Wow. Douze critiques, toutes positives, notées 9 ou 10 (un seul 8) pour une moyenne globale impressionnante... Je suis surpris. Ça ne m'étonne pas que l'anime ait plu, mais je m'attendais à des avis plus nuancés. Personnellement deux défauts majeurs m'ont gâché l'expérience.
1 - Les personnages principaux
Mirai, Yûki et Mari forment un trio de protagonistes assez familier. Mirai est l'adolescente renfrognée, en colère contre ses parents ; Yûki est le petit frère innocent, plein de vie ; et Mari la figure maternelle de circonstance, généreuse et attachante. Mirai est le centre de l'anime, pour le meilleur et pour le pire. Tokyo Magnitude 8.0 s'évertue à nous montrer l'évolution de la jeune fille après la catastrophe, le parcours classique du survivant qui réalise ce qui compte vraiment dans la vie, mais le processus est long et ô combien douloureux. Les trois premiers quarts de l'anime nous laissent apprécier la mauvaise humeur de Mirai en toute circonstance, que ce soit lorsqu'elle refuse de tenir la main de Mari ou qu'elle détruit les espoirs de son petit frère.
Une attitude détestable qui m'a empêché de ressentir la moindre sympathie pour elle. Et pour un anime dont on vante le réalisme, Tokyo Magnitude 8.0 échoue à dépeindre fidèlement l'impact psychologique d'une catastrophe de grande ampleur sur deux enfants. Mirai se comporte de la même façon avant et après le séisme, ne prenant conscience de son égoïsme qu'en de rares et trop brèves occasions. Quant à Yûki, il est le parfait contraire de sa soeur : toujours enthousiaste, toujours optimiste, il fait preuve d'un sang-froid et d'une maturité improbables pour un garçon de son âge. Ce sont des gamins, laissez-les paniquer un peu bordel !
Pour finir, Mari est le perso le plus crédible des trois, le plus humain. Sa décision de prendre en charge les deux enfants est compréhensible, tout comme son hésitation à partir seule pour rejoindre plus tôt sa fille. Par contre elle est étonnamment irresponsable par moment, laissant à plusieurs reprises les enfants sans surveillance...
2 - Pathos et loi de Murphy
Les évènements présentés dans cet anime tendent à confirmer la loi de Murphy. "Si quelque chose peut mal tourner, alors cette chose finira infailliblement par mal tourner". Chaque fois que le groupe pénètre dans un bâtiment ou passe sous un pont, chaque fois que les enfants s'éloignent de Mari (ce qui arrive bien trop souvent), vous pouvez être sûrs qu'il y aura une réplique du tremblement de terre pour les mettre dans la merde. Séparément tous ces incidents se tiennent peut-être, mais mis bout-à-bout ils forment un périple malchanceux digne de Pierre Richard. Je me suis parfois cru devant une mauvaise vidéo de prévention qu'on aurait passée à une classe de collégiens pour leur faire peur.
Cette exhaustitivé a toutefois du bon, comme dans l'épisode où le groupe cherche des toilettes pour Mirai. Ce n'est pas glamour mais c'est un problème réel auquel on ne pense pas forcément lorsqu'on nous parle de séisme... Bref, ce genre de détail renforce l'immersion. Reste que la surrenchère de péripéties et de pathos m'a plusieurs fois sorti de l'histoire. La réalisation inégale n'a pas aidé non plus. Je n'ai rien à dire sur les musiques, plutôt bien intégrées, en revanche les bruitages manquent d'impact et l'animation a des ratés. Les CGI utilisés pour représenter les foules se captent à des kilomètres, ça pique les yeux. Le chara-design est plus réussi et les visages expressifs, l'ensemble est correct sans plus.
Pour finir, un petit mot sur les derniers épisodes.
La mort de Yûki est mal traitée. Recourir aux rêves/hallucinations afin d'accentuer le caractère irréel d'une telle perte ainsi que son déni est un procédé intéressant, bien que déjà vu, en revanche il n'était pas nécessaire de faire à ce point trainer les choses... Durant deux épisodes, Mirai parle à son frère décédé sans que ça ne choque qui que ce soit. Que Mari ne trouve pas le courage de lui révéler la vérité passe encore. Qu'aucun des étrangers qu'elle croise ne remarque le problème et ne lui en fasse part est déjà plus difficile à avaler... Ça en devient ridicule sur la fin, lorsqu'elle retrouve l'ami de son petit frère et que s'ensuit une sorte de cache-cache qui n'en finit pas. C'est regrettable car la symbolique est forte, cette poursuite d'un passé déjà enterré, puis le retour progressif à la réalité initié par la découverte des biens laissés par son frère... Ça m'a ému je ne le cache pas, l'ensemble n'en demeure pas moins mal rythmé, d'autant que -il est important de le rappeler- le spectateur est normalement conscient du décès de Yûki dès le départ. Ça nous est plus que lourdement suggéré par le biais des regards peinés de Mari et de l'entrain inhabituel de Mirai. Seuls quelques étourdis auront été choqués par la "révélation" de la mort du garçon.
En bref Tokyo Magnitude 8.0 manque de subtilité, que ce soit dans le traitement des personnages ou dans la représentation de la catastrophe. Cependant l'anime ne manquera pas de faire pleurer les fragiles dans mon genre. Il faut dire qu'il fait tout pour.