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Michael Scott est un con. Du genre à tenir des propos misogyne, homophobe ou raciste sans même réaliser les énormités de ses propos, un sourire jusqu'aux oreilles. Et pour couronner le tout, à...
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le 15 mai 2010
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Nous sommes en 2005, une dizaine d'années avant l'avènement des plateformes de streaming partout dans le monde. Friends, Malcolm in the middle ou encore Kaamelott sur notre territoire deviennent inconsciemment les figures de proue d’un registre comique propre à la série télévisée : la sitcom.
Se faire une place sur ce marché en plein essor semble compliqué, tant les productions diverses et variées se multiplient à travers le monde. C’était sans compter sur le génie de Ricky Gervais, humoriste éminent de l’autre côté de la Manche (que je vous invite à découvrir dans un autre registre dans la série After Life), qui co-créé avec Stephen Marchant la série The Office, qui s’exportera rapidement aux États-Unis après une version britannique prometteuse.
The Office U.S, diffusé sur la NBC, se veut être un documentaire réaliste sur le quotidien d’une dizaine de salariés travaillant chez Dunder-Mifflin, une entreprise spécialisée dans la vente de papier. Au coeur de cette équipe unique en son genre, on découvre rapidement la personnalité de chacun de ses membres : Michael Scott, un patron oisif et profondément sensible, occupe son désoeuvrement en embêtant ses propres salariés, de sa secrétaire à son officieux sous-directeur, en passant par son ennemi juré au service des ressources-humaines.
La force de The Office réside d’abord dans son casting. Steve Carell livre une prestation d’anthologie dans la peau d’un personnage qui lui colle à la peau (si bien que quand il enfile un costume dans Café Society (2016) de Woody Allen, il est impossible de le prendre au sérieux), réussissant à devenir l’un des personnages les plus attachants de la série malgré son personnage on ne peut plus antipathique sur le papier. L’acteur rayonne par sa puissance comique, alternant entre une improvisation toujours bienvenue et des répliques légendaires (comment ne pas parler de ses “that’s what she said”?), et permet à Michael Scott de devenir un personnage cosmique, et surtout irremplaçable. L’une des meilleures performances d’acting que j’ai vue dans ma vie jusqu’à présent.
À ce gros poisson vient s’ajouter un casting haut en couleur, composé entre autres de John Krasinski, de Jenna Fischer, B.J Novak, Ed Helms ou Rainn Wilson (et je pourrais en citer une dizaine de plus, tout aussi talentueux, comme Craig Robinson ou Angela Kinsey...).
Chaque personnage s’empare d’une partie de nous, saison après saison, la réalisation ayant réussi à trouver le dosage parfait pour que chaque interprétation révèle une sensibilité propre à chacun de nos anti-héros. Ce dosage aide à saisir la rationalité qui se cache derrière chacune des actions effectuées par les protagonistes. Impossible donc de sauter les épisodes où de prendre la série en cours de route, tant l’aspect psychologique lié au vécu et aux peurs de chaque protagoniste a une place importante dans la série. L’apparition de guest sur des périodes parfois assez conséquentes apporte elle aussi de la matière à la série, où s’invitent pour ne citer qu’eux Idris Elba, Amy Adams, Jack Black ou Kathy Bates.
Il n’est pas rare de pleurer de rire devant The Office. Il n’est pas rare de pleurer tout court non plus. Cette série tourne autour de la compassion, de l’entraide dont peut faire preuve une petite communauté de personnes face aux aléas de la vie. L’autre force de The Office, c’est ça. D’avoir réussi à implanter de la magie en filmant des humains appartenant à la classe moyenne, sédentaires dans leur travail et sans réelles perspectives d’avenir. Loin du rêve américain et de toutes les prises de risques que ce dernier implique, ces salariés ont trouvé un confort dans un environnement caustique d’apparence, mais pourtant terriblement sain. Cette entreprise à taille humaine repose sur l’introspection individuelle pour le bon déroulement de la vie en collectivité. Cette ambiance, ces bruits de couloir,
ces moments d’euphorie ou de grandes tristesse. Dunder Mifflin est une représentation de la famille dans son sens le plus embarrassant, celle qui peut parfois nous faire honte quand elle parle trop fort en public, celle qui pose trop de questions quant à notre vie sexuelle, où celle qui ne lésine pas sur l’humour noir. Mais à côté de ça, cette famille à une capacité de soutien exceptionnelle, un sens du sacrifice hors du commun, et est capable de donner de l’amour à profusion, sans jamais compter. Ne cherchant jamais à être parfaite, ce qui se passe au sein de cette entreprise définit le terme famille dans son sens le plus noble.
The Office est une prouesse. Que ce soit au niveau de sa technique, de son montage volontairement saccadé qui permet à la série d’avoir son propre rythme, sans parler de ces zooms maladroits qui contribuent à son côté naïf, ou de sa forme, qui pendant 9 saisons, permet d’aborder avec beaucoup de subtilité des sujets majeurs de notre société comme le racisme ou l’homophobie, ce show, tu l’auras compris, ne s’arrête pas qu’à son aspect comique. Véritable usine à références, le nombre de Meme que tu trouveras sur internet quant à la série est tout bonnement impressionnant, et a contribué sans aucun doute à la popularité de cette sitcom.
Si il fallait lui trouver un seul défaut, c’est sans aucun doute ses deux dernières saisons, qui, bien qu’elles soient plus que correctes, ont tendance à moins se réinventer que les sept précédentes. La première saison, qui est aussi la plus courte, n’est elle non plus pas forcément révélatrice de la puissance de ce qui arrive derrière, alors, s’il te plaît, accroche toi, fais moi confiance, et laisse toi emporter.
À titre personnel, The Office a tout simplement pris une part de moi. Il ne se passe pas une semaine sans que je ne regarde un de ses épisodes, pas un jour sans qu’une vanne de la série me passe par la tête. Basé sur le malaise, l’humour de cette série me touche profondément, et elle est devenue un remède à tous mes maux, la série qui accompagne mes ruptures amoureuses, mes moments d’angoisse ou les périodes de solitude. Mais elle est aussi une série que je peux regarder à 5h du matin quand la soirée touche à sa fin, lors d’une soirée en amoureux ou quand je suis en famille.
Elle m’a arraché beaucoup de larmes, et m’a sans aucun doute fait grandir. Je te partage donc aujourd’hui un pan de ma vie, et tu te rendras vite compte qu’à une moindre échelle, quiconque autour de toi a regardé cette série en entier, a forcément une histoire à travers elle. Un chef d'œuvre.
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Créée
le 25 juil. 2021
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