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Les démons portent parfois un masque d’ange. Telle pourrait être la phrase clef de The Undoing, mini-série dans laquelle Nicole Kidman et Hugh Grant jouent un couple bouleversé par une accusation de meurtre.
La mini-série The Undoing est sortie en Octobre dernier sur OCS et met à l’affiche un casting de luxe, puisque ce n’est autre que Nicole Kidman et Hugh Grant qui se partagent à tour de rôle la réplique. Le spectateur pénètre au cœur d’une affaire criminelle terrifiante où les masques de chaque protagoniste se dévoilent doucement. Basé sur le roman intitulé « You should have known » (en français " Les premières impressions " ) de l’autrice Jean Hanff Korelitz, l’adaptation peut aisément s’apparenter à un polar glaçant.
Quand une vérité en cache une autre…
Nicole Kidman interprète le rôle de Grace Fraser, une prestigieuse thérapeute pour qui les problèmes de ses patients n’ont aucun secret. Grace Fraser est installée dans une vie de privilèges. Son mari, Jonathan Fraser (Hugh Grant), évolue également au sein d’une carrière qui le hisse en haut du podium : c’est un oncologue dévoué, dépeint comme extrêmement empathique et proche des enfants qu’il soigne. Leur fils, Henry, suit ses études dans une écolée réputée. Montrée d’emblée comme une famille riche très unie qui ne souffre d’aucun besoin particulier, en plein cœur de New-York, ces belles apparences se fissurent alors dès la fin du premier épisode. Le meurtre d’Elena Alves, jeune mère de famille, est annoncé brutalement. Sa dépouille est découverte par son fils Miguel Alves, et l’engrenage s’enclenche tandis que toute lucidité semble échapper aux principaux accusés : la famille Fraser.
Le scénario n’a dès lors de cesse de jongler avec ses protagonistes : sont-ils victimes ou meurtriers ? A quel point sont-ils coupables ? Leur véritable nature paraît indiscernable, plaçant ainsi le spectateur en position d’enquêteur acharné, à l’affût du moindre détail. Inutile d’espérer compter sur l’expressivité des personnages, les visages sont glaçants de frigidité. Il est impossible de lire entre les lignes ; les preuves paraissent parfois trop évidentes pour y croire. Tandis que ce meurtre apparaît extrêmement médiatisé, Jonathan disparaît soudainement. Grace Fraser se retrouve seule, bouleversée par l’inquiétude qui la ronge tout en essayant de conserver une part de dignité. Tout semble accuser l’époux qu’elle croyait connaître. Pourquoi cette disparition coïncide-t-elle avec l’annonce du meurtre de cette pauvre femme ?
Un désir brutal
Elena Alves est un personnage important. Jouée par Matilda de Angelis (pour ce qui est son premier rôle sur la scène américaine), ce personnage est représenté comme une femme magnifiquement mystérieuse. A la fois troublante et troublée, elle est dépeinte au sein de chaque épisode comme une âme qui n’a de cesse de hanter l’esprit de ceux qui ont croisé sa route.
Son fils Miguel (qui a notamment été l’un des patients du médecin Fraser) découvre son corps sans vie. Elena est également mère d’un jeune nourrisson. Elle laisse donc ses deux enfants et son mari, Fernando Alves, pris dans ce terrible engrenage. Deux familles se confrontent dans cette affaire de crime : les Fraser et les Alves. Plus qu’une femme à la beauté envoûtante, Elena Alves s’avérait être profondément malheureuse et désorientée.
Quelques scènes – dès les premiers épisodes – mettent en exergue la relation entre Elena et Grace. Très séductrice, Grace semble sous l’influence de ce désir suscité par Elena. Puisque l’apparence de ce désir est explicitement mise en avant, le choc du meurtre annoncé n’en est rendu que plus brutal. La nature de ce crime est particulièrement sanguinaire, violente. L’œuvre d’une personne sociopathe. C’est alors qu’une véritable chasse aux démons se met en marche. Grace en est la première cible, placée sous les projecteurs après la révélation du meurtre.
Syndrome identitaire
Cette mini-série, au delà d’être une enquête policière de qualité, s’apparente à une véritable étude de cas comportemental. N’entre pas seulement en opposition les deux principales familles accusées (les Fraser et les Alves) mais deux camps fondamentalement opposés : les Accusés et les Accusateurs. Les policiers viennent d’abord interroger Grace Fraser et semblent exclure aux premiers abords son innocence. Tout comme son mari, le principal suspect de cette affaire après que le mari d’Elena Alves ait fourni un alibi. Grace est une femme assimilée aux actes de son mari. Elle ne subit pas seulement toutes les accusations qui sont contre elle. Elle subit un véritable choc psychologique : l’absence de son mari, la révélation de ce meurtre, la volonté de protéger son fils avant tout… Grace doit jongler entre ses sentiments intérieurs et sa raison afin de ne pas sombrer.
Nouveau registre pour Hugh Grant
Hugh Grant expérimente un tout nouveau rôle, grâce au personnage de Jonathan Fraser. Eternel habitué des comédies romantiques cultes (Coup de Foudre à Notting Hill, Love Actually...), l’acteur explore ici un facette plus sombre de son jeu, plus dangereux. La fascination de le voir évoluer dans un tout nouveau registre contribue à intensifier l’intérêt de cette réalisation.
Alors qu’il disparaît durant le premier épisode, Jonathan Fraser fait rapidement son retour et plaide l’innocence. Il est d’ailleurs difficile d’imaginer un honnête médecin, qui dédie sa vie à sauver celles des autres, capable de l’ôter. En effet, les professions respectives de Grace et Jonathan sont importantes, tant elles démontrent une incohérence. Comment est-ce possible que Grace – une thérapeute analysant les comportements extérieurs aux siens – n’ait pas décelé la véritable nature de celui qui partage sa vie ? En sait-elle plus qu’elle ne le montre ? Les questionnements ne cessent de se multiplier tandis que cette enquête devient un odieux spectacle, porté par les chaînes de télévisions et les médias. Les innocents et les coupables se mélangeant constamment jusqu’à la résolution finale.
The Undoing, qui ne compte que six épisodes jusqu’à la révélation du coupable, propose un scénario fort qui maintient une réelle intensité dans sa narration. Le crime, bien qu’au cœur de l’histoire, n’est pas le sujet principal, qui se trouve quelque part, entre des apparences qui se fissurent et de cruels mensonges (ou vérités ?).