Laketop, paisible village lacustre du Sud de la Nouvelle-Zélande est le théâtre d'une histoire tragique. Tout commence par une rencontre, celle de Tui (Jacqueline Joe) et Robin (Elisabeth Moss).
L'intrigue de cette série réalisée par Jane Campion se fait autour d'une enquête policière pour retrouver Tui, jeune fillette de 12 ans, qui s'est enfuie dans la nature. Si l'histoire semble d'apparence simple, la série nous permet d'explorer d'autres personnages et d'autres thèmes. Se mêle ainsi à l'intrigue le douloureux passé de Robin jouée par Elisabeth Moss qui parvient à parfaitement à ce rôle ; l'actrice arrive avec finesse à se débarrasser du personnage de Peggy dans Mad Men même si au début cette image lui colle encore à la peau, elle réussit avec brio à incarner son personnage.
Top of the Lake c'est aussi l'exploration de l'indépendance de la femme (notamment par le personnage de GJ incarnée par la méconnaissable Holly Hunter), du monde la drogue, de la violence et du viol.
Mais Top of the Lake ce n'est pas qu'une série policière, c'est aussi une atmosphère particulière crée par la magie des lieux : des montagnes, des forêt et un lac. Ce lac, est le lieu de toutes les scènes du film, il n'y a pas un épisode où il n'est pas présent. Ce lac reflète avec puissance ce qui se trame dans cette ville d'ordinaire si paisible. Paisible ce lac n'en a que l'apparence, derrière son air tranquille, il ne dort jamais, Johno (Thomas M. Wright) dit à propos de celui-ci : "Une légende Maori à propos de ce lac dit qu'il y a le coeur d'un démon au fond de celui-ci. Il bat, il fait monter et descendre le lac toutes les cinq minutes" (Épisode 2).
Quel est donc ce mal qui ronge Lake top ?
Top of the Lake relève d'une belle performance artistique, le format sériel convient parfaitement, il permet d'approfondir l'intrigue comme cela n'aurait pas pu être possible au cinéma. La série permet ici d'explorer plus en profondeur les différents personnages et de donner à l'histoire une sapidité particulière, elle permet de leur donner une profondeur inouïe. Jane Campion a compris l'intérêt des séries, c'est qu'elles permettent de se libérer des codes du cinéma et de transcender les personnages. La série nous permet aussi bien de nous plonger dans les paysages paradisiaques de Nouvelle-Zélande mais aussi dans les personnages des êtres qui peuplent les rives du lac.
Jane Campion réussie donc parfaitement à donner une certaine force identitaire aussi bien aux lieux qu'aux personnages, notamment par cette luminosité si particulière qui n'est pas sans rappeler les jeux de lumières fabuleux des films de Lars Von Trier (notamment dans Mélancholia).
Ne connaissant pas l'univers de Jane Campion, cette série m'a donné envie d'explorer sa filmographie qui j'espère est aussi riche en thèmes que Top of the lake.
Pour moi Top of the Lake fait incontestablement partie des meilleurs séries que j'aie jamais vu. Je suis heureux de constater que de grands réalisateurs et producteurs se mettent au format sériel alors qu'il a longtemps été crié dans le monde du cinéma. J'espère que cette oeuvre ouvrira la voie à de nouvelles perspectives pour le monde des séries...
P-S : Arte a annoncé l'achat des droits de la série. Top of the lake sera donc bientôt sur les ondes françaises !
