Mon visionnage est enfin terminé et c'est à mon tour de jeter un sou au Sorceleur.
Aujourd'hui, The Witcher, une série Netflix de Fantasy Epique directement adaptée des jeux vidéos du même nom avec appui de la série de romans Wiedźmin (que l'on pourrait aisément penser traduit en The Witcher dans la langue de Shakespeare) écrite par le polonais Andrzej Sapkowski. A moins que ce ne soit l'inverse... Adapté de la série littéraire avec appui des jeux vidéos... Disons qu'il y a de quoi s'interroger quant à la place des jeux vidéos dans cette adaptation par Netflix - fort à parier qu'ils ont énormément aidé dans cette entreprise. De nombreuses rumeurs, dont j'avoue avoir été l'un des colporteurs, voyaient cette série comme une aventure surpassant, si ce n'est pour rester modeste être de la même trempe que la série Game of Thrones ; rumeurs pas si mal fondées lorsque l'on connaît les procédés de créations - en Fantasy ou dans les autres genres - lorsque l'une d'entre elles fonctionne avant tout commercialement. Bien évidemment, il n'en est rien et je suis prêt à soutenir que la série The Witcher est même à des kilomètres de ce que proposait la série de HBO, ce qui ne signifie absolument pas, bien au contraire, que cette série n'a rien à nous offrir d'exaltant. Pour ma part, globalement, je n'y ai ressenti qu'un simple (mais très plaisant) divertissement de Fantasy. Alors comment en venir à de telles conclusions ? Voilà ma vision de cette série qui peut néanmoins promettre quelques saisons en plus et pas moins inintéressantes.
Nous suivons les périples de trois personnages en particulier : Ciri, héritière d'un royaume écrasé par des forces ennemis désirant contrôler le Continent. Elle possède certains dons, en plus de son sang royal, qui la rend importante aux yeux de nombreuses personnes. Yennefer, une soricère en quête de puissance. Et le fameux sorceleur, dit le "Loup blanc", Geralt de Riv. Un chasseur de monstre et un mutant qui s'attire les foudres des diverses populations à qui il vient en aide. Bien que tout trois étrangers, ils vont se retrouver liés par la même destinée.
Pas plus de spoil, comme à mon habitude.
Alors, que dire que cette série que beaucoup ont placé sur les mêmes rails que Game of Thrones ?
Commençons par l'histoire, de manière générale. Très concrètement, nous avons une action que l'on ressent comme assez variable : comme de nombreuses séries, nous avons des épisodes moins fameux que les autres mais d'ordinaire, je ne ressens pas tellement ces écarts or ici, deux-trois épisodes au grand minimum (sur les huit que comporte la série) m'ont paru un peu mou. La principale raison à mon avis est la volonté de suivre trois personnages. Trois personnages, donc trois histoires différentes aux tonalités différentes et on ne va pas se le cacher, même si l'intrigue tournant autour de Ciri, le "Lionceau de Cintra", apporte pas mal de tensions dans le déroulé de l'histoire, c'est probablement la partie la plus faible en terme d'action a proprement parlé - on a l'impression, ce qui est dommage, qu'elle n'est là que pour faire remplissage. Autrement, les deux autres lignes narratives demeurent bien plus aptes à nous tenir en haleine, celle de Geralt encore plus de part sa nature de sorceleur, ses contrats et ses rencontres. Mais, et pour rester avec ces trois arcs scénaristiques, le véritable problème à mon sens (du moins qui peut rebuter certains), c'est la temporalité qui peut dans les premiers épisodes vous retourner complétement le cerveau. Au fur et à mesure, on comprend que ces trois personnages n'évoluent pas sur le même axe temporel et il n'est donc pas rare de voir apparaître dans l'histoire d'un tel un personnage qui, on en était pourtant sûr, était mort trois épisodes plus tôt avec un autre héros. Fort heureusement, le dernier épisode remet toutes les ficelles en place, rendant cette première saison assez claire, néanmoins je ne peux m'empêcher de me demander si cette construction, aussi originale soit-elle entendons-nous bien, était réellement nécessaire ? Qu'est-ce que cela a pu apporter à la série ? Personnellement, j'ai bien quelques hypothèses mais elles demeurent assez peu constituantes et solides pour affirmer la présence d'un tel déroulé narratif. C'est probablement le point le plus sensible de la série, le point qui peut réellement faire cesser le visionnage à un spectateur. Ça et possiblement un autre point non pas moins conséquent. Si ce genre de série, adapté de créations passées qui avaient peut-être une explication à travers des films ou des livres originels, parie énormément sur le fait que le spectateur connaît un minimum l'univers détaillé, il faut constater que The Witcher fait intégralement partie de cette section. Je n'ai pas souvenir des premiers épisodes de la première saison de Game of Thrones mais j'aime à penser que les premières heures de cette créations ont expliqué un tant soit peu le principe, le fonctionnement, le lore de l'univers aux spectateurs novices. Je pourrais citer avec plus de conviction la série The Dark Crystal : Age of Resistance qui prenait le temps dès le premier épisode à poser les bases du monde de Thra, afin que les nouveaux venus ne soient pas entièrement perdus même si de nombreux éléments et références pouvaient, par la suite, leur paraître flous. Tous ça pour dire que, même en ayant lu quelques livres et joué au premier jeu vidéo, le lore m'a complétement largué. Alors je n'ose imaginer le spectateur lambda qui se retrouve devant des événements, des noms, des lignages qui n'ont absolument aucunes explications, donnant cette impression - une fois de plus - que cette série n'est proposée que pour les fans ou les connaisseurs. Je sais que le fait de rajouter, généralement dans les film, du texte explicatif en début de visionnage est vu comme un défaut ou un signe flagrant de nullité mais je pense sincèrement que cela aurait pu soulager certains spectateurs qui ont suivit les aventures de Geralt en ne comprenant pas un tiers des choses qui s'est dit. Après, si ce n'est qu'un tiers, tant mieux pourrait-on dire.
Outre ces quelques défauts, on demeure cependant sur un divertissement tout à fait honorable avec des histoires qui tiennent en haleine, proposant pas mal d'enjeux intéressants qui ne peuvent laisser prévoir qu'une deuxième saison à la hauteur des attentes. Pourrais-je rajouter que, bien évidemment, cette série est avant une adaptation d'une série littéraire (avec appui sur des jeux vidéos) et que, par conséquent, les choix de réalisation sont les choix de Netflix, que cela plaise ou non au public même si, sur ce coup là, j'ai moi-même été quelque peu chamboulé (honte à moi qui ne suit guère mes propres principes ; mais concrètement, j'ai rapidement fait une croix dessus : je me fiche pas mal des répercussions du respect de l’œuvre sur l'adaptation, argument d'une puérilité sans nom). En effet, il m'a semblé, mais je déclare cela avec d'immenses pincettes, que certains personnages mourants dans la série restent en vie dans le cycle littéraire. Après, ce n'est que la première saison, à voir si nous aurons des retournements de situation. Autre part, et bien évidemment, ça a également été la polémique autour de cette série : les minorités ethniques, si tant est que c'est bien de cela qu'il retourne. Que l'on soit tous d'accord, je n'ai absolument aucun problème avec ça mais il est vrai que les personnages, notamment ceux de Yennefer et Triss, si elles étaient montrées comme "blanches" dans la série de jeux vidéos - je n'ai pas lu assez de livres pour affirmer de la couleur de peau de ces dernières, en partant du principe qu'elle est spécifiée - elles apparaissent métisses dans la série de Netflix. Je pose ça ici comme constatation et ne possède pas vraiment de position même si, je le confesse, j'aurais préféré des personnages blancs, ce qui n'enlève - au grand dieu - absolument rien au talent de ces deux actrices !
Pour ce qui est des personnages.
Commençons par les trois primaires : Ciri pour commencer. Elle a une jolie mouille. Yennefer à présent ! Non, plus sérieusement, le personnage de Ciri est, comme j'ai pu le dire précédemment, celui que l'on suit avec le plus de difficulté, dans le sens où on peut avoir l'impression que son importance, s'il nous est quand même rabâché tout le long de la série, n'a pas tellement de valeur que ça. Elle demeure un peu un élément de remplissage à mon goût, trop peu utilisée comme véritable survivante du massacre de son royaume et un peu trop employée comme pauvre réfugiée qui désire fuir ses poursuivants. En espérant que sa rencontre avec Geralt pousse une meilleure construction et évolution pour un de mes personnages favoris de cet univers.
Pour ce qui est de Yennefer, je dois dire que c'est tout le contraire de Ciri mais pas forcément en bien. Elle reste un personnage intéressant et dynamique, aux intentions et volontés plus ou moins louables. De plus, l'actrice l'incarnant possède un certain charme qui fait, qu'à partir d'un certain épisode, on est bien plus captivée par son histoire et son devenir. Néanmoins, on a l'impression d'être en face d'une enfant bien trop gâtée et éternellement insatisfaite. Si son évolution est des plus intéressants durant les premiers épisodes, où l'on affronte avec elle ses souffrances et obstacles, il faut avouer qu'elle frise l'indifférence une fois ses objectifs atteints en devenant un personnage borné et capricieux. Une sorte de Daenerys Targaryen en fin de saison 8 si je désire énormément caricaturer.
Mais le personnage qui reste, plus ou moins, unanime est bien le sorceleur Geralt de Riv. Incarné par un Henry Cavill exceptionnel, Netflix nous offre une vision particulière et intéressante du "Loup blanc" que l'on a plaisir de suivre et de découvrir. D'autant plus que le sérieux très apparent du personnage n'empêche pas ce dernier, par excès de sérieux justement, de nous faire sourire, si ce n'est rire, des situations dans lesquelles il s'engouffre ou se fait engouffrer. Le fait que le personnage montre difficilement ses émotions, à cause de sa nature mutante, apporte une certaine délicieuse sympathie au personnage qui renforce notre admiration envers ce dernier.
Ainsi, même s'ils ont des répercussions différentes vis-à-vis du spectateur, ces trois figures restent admirables et vivants, demeurant attachants malgré leurs différences.
Pour le reste du casting, qui n'est pas des moindres, on nous propose quelques visages intéressants à suivre, auxquels on s'attache également avec aisance, ce qui est complétement le cas de ma mention spéciale : le barde Jaskier, personnage atypique qui suit Geralt dans ses aventures pour réaliser des sonnets et autres compositions musicales des hauts faits de son ami. Il est également l'élément humoristique principal et par excellence de la série de par son décalage avec le sérieux de Geralt, entrainant ce dernier dans les pires aventures - c'est, à mon sens et pour ceux qui ont suivit la série ainsi que le vocabulaire employé, la véritable Destinée de Geralt : un être attachant et émouvant, reflet du Geral que l'on ne verra jamais. Mais dans l'ensemble, la majorité des personnages ont leur petit plus et il est bien rare de voir un personnage complétement inutile à l'intrigue si on écarte les personnages tertiaires.
Pour ce qui est des effets spéciaux, il y a deux écoles : celle du fort sympathique, englobant certains sortilèges (dont les portails de Yennefer), les pouvoirs de Geralt, certains monstres... et celle du plaisant mais on frise le ridicule, englobant surtout de nombreuses créatures que l'on pourrait qualifier d'assez moyennes quand on voit pourtant le potentiel de cette série. On alterne énormément entre ces deux écoles qui peut apporter dans le visionnage quelques cassures dont on se serait bien passés. Une mention spéciale néanmoins aux différents génériques présent en début de chaque épisode, dévoilant des symboles qui, au dernier épisode, formeront le loup de Geralt. Ce n'est pas grand chose mais il faut avouer que cela a son petit effet !
On parlera dans ce point des décors et des costumes : pour ce qui est des décors, on a du bon, beaucoup de bon. Les villes fortifiées, les académies de magie... sont merveilleuses, dignes d'un univers de Fantasy de cet ampleur. Pour les costumes, dans l'ensemble, on a quelque chose de respectueux et de bonne qualité si on excepte l'uniforme des soldats de Nilfgaard, les principaux antagonistes de la série, qui est absolument - pardonnez le terme - dégueulasse à souhait ! A se demander comment les accessoiristes se sont dits que ça allait passer crème à l'écran cette horreur sans nom digne du pire nanar de Fantasy. Sincèrement, ce n'est qu'un détail mais un détail qui pourrit de nombreuses scènes. Personnellement, si tant est qu'il y a des personnes pour défendre cette immondice, c'est un grand non !
Pour les combats, ça bataille sévère et ça bataille bien, pour ce qui est des chocs entre armées. Mais il ne faut pas omettre les "duels". Une mention spéciale à la première bataille du premier épisode qui est absolument mémorable, merveilleusement orchestrée, dynamique et nerveux. Impression qui pourra se retrouver dans les différents affrontements qui opposera Geralt à ses adversaires. C'est une des belles forces de cette série, sans hésiter.
Pour parler un peu des musiques, on a le droit à un soundtrack des plus honorables qui sera sans rappeler à certains quelques musiques des jeux vidéos. On pourra regretter de nombreux sons quelque peu discrets mais dans l'ensemble, nous avons des musiques qui font absolument écho à l'univers, offrant une immersion plus puissante.
Enfin, pour ce qui est des paysages, sans trop s'attarder, nous avons de beaux panoramas provenant, d'après les dires, d'Europe de l'est. Une vraie beauté !
The Witcher est une série qui, si elle avait une quelconque prétention de d'élever vers le piédestal de la série Game of Thrones, restera dans les mémoires principalement comme une nouvelle série de Fantasy, soit plaisante soit-elle. Elle reste une création un peu cliché de Fantasy malgré des efforts notables sur quelques détails mais possède également des défauts ou des points qui peuvent aisément perdre et faire perdre des spectateurs. C'est donc un lancement qui semble mitigé mais qui, dans son essence de périple extraordinaire, envisage une suite encore plus spectaculaire ; concrètement, la série possède toutes les cartes en main pour s'améliorer et réellement proposer une création qui choquera plus profondément les fans et les nouveaux spectateurs. Je suis prêt à recommander le visionnage de cette série, ne serait-ce pour voir un divertissement à la hauteur des attentes.
Et n'oubliez pas : la Fantasy nous appartient !