Baraki Land
SAISON 1 Avant que le style documentaire ne devienne courant dans les productions américaines (The Office) Trailer Park Boys a su manier le concept avec intelligence. Je dirais même plus...
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le 21 févr. 2012
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Trailer Park Boys, diffusée sur Showcase en 2001, c’est un peu comme si les Soprano avaient été tournés dans un parc à roulottes, avec moins de classe mais une bonne dose de folie brute et de cœurs d'or planqués sous des litres de bière. Imaginez une série qui suit des anti-héros absolument sans vergogne, déterminés à survivre dans leur microcosme de misère joyeuse, et vous obtenez Ricky, Julian, et Bubbles, trois lascars aussi attachants que déglingués qui, entre deux bières et un joint, tentent de décrocher le plan parfait pour faire de l’argent facile. Spoiler : ça marche rarement.
Les stars du parc ? Ricky, le philosophe de la débauche qui passe son temps à malmener la langue anglaise tout en ayant des théories incompréhensibles mais parfois brillantes, Julian, l’éternel « homme de plans » qui garde toujours un verre de rhum à la main (même en pleine fusillade), et Bubbles, le doux rêveur aux lunettes de soudeur et au cœur tendre, amoureux de ses chats plus que de la vie elle-même. Ensemble, ils forment un trio qui incarne le génie des loosers : ils sont incapables de sortir du parc à roulottes et passent leur temps à échafauder des stratagèmes aussi ridicules que leur conception du "succès".
La série est tournée en style documentaire, avec une caméra qui suit nos héros de très (trop) près dans leurs péripéties. Cet effet « faux-réalité » donne un côté brut et trash qui va comme un gant à l’univers du parc de Sunnyvale. On est loin du glamour hollywoodien ici : tout est poisseux, crasseux, et pourtant, on y trouve une authenticité touchante. Les réalisateurs n’essaient jamais de rendre les choses jolies ou propres, et c’est bien ça qui rend cette série unique. Chaque plan suinte la misère joyeuse, les regards gênés face caméra, et les répliques dignes d’un recueil de punchlines à mourir de rire.
Les situations ? Aussi absurdes que délirantes. Entre les innombrables tentatives pour cultiver de l’herbe dans des lieux improbables (comme dans des voitures ou des caravanes abandonnées) et les arnaques minables pour gagner de l’argent, le trio ne recule devant rien. On se retrouve à rire des pires idées qui leur passent par la tête, simplement parce qu’ils les exécutent avec un sérieux hilarant. Ils volent, escroquent, font des bêtises plus grosses qu’eux, mais toujours avec une bonne excuse et un esprit de famille déconcertant.
Randy, l’assistant du parc toujours torse nu (on vous laisse imaginer le style) et le directeur Jim Lahey, ex-flic alcoolique obsédé par la destruction de Ricky et Julian, complètent ce portrait d’un univers où les "figures d'autorité" sont encore plus perdues que les criminels du dimanche. La relation entre Lahey et Randy, qui fluctue entre amitié, rivalité et pur chaos, est une des grandes forces comiques de la série. Lahey, souvent ivre comme un Polonais en festival de la vodka, voit des conspirations partout et se lance dans des croisades dignes de Don Quichotte pour rétablir « l'ordre » dans Sunnyvale. Spoiler : ça tourne mal pour lui, à peu près toujours.
Ce qui fait la force de Trailer Park Boys, c’est que sous l’humour potache et les péripéties de délinquants ratés, il y a une vraie tendresse. Les personnages, malgré leurs vices et leurs tendances autodestructrices, sont profondément attachants. Ils sont loyaux, fidèles, et même les pires ennemis finissent souvent par se réconcilier autour d’un verre. Le parc à roulottes, pour eux, c’est plus qu’un lieu de vie : c’est une famille de marginaux qui se serrent les coudes contre les flics, les huissiers, et parfois la simple réalité de la vie.
Si on devait reprocher quelque chose à la série, ce serait son côté répétitif. Les saisons suivent souvent le même schéma : Ricky et Julian échafaudent un plan foireux, Bubbles s’inquiète, Lahey et Randy tentent de les arrêter, tout part en vrille, et tout le monde retourne en prison pour mieux recommencer. Mais étrangement, cette routine fait partie du charme. On sait que tout va exploser, que les situations vont dégénérer, et pourtant, on revient encore et encore, juste pour voir jusqu’où le chaos peut aller.
En résumé, Trailer Park Boys est un chef-d’œuvre d’humour trash et de débauche assumée, un hommage aux loosers magnifiques qui préfèrent l’amour d’une bande d’amis au confort bourgeois. Avec son univers déglingué, ses personnages hauts en couleur, et ses répliques inoubliables, la série nous montre que, parfois, il suffit de savoir apprécier la vie, même si elle se résume à des roulottes, des chats errants, et des rêves de délinquance mal ficelés.
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Créée
le 6 nov. 2024
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