Une série de détente super sympa

Adaptation "as usual" du manga du même nom, il s'agit d'une série humoristique en douze épisodes, sans réelles prétentions, mais qui fait son effet. Elle fait partie du genre "harem", mais sa légèreté ne bascule pas dans le ecchi et le fan service inutile. C'est vraiment par touches et à la marge. Les héroïnes n'en héritent que mieux d'une fraîcheur touchante.
Asocial, le héros vient d'une famille endettée qui se résume à lui, son père et sa sœur. Nous apprendrons par son père, qui a une coiffure de rebelle, que le héros Uesugi n'a pas tout le temps été un élève modèle, mais le passé nous est bien tenu secret tout au long de la série : même le manga en cours, deux à trois fois plus avancé, ne lâche pas le morceau. Donc, nous avons un brillant élève premier de la classe qui se contre-fiche des autres, qui n'est même pas poli, qui ne pense qu'à travailler. Avoir une petite amie, c'est une mauvaise chose puisque c'est foutre en l'air les plus belles années de lycée pour travailler. Il se félicite de ses calculs pour manger le moins cher possible et il a une dent un peu envieuse contre les riches. Et paf, dans la cantine, une nouvelle lycéenne est en train de s'asseoir à sa place solitaire habituelle, il veut la rembarrer, mais elle s'obstine, puis il voit qu'elle a une consommation d'enfant riche et gâtée. Du coup, bien qu'elle soit sympa et fasse tout pour établir une conversation agréable, il se comporte en goujat : elle l'nvite à partager son plat, il lui réplique que c'est normal qu'elle veuille partager puisqu'elle est en danger de grossir. Il a dû se croire très fin avec une telle réplique. Or, il apprend tout de suite après qu'il va être le professeur particulier de cette nouvelle élève et toucher pour cela un salaire inespéré, il apprend bientôt qu'en fait il doit donner cours à des quintuplées qui viennent de changer d'école pour des raisons d'échecs scolaires. Le problème, c'est que comme l'affaire est mal engagée avec la première qu'il a rencontrée, Itsuki, le groupe des cinq filles tend à se monter contre lui. En plus, elles ont un niveau extrêmement faible et se contrefichent d'étudier. Il va avoir du mal à réussir sa mission et pourrait être viré assez vite même. Mais, les cinq filles n'ont pas le même caractère : semblables physiquement, elles ont des coiffures et des goûts vestimentaires distincts. Le conflit s'aggrave surtout avec deux filles, Itsuki évidemment et Nino, celle qui se maquille les ongles. En revanche, il n'a aucun problème avec la gentille sportive, toujours bien brave, qu'est Yotsuba, aucun problème de relation s'entend, car, comme élève, elle a les résultats les plus faibles. Celle qui joue l'aînée a une chambre en foutoir et est également très prévenante, elle veut le bien des autres. Elle est enjouée, pense à l'amour et au cinéma en fille de son âge, mais préfère dormir que de travailler. Enfin, il y a la timide Miku, celle qui a les meilleurs résultats, qui passe soudain de l'hostilité à un désir amoureux qu'elle a du mal à avouer, mais que tout le monde remarque, excepté peut-être Itsuki. Par sa timidité et sa profondeur, Miku a une sensualité et un attrait certains, mais Uesugi aurait déjà craqué si elle était l'élue de son cœur nous semble-t-il. Et, à part Yotsuba, même s'il ne faut pas l'ignorer (elle sait très bien ce qu'elle doit faire pour mener sa barque, l'apparente bonne poire), les quintuplées, après une époque de conflit, vont devenir des rivales amoureuses, y compris Nino pour des raisons subtiles que je ne préciserai pas ici. Pendant ce temps, les progrès scolaires se font, mais trop lentement, et les périodes d'examen ne sont pas glorieuses.
Mais, ce passé qui ne nous est jamais dévoilé est source d'énigmes. Uesugi garde précieusement sur lui une photographie pliée en deux où, d'un côté, il y a sa tête avec une coiffure blonde de chenapan et de l'autre le visage d'une des quintuplées plus jeune, mais il ne s'en est pas rendu compte parce qu'il n'a pas regardé avec le spectateur l'album de famille des quintuplées quand il en a eu l'occasion. Un peu comme dans Nisekoi, le héros a un amour d'enfance secret auquel il tient et que, même si rien ne nous en est dit, il ne veut pas trahir. Laquelle donc des cinq filles était-ce ? Yotsuba a l'air hors course. La grande favorite est Itsuki vu les choix de la mettre en valeur de la série, talonnée par Miku. Nino pourrait créer la surprise, elle a ses chances. Ichika ne devrait pas l'emporter, mais jouera plus que Yotsuba les trouble-fêtes.
Y aura-t-il une sixième fille ? Ou bien ces filles ne sont-elles qu'une seule dans le jeu délirant de son imagination ? En effet, dans le premier épisode, il n'y a qu'une nouvelle élève dans la classe de Uesugi et il ne doit donner de cours qu'à une élève, il passe soudainement à cinq élèves. Seule Itsuki ramène Uesugi chez lui. Certes, après, nous avons des épisodes où les rencontres des cinq filles sont indiscutables, mais sait-on jamais ? En tout cas, s'il y en a bien cinq, il ne va pas pouvoir se marier avec toutes.
Or, la série manga comme la série animée commencent toutes deux par une scène du futur, le jour du mariage de Uesugi avec une fille aux cheveux rouges qui ne peut être qu'une des cinq sœurs. Il dort en attendant la cérémonie et il semble y avoir un échange contradictoire avec sa future épouse sur leur perception de leur première rencontre. On ne sait pas s'ils parlent du moment de la photo d'enfance ou de la rencontre avec Itsuki le jour où il est engagé comme professeur particulier. On pense qu'il s'agit d'Itsuki, mais on peut hésiter si ce n'est pas Miku ou une autre.
Pour créer une boucle, la série animée de douze épisodes, dont il faut fortement espérer qu'elle n'est qu'une première saison, se referme précisément sur cette projection dans le futur, mais sans la résoudre, toutes les interrogations demeurent. Il faudra au moins deux autres saisons pour que nous ayons la solution de tout ça, puisque la série s'arrête au vingt-cinquième chapitre d'un manga qui en compte près de quatre-vingt et qui est toujours en cours.
En attendant, l'histoire des progrès sentimentaux du héros et des cinq jeunes filles est remarquablement peinte dans une suite d'aventures très agréables à suivre, très drôles, avec un humour coquin et malicieux qui fait mouche, sans être lourd. Le psychologique prend bien le dessus sur les blagues à la con sur le désir sexuel, ce qui fait qu'on s'intéresse à l'intrigue.

Bonus :
Une petite remarque sur le sous-titrage. Dans un épisode, Miku joue à interroger Uesugi sur les seigneurs de la fin du Japon médiéval, autrement dit sur les daimyo de l'époque Sengoku. D'ailleurs, elle porte sur son portable le blason des Takeda, quatre losanges, blason célèbre qu'on voit aussi sur les bannières au début de l'opening de la série Dororo de 1969. Pour les Japonais, il y a une bataille célèbre entre Uesugi Kenshin et Takeda Shingen où les experts ne tranchent pas lequel des deux a gagné. Les deux adversaires se respectaient. Ceci est intéressant à savoir quand on a le petit jeu entre notre héros qui s'appelle Uesugi et Miku qui s'identifie à un Takeda, et en plus à celui qui est légendaire face à Uesugi Kenshin, celui qui a inspiré par exemple le film Kagemusha d'Akira Kurosawa. Or, lors du jeu, j'ai été surpris de voir naître un Hideyoshi Nobunaga qui aurait été non appelé un singe, mais une souris dégarnie. Il faut sans doute plutôt comprendre qu'Oda Nobunaga appelait Hideyoshi Toyotomi la souris dégarnie. Oda Nobunaga, Hideyoshi Toyotomi et Tokugawa Ieyasu sont les fondateurs du Japon moderne, ceux qui ont mis fin à l'ère sengoku et à l'ère médiévale, connaissance de base au Japon. Takeda Shingen est mort en 1573 alors qu'il affrontait Oda Nobunaga. Uesugi Kenshin est mort de mauvaise santé en 1578, alors qu'il était le dernier rempart pour empêcher Nobunaga de régner en maître sur la plus grande partie du Japon. Le nom Kenshin a été récupéré dans d'autres séries, notamment dans le manga Kenshin, le vagabond, mais avec un déplacement dans le temps puisque nous passons de la fin de l'èpoque sengoku, juste avant l'ère d'Edo, aux débuts de l'ère Meiji, juste aprèes l'ère d'Edo.