The Simple Life
3.6
The Simple Life

Émission TV E! (2003)

Mes deux garces préférées sont de retour, et avec leur camping car rose, et le petit Tinkerbell en guest star canin, c’est parti pour le show ! Pour moi, cette série est le mètre étalon de ce qu’on appelle la téléréalité ou télé poubelle. Loft story à côté, c’est le pays de Candy, et La ferme célébrités, c’est une pâle copie, un brouillon. Ici tout est vrai, tout est scénarisé mais à distance, à part nos deux « héroïnes » qui sont largement invitées à improviser, autrement dit, elles font absolument ce qu’elles veulent, tout le temps, quitte à donner des cheveux blancs à l’équipe technique. Et comme c’est vendeur, on s’en fout de l’équipe technique; tout le monde le pense, même et surtout la production, mais personne ne le dit. Deux pauvres petites filles riches « lâchées » dans la nature, chacune aura droit à son quart d’heure de réalité-fiction, puisque tout est contrôlé. Elles doivent trouver un travail pour payer leur croûte, un travail et un patron différent à chaque épisode. Humour trash, glamour, maladresses, et caprices d’enfants gâtées pourries en pagaille. C’est construit sur le modèle du road-trip télévisé, et de la rencontre, je devrais plutôt dire le clash culturel, entre les deux gourdes et l’américain moyen. Et le plus beau, c’est que les vrais héros se sont eux, et ils ne s’en rendent même pas compte. Le petit peuple, les familles d’accueil, les cowboys dans les fermes, les gens « normaux », choisis avec soin par casting. Quand Michael Moore dit que les américains sont incultes et idiots, on se dit qu’il exagère, et bien on en a la démonstration en direct live. Ça va du gars qui est prêt à n’importe quelle humiliation pour une photo à côté des deux stars et du chien. Ou de la mère de famille qui fait le plus de lèche possible, car elle espère que l’un de ses fils a tapé dans l’œil de l’une des deux héritières au compte en bank surgonflé. Ou des commerçants qui jouent le jeu à fond, malgré les dégâts, (beaucoup de dégâts), parce qu’ils « passent à la télé ».


Autant vous dire qu’aucune de ses filles ne sait ce que veut dire le mot travail, encore moins l’expression, se lever à l’heure très tôt le matin pour arriver à l’heure au travail. Les paysans, le shériff, les jeunes, les vieux, les chiens, les chats. Tout le monde joue le jeu, parce qu’on passe à la télé, et parce que les filles sont connues, célèbres, et riches. L’idée est géniale, le choc culturel profond. Ses deux filles ne connaissent que Beverly Hills et la Fashion Week à Paris, les clubs huppés, et tout ça. Tu les lâches en pleine campagne dans le Minnesota, pour aller garder les vaches, elles sont capables d’y aller en talons aiguilles et manteau de fourrure !
C’est une vraie étude sociologique, et une expertise du corps social américain. Ça va loin dans la monstration de ce qu’il a de plus superficiel. Les personnages secondaires, les vrais héros, monsieur et madame tout le monde, qui n’ont même pas besoin de jouer la comédie pour être criants de vérité, et ridicules en même temps. Mais tout le monde sait que le ridicule ne tue pas, car on passe à la télé. « Television, the drug of the nation », disait les Last Poets. A mon avis, les générations futures regarderont cette série comme une curiosité pour comprendre les mœurs, et les comportements assez curieux de l’homo sapiens du début du vingt-et unième siècle. Sa soumission face au média, son obsession de la célébrité, sa peur du vide, comblée par du vide, (celui de l’objectif de la caméra), à laquelle il n’a rien à dire ou à donner, à part sa vanité absolue. Enjoy ! Le meilleur de la téléréalité est devant vous.

Angie_Eklespri
10
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Créée

le 9 août 2014

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Angie_Eklespri

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