J'en suis au onzième épisode, six vus en français et cinq en japonais avec les sous-titres.
Comme Fruits basket, Tomo-chan est une fille ! est une création qui s'inspire de Ranma 1/2. En gros, les deux auteurs étaient friands du manga de Rumiko Takahashi et on a même l'impression que leurs idées ont dû naître au moment d'enfance ou de jeunesse où ils suivaient de près les aventures de Ranma et compagnie. Fruits Basket reprend le côté fantastique, les transformations d'individus et crée sa propre histoire, c'est hélas ! beaucoup moins bien que Ranma 1/2 et ici Tomo-chan est une fille ! reprend plutôt les éléments de garçon manqué qui concernaient à la fois Akane et Ranma en version fille. Tomo est rousse, fille d'un maître de dojo. Comme dans Ranma 1/2, le dojo du père est à l'arrière-plan, on exploite quasi pas les cours qui peuvent y être donnés. Comme dans la série des années 90, les deux héros principaux sont anormalement plus forts que le reste de la population. Comme dans la série de Takahashi, on a une fille qui est trop masculine. Ranma fille est plus le modèle de Tomo, mais on se rappelle des colères d'Akane et de son refus des garçons où elle se ment à elle-même, et tout comme Ranma elle était fille d'un maître de dojo, puisque c'était même son dojo familial qui était mis en avant. Dans Tomo-chan est une fille ! on sent bien que selon les scènes le souvenir de Ranma est tantôt du côté du garçon, tantôt du côté de la fille.
Mais peu importe les subtilités, Tomo fait référence de base à Ranma fille.
Les génériques soulignent nettement la référence à Ranma 1/2. On a le générique de fin avec son fond et les cases de portraits de personnages, on a les deux personnages qui marchent et voulant être en tête finissent par courir, on a les têtes d'excitées de Tomo, on a les coups de pied jambe tendue, le côté de la mère de Rinne une autre série de Takahashi où on tire les joues ou frotte les oreilles d'un individu, etc., il est difficile d'être plus clair en termes d'affiliation.
La série prend toutefois des distances. Les personnages sont assez grands de taille, le garçon a un physique plus dans l'esprit des séries contemporaines que des années 90. Seul le physique de Tomo reste pour le visage étroitement lié à son modèle de référence.
La série suit le principe des comédies de situation, d'histoires courtes avec gags, sauf qu'ici les histoires sont très courtes, deux ou trois par épisode.
Et c'est là que se justifie le "lointain" de mon titre de recension. La série Tomo-chan est une fille ! fait parler les personnages comme de vrais adolescents avec de vraies démarches typiques de leur âge, et des solutions réalistes, et des réactions réalistes. Et du coup, on perd le côté fous rires qu'on pourrait espérer et que la série a envie d'atteindre parfois.
Les gags sont un peu pauvres, ça fait sourire, ça ne fait pas vraiment rire. En plus, beaucoup de blagues n'ont pas des contours très évidents. Parfois, on a une répartie, on voit bien dans la mise en scène qu'il faut la prendre pour une chute qui a de l'impact, sauf que l'impression que j'ai c'est que c'est très flottant.
Du coup, c'est une série qu'on suit aisément pour l'attachement qu'on peut avoir pour le personnage principal Tomo, de loin le moteur. Sans elle l'intérêt de la série aurait bien du mal à se soutenir, mais c'est un atout majeur qui invite à suivre les épisodes.
Malheureusement, si on sait que Takahashi a été à l'école de l'auteur de Lone wolf and cub et a appris l'importance des personnages bien écrits, ici il y a une mise en contexte qui dévisse trop souvent. Ranma, il est une fille malgré lui. Il a une fierté mal placée sur plusieurs sujets. Ici, Tomo est un garçon manqué qui veut être plus féminine pour séduire son ami d'enfance, mais dans le détail de l'histoire on ne peut pas s'empêcher de se dire qu'elle pourrait agir autrement et plus efficacement. On sent pas la situation naturellement fermée de Ranma 1/2, ni les subtiles implications psychologiques. Et c'est pareil pour le garçon. Pour le garçon, il y a même un problème de lancement de la série. Au début, on nous dit bien qu'il sait que Tomo est une fille et qu'il ne veut pas l'admettre, mais on a droit à une série de scènes comme s'il n'en avait pas conscience du tout. Et puis tout d'un coup ça se met en place il est troublé et estime devoir faire attention car leur relation est en train de changer. Lui, il veut rester dans l'idéalisation d'enfance d'un garçon qu'il voulait dépasser à force de s'entraîner avec persévérance en force, rapidité, agilité et courage. Tomo est son modèle masculin et le voilà qui doit se dire que c'est une femme. C'est intéressant, mais scénaristiquement la situation bloquée n'arrive pas à être naturelle. On sent que ça pourrait être plié en deux minutes. Et pire, les gags qui jouent là-dessus et qui terminent un épisode peuvent manquer de fermeté. A certains moments, une histoire se termine et on a l'impression d'être suspendu en l'air, que ça s'arrête au milieu de nulle part, qu'on doit attendre autre chose mais que ça ne viendra pas.
Bref, l'animé est attachant, mais il me laisse une impression mitigée.