Cette série est un éloge de la normalité. Je trouve ça terrible dit comme ça (se définir en fonction d’une norme ça ne rime pas avec un idéal de liberté, de créativité et d’intelligence, c’est pas un truc que je mettrais spontanément en avant) mais c’est la première chose qui me vient. Et c’est pas grave, ça m’a plu ! J’y ai trouvé pas mal de sensations positives, quelque chose de réconfortant que m'ont déjà fait vivre de façon très similaire certaines séries tel que How I Meet Your Mother (sur son versant drama). La-dedans il y a quelqu’un que j’ai envie d’écouter, qui me dit ce que j'ai envie d'entendre : que le sens de la vie n’est pas très compliqué, que c'est d'abord penser au sien, donner ce qu'on a reçu ou bien ce qu'on aurait aimé recevoir. Ça fait très parole du Christ dit comme ça mais personne n’a le monopole de ce type de valeurs, même pas le puritanisme américain !
Dans This is us, on parle de la transmission, des origines, des énigmes qui ont traits à la principale enveloppe de nos existences, au moins en négatif : la famille. On traverse toutes sortes d'émotions, et on a signé pour ça : des moments de complicité, ou plutôt froids, des deuils, des crises, des joies, des déceptions, du réconfort. Ça tourne clairement autours du deuil d'ailleurs, qu'il s'agisse de la perte réelle, de la perte d'un idéal, de sa toute-puissance, de la perfection. L'éloge de la normalité que je trouve dans cette série va de pair avec un éloge du compromis, et je pense que tout forme de deuil est l'acceptation d'une sorte de compromis. On apprend à lâcher prise, à accepter l'imprévu qui s'immisce dans nos plans. On jette les cartes par la fenêtre, on les garde grandes ouvertes et on met la musique à fond.
L’ascenseur émotionnel que peut faire vivre cette série est bien sûr une expérience très contenue (convenue ?). On sent bien que ça va pas vraiment mal finir. On sent bien d’ailleurs comment chaque bout d’histoire va plus ou moins finir. Mais c’est justement ce sentiment de sécurité suscité par cette façon de raconter l’histoire, et c’est clairement un parti-pris du réalisateur, qui m’a fait du bien. Et « une série qui fait du bien », c’est quelque chose que j’ai aperçu dans plusieurs critiques. Ça soulage, c’est cathartique, à mon avis parce qu'on y trouve ce qu’on y met, quelque chose de soi et ça ça fait du bien (ou ça fait rien du tout d’ailleurs, certains ne carburent pas du tout à ce genre de came). Certains taxeront cette série de "guimauve" et c’est clair qu’on a la petite guitare folk en arrière-fond qui va bien avec la scène émotion, c’est bien vrai qu’on a des personnages qui sont attachants, parfaits dans leurs imperfections (et puis quelles imperfections… Ça va !), qu’ils sont beaux. Il y a clairement la volonté de raconter une histoire qui soit esthétiquement belle. Et puis ?. Tout est affaire de ce que l’on demande à une œuvre, de ce qu’on considère devoir être (ou non) son rôle, son propos pour être qualifiée de « bonne ». En ce qui me concerne, j’y trouve un support à pas mal d’émotions et j’ai adoré la façon dont ça s’est exprimé en vrac en moi, tout ce que j’ai pu vivre par procuration. Ça m’a fait rêver. C’est une bonne série This is us !
Et une mention spéciale à Ron Cephas Jones alias William,
le père biologique de Randall.
Je l'ai trouvé exceptionnel.