Concept fort étrange que ce Premise de B. J. Novak. Coproducteur et scénariste si il faut encore le rappeler de l'excellente série The Office (US) dans laquelle il tenait également un rôle qui s'est effacé au fur et à mesure des saisons. Même si le personnage de Ryan avait certains très de caractères rigolos on sent que le jeune homme était plus à l'aise à l'écriture qu'à l'acting et en toute logique le voici donc derrière la caméra pour son propre show. Derrière ? Pas totalement puisque la série misant ENORMEMENT sur son nom, on le retrouve dans des petites pastilles d'ouvertures d'épisodes façon Hitchcock ou plus récemment Jordan Peele dans la nouvelle 4ème dimension (là aussi un coup d'épée dans l'eau). Et dieu que c'est bizarre.
B.J. intervient souvent moins de deux minutes pour ne pas dire grand chose, faire des faux rire séducteurs et.. c'est tout. Vraiment n'importe quelle série pourrait se permettre ça et ne le fait pas pour la simple et bonne raison qu'il n'y en a pas. Surtout qu'avec l'absence de la même formule en fin d'épisode ces apparitions ne disent donc rien, ne teasent rien, ne provoquent rien. Charlie Brooker aurait pu apparaître avant chaque épisode de Black Mirror mais les épisodes se suffisent en eux-même. Et c'est malheureusement là que le bas blesse, The Premise a un goût d'inachevé.
Pourtant au départ dur de se plaindre d'une formule de 5 épisodes de 30 minutes, le format 1h a ses avantages mais il autorise aussi de sacrées digressions et des ventres mous. Comme le sacrosaint 23 épisode de l'âge d'or des séries a provoqué bon nombre de fillers ou trames narratives insupportables. Une anthologie courte c'est donc la promesse d'aller droit à l'essentiel, de faire naître pleins de petites idées qui aurait certes pu donner des séries (typiquement Butt Plug y avait de quoi en faire une mini série pleine de flash backs, de confrontations etc) mais qui restent efficaces parce que courtes. Et en soit aucun des 5 synopsis ne part d'un mauvais postulat : la récupération de la cause raciale, des sextapes et de la virilité / le lobby des armes face à l'horreur des meurtres / la société du spectacle et la culture du sexe chez les jeunes / la validation sur les réseaux sociaux / vengeance et plug anal. Et pourtant, presque tout les concepts tournent en rond, finissent sans jamais vraiment se conclure ou restent trop en surface en se voulant pourtant très verbeux. Par exemple La ballade de Jesse Wheeler se permet de sacrés monologues sur notre société mais bien trop indigestes et ne poussant pas plus que ça le reste des réflexions ou de la mise en scène. Non au lieu de ça, les épisodes balancent des hot takes un peu sorties de nulle part (et qui du coup décrédibilisent un peu les personnages alors crées qui deviennent tous des monstres de philosophie) là où sent que Novak aurait pu faire un one man show ou pourquoi pas un livre.
Même visuellement la série manque d'ambition et se contente de nous servir tel quel ses idées. Le résultat c'est qu'on est jamais face à quelque chose de mauvais mais jamais très bon non plus. Le Commentateur reste peut-être mon épisode favori parce que très Black Mirror dans l'idée et surement qu'il a une des thématiques qui me plaît le plus mais comme tous, il me laisse incroyablement sur ma faim avec l'impression que la seconde partie de l'épisode doit arriver ou au moins que le showrunner va revenir nous donner quelques clés de compréhension. Je vois bien la volonté de laisser pantois et d'ouvrir le débat par exemple avec la fin choc de La Minute de Silence mais quitte à bien trop la citer : regardez ce que fait Black Mirror. L'excuse de la science fiction ne fait pas tout car on est pour moi sur deux brulots de la société moderne mais qui prennent des chemins radicalement différents.
Et c'est pénible car The Premise a un bon potentiel, de bonne punchlines et oui, des moments drôles. Mais on est face à une saison pilote qui je l'espère laissera peut-être d'autres épisodes bien plus aboutis, irrévérencieux et beaux.