250 adolescents d’une petite ville de province sur la côte Est des États-Unis, partis en week-end au vert se retrouvent à leur retour complètement livrés à eux-mêmes, les autres habitants ayant tous disparu. Que s’est-il passé ? leurs proches sont-ils tous morts ? Ont-ils été « transportés » dans une dimension dont ils ne peuvent s’échapper (un autre lieu ? une autre époque ?). Comment faire face à cette situation, survivre ensemble, tenter de rallier le monde extérieur ? Bref, s’organiser avec cette nouvelle donne ? Voilà le pitch, en trois phrases. Rien de très original, mais du potentiel quand même.
Mais ça démarre mal, très mal. Le pilote est catastrophique. Le second épisode est du même acabit. Réalisation indigente, clichés de la série pour ados déversés en pagaille, etc. En fait, ce sont les deux pires moutures de la saison. Au fil de l’eau, la série s’améliore nettement, avec une première bascule majeure du narratif à l’épisode 3. Heureusement que j’ai insisté car je n’étais pas loin de lâcher presque dès le début…
La partie fantastique de l’intrigue passe rapidement au second plan et ne sera que très peu développée sur la saison, si ce n’est quelques indices glissés çà et là. Ce n’est pas grave: d’une part parce qu’en faire un élément central de l'intrigue, sans lasser, est un pari très risqué (quelle série est arrivée à nous tenir en haleine sur une saison sur ce postulat ?), et d’autre part parce que finalement, le développement qui est proposé est beaucoup plus intéressant. Comme le suggère le titre, l’épaisseur et l’intérêt de cette série réside dans la redécouverte – souvent douloureuse, voire violente – des fondamentaux de la vie en société. Elle développe des réflexions plutôt bien amenées sur le rapport entre la force brute et la règle partagée, l’idée de justice et de punition, la démocratie – ou mieux encore, la « dictature éclairée » – et plus généralement ce qui permet à un groupe de redéfinir ce que sera sa nouveau fonctionnement et au final, comme dirait un anthropologue, d’arriver ensemble à « faire monde ». Tous cela est amené de manière cohérente, avec certains moments de rupture et des passage forts en intensité dramatiques qui doivent beaucoup à ce qui fait le sel des bonnes séries américaines : le dilemme éthique.
Assez rapidement, on identifie les personnages incontournables des séries type « survival » (les 100, Jericho, Surivors, the Walking Dead, etc.) à savoir : le leader qui s’ignore mais se révèle, les fidèles lieutenants, le geek / scientifique qui cherche à comprendre, la croyante qui voie ses convictions voler en éclat, le psychopathe qui trouve enfin un terrain de jeu à sa mesure, les victimes / suiveurs, les stars d’hier incapables de s’adapter, etc. J’ai lu ici et là que le casting n’était pas à la hauteur. Je trouve que c’est faux. Le personnage principal
(spoiler : qui n’est pas celle que l’on pressent dans les premiers épisodes – et fort heureusement)
est remarquablement incarné. Les seconds rôles sont pour la plupart de très bonne facture, même si certaines interprétations restent trop formatées. On s’attache finalement beaucoup à ces personnages, que les scénaristes savent faire rapidement évoluer hors de leur zone de confort.
The Society ne mérite pas 7 car elle reste quand même inégale dans sa réalisation, souffrant de trop d’erreurs de réalisation. Elle ne mérite pas 5 non plus, car il y a une vraie promesse, à demi tenue, mais promesse quand même. C'est donc un 6 avec "encouragements, peut mieux faire".