Comment peut-on produire ce genre de série ? Je veux dire, comment peut-on trouver les fonds, mobiliser une énergie phénoménale, embaucher tant de monde et convaincre le diffuseur ?
Je comprends que la production audiovisuelle ne soit pas un creuset aux merveilles, que les temps sont durs, qu'il faut rationaliser les coûts, réaliser des économies d'échelle en ayant des objectifs mondiaux qui imposent le ciblage d'un certain nombre de dénominateurs communs. Mais pourquoi se lancer dans un parcours semé d'embuches sur des fondations aussi faibles que le pitch de cette pauvre série ?
Il y a quelques règles universelles, quelle que soit l'industrie. Et la plus significative, me semble-t-il, est qu'une chaine de production est toujours au niveau de son maillon le plus faible. Et c'est là que le bas blesse : ici, tout n'est que faiblesse. Je ne m’étendrai pas, d’autre l’on fait. Il s'agit clairement d'un énième épisode de "chair de poule" auquel on a agrégué un peu d’hémoglobine pour obtenir le 16+ et racoler des pré-pubaires. Véritable pillage organisé, cette première saison m'a fait penser au monde musicale qui joue régulièrement sur le jeune âge de ses auditeurs pour resservir les soupes cuisinées avant leur naissance.
La colorimétrie est acceptable. C'est à noter, car même l'ensemble des autres traitements post-prod et notamment les effets spéciaux sont ahurissants de nullité car cheap et trahis par un montage plus que bâclé. Rien ne fonctionne.
Ne blâmez pas les acteurs. Sur un plateau, on re-visionne les prises lorsque l'on doute. Le réalisateur précise ses attentes, parfois jusqu'au ton de la voix, puis on recommence jusqu'à obtenir un résultat sinon parfait, au moins crédible. Et c'est bien là le soucis de nombreuses production actuelles : pour créer une oeuvre attractive il faut éviter d'insulter intellectuellement le spectateur. Je pense notamment à "Stanger Things" qui n'a certainement jamais eu la prétention de s'élever au rang d'oeuvre majeure mais qui a su traiter chaque maillon de sa chaine au chrome molly. Wake up. Certaines productions vont jusqu'à se passer de dialogues, voir de scénario. Prenez un temps pour visionner "6 Underground" qui est une caricature sociologique du phénomène.
C’est toujours la même affaire. On veut plus avec moins. On trahit la loi d’équivalence énergétique : si l’on veut produire plus d’un joule avec moins d’un joule, c’est possible, mais c’est cher. Si l’on DOIT porter une mauvaise idée en image, il fait mieux embaucher les meilleurs pour espérer duper un quantité suffisante de spectateur et rentabiliser l’investissement.
C’est dramatique. Le niveau de qualité globale est en chute libre et les jeunes spectateurs n’auront bientôt aucun autre point de comparaison que ce que l’on leur aura toujours montré. Pourquoi ma mère, qui a passé 70 ans, ne peut pas être captivée par ces junk productions ? La réponse n’a rien à voir avec ses goûts. C’est parce qu’au cours de se vie elle a vu tellement mieux ! Mon fils de 6 ans, lui, adore « Dinosaur King », mais c’est à moi de lui proposer d’autres expériences. Et là encore, ça demande plus d’effort que de laisser tourner Netflix en boîte auto.
Allez viens, je t’emmène au ciné, on va revoir « Totoro ».