Maelström sanguinolent tentant de tendre un pont entre le quartier tokyoïte de Shinjuku et les vallées gothiques de la Transylvanie, le nouveau film de Sono Sion évoque tour à tour le Kubrick de "Shining" (l'hôtel considéré comme piège et dédale mental, longs plans d'échappées dans des couloirs colorés qui semblent refermés sur eux-même) et le "Kill Bill" de Tarantino (séquence de combats au sabre inépuisables où l'eau des fontaines se mélange aux viscères et au sang).
Constamment inventif et violent, "Tokyo Vampire Hotel" est aussi un film très répétitif, qui se mue en une sorte de longue plainte où les personnages jouent pendant plus de deux heures sur le même registre - c'est particulièrement sensible avec l'héroïne (un personnage d'élue pour le peuple des vampires) qui est au bord de l'évanouissement et perd des litres de sueur pendant tout le film. On a parfois mal pour elle en se disant que l'actrice a dû jouer l'épuisement et la douleur sur le tournage pendant de longues semaines... La répétition des mêmes motifs est quelquefois lassante (l'héroïne qui passe son temps à ôter sa perruque pour nous faire découvrir son crâne rasé), quelquefois fascinante. Certaines séquences sont d'une force étonnante, que ce soit le massacre cruel et souriant dans le restaurant au début ou la plongée du personnage de "K" dans les entrailles de l'hôtel où des centaines d'êtres nus tentent de l'avaler.
L'actrice qui joue "K" est d'ailleurs extraordinaire, sa placidité et sa façon de se déplacer sur ses longues jambes donnent au film une classe folle.