To The Lake débarque à point nommé pour nous occuper dans nos mornes journées de reconfinés. La série russe créé par Yana Vagner s'inscrit dans cette vague de survival épidémique aux airs de fin du monde sur fond de virus meurtrier. To The Lake a toutefois la bonne idée de ne pas une nouvelle fois nous entrainer sur l'épidémie entrainant une invasion de morts vivants à la Walking Dead pour nous offrir une approche un petit peu plus original que la moyenne.
Nous sommes donc en Russie et un mystérieux virus fait son apparition, une sorte de grippe utra-contagieuse et mortelle qui condamne les malades à la mort en moins de trois jours. Un petit groupe décide alors de partir s'isoler sur une île au beau milieu d'un lac gelé afin de fuir le chaos grandissant autour d'eux.
To the Lake est une série qui porte en elle autant de belles qualités que de défauts assez agaçants, une sensation de chaud et de froid monté sur courant alternatif qui fait que j'ai longtemps hésité à noter la série entre le 05 et le 07 (D'où cette moyenne de06 pas con !!) . Les défauts majeurs que je reprocherait à To The Lake viennent principalement de son écriture , d'un manque de contextualisation et d'une mécanique de suspens qui finit par sembler un peu trop grossière et systématique. Pour commencer je dois avouer que j'ai eu un peu de mal à entrer dans la série essentiellement parce que je ne comprenais pas et je n'arrivais pas à adhérer à cette précipitation qui installe le chaos à peine 24 heures après l'apparition du virus. Ce besoin immédiat de fuir et de s'isoler, l'apparition immédiate de milices de pillards armés, le blocage militaire des villes, ce sentiment d'apocalypse en si peu de temps a bien du mal à me convaincre même si je comprends qu'il fallait au plus vite lancer l'aventure sur les routes. Tout va un peu trop vite et il manque à l'aventure de cette petite bande de survivants une contextualisation plus globale des événements. Mais ce n'est pas encore ce qui aura le plus freiner mon enthousiasme, bien moins en tout cas qu'une mécanique un peu putassière de construction/déconstruction du suspens et de l'intensité dramatique. Bien trop souvent à mon goût , pour ne pas dire systématiquement To The Lake va user d'un artifice de suspens propre à faire monter l'intensité, la tension et l'émotion pour le dégonfler quelques instants plus tard jusqu'à presque devenir un gimmick d'écriture un peu ridicule. Attention Spoilers .
Dès la fin du premier épisode le ton sera donné , nos héros tente de fuir alors qu'une milice armée revient vers eux en les canardant alors qu'ils fuient en courant. Début du second épisode et on comprend que ce n'était que du flan et un effet de montage, en fait la milice s'est trompé de village et comme des gros cons ils tirent sur des inconnus alors que nos héros sont poursuivis par la voiture d'un gentil couple qui cherche de l'aide ... Je me suis dit "mouais ok, c'est un peu con mais je me suis fait prendre " sauf qu'au bout de cinq fois on ne se fait plus prendre, on baille, on se dit "Non pas encore ?? " et surtout la tension s'évapore avant même de naître. On va nous faire croire comme ça plusieurs fois à la mort d'un personnage (Le petit gamin - La mère contaminée) pour ensuite les sauver dans des pirouettes scénaristique pas toujours très heureuses. Au point que lors des derniers épisodes autour du suicide possible d'un des personnages on a la sensation de comprendre en soupirant ce qui se passe , en tout cas plus vite que tout les personnages perdus dans une émotion devenue moins crédible. On est même plus surpris alors qu'un groupe se retrouve en péril à cause d'une voiture qui ne démarre plus de voir surgir un prêtre mécanicien d'on ne sais ou. Cette mécanique trop systématique plombe pour moi une grande partie du suspens qui devient trop artificielle.
Mais To The Lake possède aussi , et heureusement de belles qualités à commencer par sa mise en scène explorant à merveille ses immenses étendues glaciales et enneigées et à l'opposée des univers plus sombres et claustrophobiques comme l'éprouvant épisode presque horrifique avec cette femme vivante seule dans les bois. La mise en scène est à la fois ample et intimiste rendant parfaitement lisible cette sensation d'un groupe perdu à la fois dans l'immensité géographique d'une nature hostile et dans des errances plus intimes. L'autre très grande force de la série est incontestablement son casting et ses personnages avec de formidables comédiens et comédiennes bien peu connues chez nous facilitant une immédiate identification et crédibilité. Si certaines relations mériteraient un traitement un peu moins frontale et caricaturale comme la rivalité entre les deux femmes autour du héros dans l'ensemble les personnages sont très humains, très attachants et touchants. La série parvient à faire naître de vrais moments de tension et quelques instants durant lesquels l'émotion est vraiment forte et palpable comme le double mariage improvisée ou la tendre et conflictuelle relation entre les deux adolescents du groupe. C'est incontestablement dans ce registre que To the Lake parvient à transcender ses nombreuses maladresses d'écriture, dans cette manière de faire vivre et exister ses personnages bien plus loin que les caricatures qu'ils semblent incarner au premier abord. Malgré toutes les réserves que je puisse émettre je reconnais que sur ses derniers épisodes To The Lake est souvent parvenu à me faire frissonner et à m'émouvoir.
Il reste à attendre une seconde saison pour voir dans quelle direction s'oriente la série. Si j'aurai plaisir à retrouver les personnages je redoute aussi de me lasser définitivement des nombreuses largesses d'écriture.