Ça a la même forme, la même couleur, le même nom, mais en fait, non…
La disponibilité :
Fin février 2021. On sort doucement de l’hiver, ce n’est pas encore le printemps, mais au moins, on n’est pas confiné. Ce n’est pas forcément le meilleur moment, autant profiter de nos libertés avant un reconfinement. Mais bon, pourquoi pas se faire un thriller/drame/comédie, avec une femme forte, puissante et machiavélique qui s’attire la colère d’un méchant pas gentil du tout, où tout ne serait que coup bas, faux-semblants, un duel au sommet entre deux forces supérieures. Ce n’est pas forcément le moment, mais vu que Netflix me le propose, j’achète.
L’emballage :
La bande annonce m’enchante : la femme forte, c’est Rosamund Pike (Oooooh !), le méchant, c’est Peter Dinklage (Aaaaah !). Il y a du rythme, de l’intrigue, des coups bas...etc… En plus, le paquet est joli : « Darkly hilarous », « Hugely entertaining », « Deliciously nasty », « Ruthless », « Breathtakingly vicious »… n’en jetez plus, je prends ! Même si ce n’est pas la saison.
Par contre, l'emballage ne précise pas vraiment dans quelle recette l'utiliser : Thriller/comédie/drame?
L'aspect : une tomate qui ne rougit pas
Film techniquement très bon, Rosamund Pike excellente (elle mérite son golden Globe), pitch qui donne vraiment envie… mais voilà, je n'ai pas trop aimé.
Alors ok, on peut toujours voir le rapport avec l'ultra-capitalisme, l'angle intéressant du film vis à vis des modèles de femmes fortes, qui s'éloigne du monomythe féministe de base (et redondant). Avec un peu de recul, je pense que c'est essentiellement lié à mon absence totale d'empathie pour les personnages. Pour moi, le scénario à quelques lacunes et invraisemblances (donc, ça va spoiler).
Lacunes :
Marla Grayson est trop diabolique et détestable (en fait, elle semble carrément inhumaine) pour que l'on éprouve une quelconque empathie, et ce à aucun moment du film. Je trouve que le rapport de force avec Roman Lunyov est dès le début déséquilibré : il ne fait pas le poids. Peter Dinklage joue bien le type menaçant, mais à aucun moment il est badass (en effet, à part balancer ses viennoiseries ou ses cafés frappés…). Son côté mauvais n'est jamais réellement développé, comme si cela était acquis juste en précisant que c'est un mafieux russe. Donc pour moi, le film se résume à une femme forte diabolique en mode rouleau compresseur qui écrase tout sur son passage sur toute la durée du film.
Invraisemblances :
Marla Grayson ne fait jamais face à une quelconque adversité : le juge béni-oui-oui qui lui accorde tout, alors qu'il y a de quoi se poser des questions sur le fait que c'est toujours le même médecin qui établi des procédure de placement d'urgence, durant lesquels le familles/proches ne sont jamais conviés, que les biens sont rapidement voire immédiatement liquidés afin de monétiser, que les vieux sont toujours placés dans le même ephad sous l'autorité de la même tutrice...etc.
Mais à la limite, ce n'est pas le pire : 2ème acte : elle est menacée par la mafia russe: "Mes amis vont te tuer!", mais elle s'en balek! On l'étouffe à moitié avec un sachet plastique après avoir été droguée et enlevée pour se réveiller la nuit dans une carrière entourée de gros bras russes? Sa réponse après avoir repris son souffle : "M'en balek!".
On la redrogue, ON LUI INJECTE DE L'EAU DANS LES POUMONS, on met un certain temps à l'emmener, la mettre dans une voiture et la projeter dans un lac? et bien elle se réveille, s'en sort, et veut se venger! Réussir à enlever un mafieux russe assez puissant pour être craint de tout le monde? Qui a le bras assez long pour inventer une vie à sa mère depuis 50 ans? Tout en feintant sa propre mort, mais avoir assez de garantie pour exercer son activité depuis un superbe bureau dans un building flambant neuf?
Aucun problème : une plaque d'immatriculation liée à la véritable identité du chauffeur, qui est repassé chez lui boire une bière avant de retourner voir son patron, 1 taser, et le tour est joué!
Bouquet final : le mafieux russe en question, un peu borderline, qui semble surtout piquer ses crises quand on touche à sa mère : et bien il lui demande de s'associer!
Donc pour moi, c'est une déception...
J'ai donc affaire à une tomate bien ronde et bien calibrée, mais de couleur artificielle et de saveur inappropriée. A trop vouloir en faire une salade, ça finira en sauce, ou pire, à l'Ile aux Fleurs.
Personnellement, j'avais un final sympa : elle reste en vie, flashforward, on la retrouve vieille, sans enfants, et elle se retrouve mise sous tutelle par une Marla 2.0 qui lui confisque tous ses biens et toute sa fortune ! La boucle est bouclée, cynisme à fond...etc!