petite compagnie lambda. La ligne humoristique est évidemment là, en permanence, à travers les pitreries de Michael et Dwight, la débilité légère de Kevin, la crasse de Meredith ou les dingueries de Creed. C’est très drôle, parfois hilarant, et c’est déjà pas mal. Mais trouver une troupe de joyeux rigolos prêts à faire les cons toute la journée n’est pas compliqué, et ne suffit pas à élever le débat.
Non, l’essence de la série est ailleurs. Je parlais plus haut des clichés qui, par le bas, nivellent le petit écran depuis des décennies et n’en sont pas à leur première victime (The Big Bang Theory et How I Met Your Mother, pour citer les chutes les plus récentes). La différence ici est que les créatifs ont, sans doute animés par leur choix conceptuel de la mise en abîme, mieux conscience des stéréotypes et réussissent à en jouer. Le résultat est extraordinaire : les fadaises, qui sont légion, s’effacent sous le poids émotionnel que prennent les personnages sur la durée ; sous les gestions expertes des relations entre Jim et Pam, Dwight et Angela, Michael et le sens de la vie ; sous la nostalgie sentimentale qui nous appuie sur le cœur depuis la cinquième saison jusqu’à l’oignon cathartique (et franchement merveilleux) qui sert d’épisode final.
Il suffit d’un rapide tour du web pour s’en rendre compte : ces acteurs-là ne sont plus tellement dans leurs rôles, beaucoup y lancent leur carrière et finissent par fusionner avec leurs personnages. Une bande de potes, complices, qui s’invite sur mon écran et que j’accueille avec plaisir. Parce que je sais que je vais me marrer, certes, mais surtout que je vais pouvoir mettre un peu d’eau dans la vinasse de mon existence. Je ne les en remercierai jamais assez.
Créée
le 28 juin 2023
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