The Witcher
6.3
The Witcher

Série Netflix (2019)

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Patate chaude, fourchette à droite, couteau à gauche et mon appareil à raclette sur du 110 volts.

Bon, ayé, j'ai vu les 3 premières saisons de The Witcher. Une appétence toute logique, je suis fan des JV et des quelques nouvelles que j'ai pu lire, et j'aime beaucoup Henry Cavill (même si, en 2018 : "Ohoh, ça va pas le faire Superman avec sa moumoute là").

Je pensais détailler le menu complet, entrée, plat, dessert, saison par saison, évoquer à chaque fois ce qui m'a plu, déplu, les réussites et les échecs de cette production (Notez bien ce dernier terme employé, car il n'est pas invoqué en vain. Comme Dieu en fait.). Mais non. J'ai envie de fromage. Plat unique. Je vais exposer mon (res)sentiment sur différents topics, sans doute étayer par des exemples, et donner mon avis final.

Tout d'abord, mon histoire simplifiée de the Witcher by Netflix : ce sont à la base des livres (nouvelles et romans) qui ont été brillamment adaptés en jeux vidéo (même si ceux-ci ne sont pas canons, car se développent au-delà des livres). Enorme succès, qui ont relancés la vente des bouquins, donc logique qu'un grand studio tente d'exploiter le filon.

Les grands studios préfèrent le retour sur investissement savamment calculé d'une adaptation plutôt que de payer des gens talentueux pour des scenarii originaux. Ah? C'est pas un spoil?

Netflix achète les droits, et adapte donc The Witcher en série. Le péché (ou la grosse pêche) originel. Le début des ennuis si vous préférez.

La patate chaude.

Le développement de la série est donc confié à une "showrunner" (les guillemets sont exclusivement destinées à manifester mon mépris) qui ensuite recrute une équipe pour mettre en forme et réaliser le projet. Et c'est là la cause principale de la faillite culturelle de notre époque Messieurs-Dames, je n'ai pas peur de le dire haut et fort! Ou en tout cas de l'écrire dans une critique que personne ne lira.

Un showrunner n'est ni plus ni moins qu'un chef de projet. Une personne qui ne rédige son cahier des charges qu'en terme de budget, jalons, deadline, seuil de rentabilité et cases à cocher pour atteindre ses objectifs. Et alors? Et alors, cette même personne va décider des orientations artistiques du projet, alors qu'elle n'est la plupart du temps ni compétente, et/ou ni motivée par de bonnes raisons.

Les raisons de ma colère :

J'ai l'intime conviction que le "showrunner" (les guillemets toussa...) est ici guidée par de mauvaises raisons. Je m'explique. Tout d'abord le casting façonné plus pour cocher les bonnes cases imposées par l'air du temps plutôt qu'être en cohérence avec le matériel de base. Ensuite, tordre et modifier l'histoire de ce matériel de base pour en faire un objet actuel et "politiquement correct" (guillemets…).

Mais, c'est une adaptation me direz-vous? On a donc le droit de modifier et prendre des libertés, si cela sert l'intérêt du projet. Je vous répond oui. Mais là, non.

On peut pas faire sa com' sur le fait que l'on adapte les livres et qu'on s'éloigne des jeux vidéos (qui pour rappel, ne sont pas canons, mais brillants) dans un souci de respect de l'œuvre originelle pour en faire ce qui en a été fait. On a ici affaire à une production élaborée d'un point de vue strictement marketing d'un produit qui se veut actuel et dans l'air du temps, plutôt que dans la conception et la réalisation d'une œuvre artistique marquante.

Fourchette à droite

Donc, le casting. Loin de moi l'idée de dire que l'univers de the Witcher, étant inspiré de la mythologie polonaise et slave, le casting doit être 100% caucasien. C'est une création fantastique, on y met ce que l'on veut, et même si dans le matériel originel tous les personnages sont dans la majorité très caucasiens, c'est une adaptation, donc cela peut être ok. Si on respecte le sens de l'œuvre. Et une des grosses thématiques de l'œuvre, c'est le rejet à causes des différences : Yen est rejetée parce qu'elle est bossue, et/ou a du sang elfique, et/ou est magicienne. Geralt est rejeté car considéré comme un monstre car il est mutant. Emhyr rejeté car hérisson, Jaskier rejeté car barde, les elfes rejetés à cause de leurs oreilles pointues, les gens du Nord par ceux du Sud, et inversement… on est donc dans un monde très sensible aux différences de chacun. En fait, le racisme très présent si vous ne l'aviez pas deviné.

Et là, le showrunner décide de parsemer de la diversité un peu partout, en s'en foutant de cette cohérence. Il eut été plus logique de cloisonner ces différences, par royaumes ou régions.

De base, cela ne fonctionne donc pas, on passe à côté d'un élément essentiel de cet univers, et on y perd en immersion.

Couteau à gauche

Donc l'histoire. Ou plutôt comment elle est ficelée et menée. Car, je le répète, pourquoi pas s'éloigner de l'œuvre de base. Mais là, c'est mal fait. Beaucoup de personnages ne sont pas correctement présentés, que ce soit dans le timing (on aurait pu présenter Emhyr 10 épisodes plus tard) ou sur la forme (voir le vrai visage de Cahir seulement au moment opportun, c'est à dire à la toute fin de la saison 3...). Beaucoup de personnages secondaires insignifiants ont momentanément une importance surprenante pour disparaitre ou s'effacer ensuite dans un pschitt (Stregobor, Dara, Istredd par exemple).

J'ai également l'impression qu'aucune tension dramatique ou émotionnelle n'arrive à émerger correctement. L'amour entre Geralt et Yen? C'est parce qu'il se croisent souvent? L'amour filiale Yen/Tissaia? Seulement parce qu'on nous le dit? L'attachement Geralt/Jaskier? Parce qu'il le suit partout en mode lourdingue semble-t-il?

Tout est diffus, on alterne longueurs et raccourcis, et au final dans la plupart des cas, on ne sait pas trop qui veut vraiment quoi, et surtout, pourquoi?

Et mon appareil à raclette alors?

Au final, ça ne marche pas. Beaucoup de déception. J'ai pourtant mon assiette, ma patate chaude et mes couverts. Mais le fromage ne fond pas. Pourtant, toutes les cases du cahier des charges sont cochées, non? J'étais prêt à manger avec les doigts à même la table. Mais mon morceau de Morbier reste désespérément dur, refusant de faire corps avec ma pomme de terre. Et donc, c'est pas la même. Je rechigne et fini tout de même mon assiette, déçu par cette expérience si loin de mes attentes.

Et comme d'habitude, il me reste un peu de charcuterie. De quoi refaire une raclette? Dans la mesure où pour la prochaine saison on remplace le fromage fermier par du Chaussée aux Moines, j'hésite… Je peux toujours essayer, même si je sais que je serai forcément déçu.

Mais bon, on va pas en faire tout un fromage.

KingZu
6
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le 20 oct. 2023

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KingZu

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