The hate is there, like dry leaves waiting on a spark.

Je n’ai pas (encore) lu le roman, mais cette mini-série est un petit régal. Plutôt bien rythmée, j’ai beaucoup aimé cette lente montée en puissance qui reflète assez bien ce qui s’y déroule, cet étau que se resserre de plus en plus sur les personnages, jusqu’à qu’on arrive à un point de non-retour. L’uchronie fonctionne très bien, d’une part parce qu’elle reste crédible et cohérente avec elle-même, se montrant inquiétante dans cette lente descente de l’Amérique vers le fascisme ; mais aussi, si on la met en parallèle avec l’histoire récente de l’Amérique et les similarités flagrantes et terrifiantes.

L’aveuglement de certains, l’inaction d’autres, l’injustice subie par les derniers, les dissensions qui se créent entre les personnages… On y retrouve tous les ingrédients qui font une grande uchronie, d’autant plus que ça reste assez intelligent dans la façon de mettre en place l’ensemble. La conclusion, au bout d’une escalade plus qu’oppressante, pourra paraître un peu abrupte et difficile de dénouer le vrai du faux (donnant tout son sens au titre), mais elle donne un ultime clin d’œil terrifiant à la réalité d’aujourd’hui.

Le casting est impérial : Winona Ryder, Zoe Kazan, Anthony Boyle, Morgan Spector, John Turturro sont tous magistraux dans cette série. Tout comme les autres rôle plus secondaires (ou ceux des enfants). C’est rare d’avoir un tel casting à un niveau aussi élevé de façon aussi équilibrée. De même que techniquement, c’est une réussite : la musique s’inscrit parfaitement dans l’ambiance générale, tandis que mise en scène et décors sont superbes, créant des plans efficaces et captivants, tout en recréant cette époque avec beaucoup de détails.

The Plot Against America est une mini-série qui joue à merveille sur les codes de l’uchronie, les comprend et les exploite à la perfection de bout en bout. La montée en puissance de l’intrigue au fil des épisodes qui se conclut dans une apothéose terrifiante en sera son plus gros point fort, mais elle en fourmille. Ce n’est pas un hasard qu’elle soit sortie juste avant une élection qui s’annonçait dangereuse.