Un irlandais file en bagnole à travers le désert australien. Il roule vers la petite ville fictive de Cooper Springs lorsqu’un road train, en pleine réminiscence du Duel de Spielberg, fracasse sa petite voiture et le laisse pour mort. Le « touriste » se réveille alors à l’hôpital, amnésique. Aucun papier sur lui et rien qui ne puisse être utilisé pour l’aider à retrouver la mémoire ou à découvrir son identité. Il va alors mener son enquête pour retrouver son identité, et bien évidemment, il ne va pas aimer ce qu’il va découvrir. L’intrigue de ce Tourist, dans ses meilleurs moments, rappelle parfois le Memento de Nolan, avec son gars plutôt sympa qui s’enlise dans sa quête identitaire au milieu de personnages secondaires qui semblent tous en savoir plus qu’ils ne le disent. Dévoré par son handicap, paranoïaque d’un coté et manipulé de l’autre, le touriste sombre progressivement et ce type au bout du rouleau qui cherche désespérément à relier les fils de son existence va progressivement dessiner le portrait d’une sombre ordure. L’idée est chouette, mais la mise en boite un peu moins, même si la série se laisse suivre sans déplaisir, notamment grâce à une galerie de second couteaux plutôt bien tenus par toute une flopée d’acteurs convaincants (Geneviève Lemon, habituée des films de Jane Campion, Dany Adcock, le flic des Voitures qui ont mangé paris et à la tête d’une interminable carrière, Maria Mercedes, vue dans Patrick et dans pratiquement toutes les séries TV australiennes depuis le début des 70’s, Damon Herriman, le Charles Manson de Tarantino et de la série Mindhunter etc etc). Le personnage principal est lui interprété par l’acteur et top model irlandais Jamie Dornan, un type que je ne connaissais pas du tout et qui livre une prestation tout à fait satisfaisante. Réalisée par Chris Sweeney et le vétéran Daniel Nettheim (un paquet de séries à son actif, ainsi que le film Le Chasseur, avec Willem Dafoe parti traquer le tigre de Tasmanie), The Tourist est une série qui profite d’abord de son intrigante mise en place et d’un décor désertique tout à fait spectaculaire mais qui peine à convaincre sur la longueur. Malheureusement, l’intérêt décroit au fur et à mesure que les mystères s’éventent pour finalement s’échouer dans des lieux communs plutôt décevants. A la fin de la série, le personnage est victime d’un autre accident de voiture et, se retrouvant à nouveau à l’hôpital, la scène joue quelques instants avec le spectateur… Est-il à nouveau amnésique ? Non, cette fois-ci le protagoniste va se souvient des évènments qui se sont déroulés depuis le premier épisode. A ce moment-là, je m’étais dit qu’achever la série sur une nouvelle amnésie et en profiter pour lancer une saison 2 à la suite aurait eu un certain panache. Et aurait pu ouvrir la porte à une approche plus déglingo, ce qui aurait un peu titillé l’intérêt pataugeant dans une soupasse molassonne…
Bon, cette saison 1 (j’ignore s’ils vont la prolonger, l’histoire étant plutôt bouclée) a bien quelques bons moments, quelques passages franchement bien troussés et joliment shootés… Mais quelques séquences bien pouilleuses trahissent un certain laisser aller général et un je m’enfoutisme un peu plombant. Ainsi, lorsqu’on écrit dans son scénario que son personnage principal va avaler une quantité phénoménale d’hallucinogène, la moindre des choses serait peut-être d’aller se renseigner sur ce qui devrait se passer. En l’état, la scène ridicule a un effet rédhibitoire sur la suspension du spectateur qui n’en avait déjà, à ce moment-là, plus grand-chose à foutre…