Quand on croit tout connaître de la geste arthurienne, il y a toujours une relecture qui vient rebattre les cartes. Cette fois, sous forme de série. Un jeune Arthur se fait démolir par un vieil Uther acariâtre et doit quitter la Bretagne le temps que les choses se tassent. On attend assez peu son retour, heureusement, et les choses sérieuses peuvent commencer. Uther est mort et a tordu le bras à la Nature pour engendrer un héritier. Arthur ne fait pas le poids, c'est un bâtard. C'est que l'époque était assez peu riante, à l'image du climat. Il fallait se plier aux règles des rois et des dieux, tandis que les Saxons poussaient de toutes parts et que les Chrétiens entendaient se tailler la part du lion dans le jeu politique. Pas vraiment de quoi se détendre, qu'on soit héritier légitime ou pas. Encore moins si on était une femme. La réussite de cette série, c'est l'exposition très claire des enjeux. Et la réduction de l'échiquier à une taille raisonnable : foin des armées pléthoriques à la Seigneur des Anneaux, ici, ce sont au mieux douze chevaliers qui tiennent lieu de délégation officielle et on reste en marge des démonstrations pyrotechniques tape-à-l’œil. Le jeu n'en est que plus clair. Avalon est une petite place au milieu des bois, avec une drôle de tour, tandis qu'Arthur niche au sommet d'une formation rocheuse impressionnante qui le protège et l'isole, dans le même temps que son principal rival habite une villa romaine qui rappelle que l'occupation par les Légions n'était pas si lointaine. La série tire le meilleur parti de la nature sauvage environnante, dans laquelle on entend encore le murmure des anciens dieux. C'est tout l'intérêt de cette saga, d'ailleurs, que de parler de la magie de ceux qui communient avec les forces naturelles, tandis que les hommes jouent à la guerre et que les chrétiens déboulent avec un monothéisme fanatique qui ne laisse aucune place aux anciennes pratiques, ayant pourtant démontré leur efficacité de longue date. Au milieu de toutes ces tensions larvées, Arthur tente de se tenir debout, grâce à sa droiture légendaire. A quoi tient un bon gouvernement ? A un drôle de mélange d'écoute, de suspicion, de confiance, de fidélité, d'intuition, de calcul et de caprice. On laisse infuser, on secoue un peu, et ça ne manque pas de péter, comme on l'espérait un peu. C'est l'arrivée d'une drôle de Guenièvre qui met le feu aux poudres, je vous laisse découvrir comment, même si on l'attendait de pied ferme. Ca n'est pas le meilleur passage d'une série un peu inégale, quoique globalement réussie. Comme ce longuet épisode sur l'Ile des Morts, à la toute fin, qui phagocyte une partie de l'intrigue avec les Saxons pourtant au centre des enjeux. Mais bon, une fois que le dernier épisode nous plante là, en pleine lande venteuse, on se prend à espérer que la saison 2 ne traînera pas trop à être tournée, parce que de nombreux aspects n'ont été qu'effleurés et qu'on aimerait bien savoir comment ça va se goupiller...