Trigun, diffusé en 1998 sur TV Tokyo, c’est un western futuriste comme on en voit peu, où l’espace est désertique, les villes pleines de cow-boys excentriques, et où l’on croise un héros improbable : Vash the Stampede. Ce "typhon humanoïde" est un tireur légendaire avec une prime démesurée sur la tête et une réputation de destructeur invétéré. Pourtant, derrière son allure de cowboy en rouge vif et ses lunettes cool, Vash est un pacifiste débonnaire, dont les gaffes sont plus fréquentes que ses coups de feu et dont le cœur est aussi gros que son sens du drame.
La série nous plonge dans un monde désertique inspiré du Far West, peuplé de bandits, de saloons, et de fusillades. Vash est poursuivi par deux employées d’une compagnie d’assurances, Meryl et Milly, qui sont chargées de limiter les dégâts causés par ses présumées "destructions massives". Ce duo féminin apporte à la fois du comique et du recul par rapport au personnage excentrique de Vash, qui, malgré sa réputation, passe plus de temps à sauver des vies et à distribuer des discours sur la non-violence qu’à tirer des balles. Meryl, sérieuse et pragmatique, se retrouve souvent consternée par les clowneries de Vash, tandis que Milly, naïve et gentille, le suit avec un enthousiasme désarmant. Leur dynamique à trois forme le cœur comique de la série.
Vash est un héros atypique, qui traverse chaque situation en jonglant entre la bouffonnerie et la sagesse, et sa capacité à éviter les conflits le rend aussi attachant qu’intriguant. Mais le passé mystérieux de Vash se dévoile au fil des épisodes, et ce qui semblait être une simple comédie de science-fiction se transforme progressivement en drame philosophique. Vash cache un passé complexe, plein de tragédies et de dilemmes moraux, et l’apparition d’un antagoniste redoutable, Knives, révèle les cicatrices profondes de son histoire. Les thèmes de la rédemption, de la culpabilité et de la paix sont omniprésents, ajoutant une profondeur inattendue à l’intrigue, même si cela contraste avec les moments plus légers et burlesques de la série.
Côté visuel, Trigun a le style bien particulier des animes des années 90, avec une animation parfois un peu rigide mais qui compense par une atmosphère unique. Les décors sont à la fois bruts et charmants, rappelant l’ambiance des westerns classiques avec une touche de science-fiction. Les fusillades, bien que souvent éclipsées par la volonté pacifiste de Vash, sont stylisées et mémorables, et les armes futuristes, combinées aux éléments rétro du Far West, créent un univers visuel distinctif. La tenue de Vash, ce long manteau rouge vif, est devenue iconique et symbolise parfaitement son personnage : flamboyant mais plein de contradictions.
Cependant, la série peut parfois sembler inégale dans son ton. Le mélange de comédie slapstick et de drame introspectif peut dérouter, et le rythme des épisodes, entre gags absurdes et révélations tragiques, donne parfois l’impression que Trigun hésite entre deux genres. Certains épisodes sont purement comiques et tournent autour des gaffes de Vash, tandis que d’autres plongent dans une atmosphère beaucoup plus sombre, presque mélancolique. Si cette alternance donne de la profondeur à la série, elle peut aussi déconcerter ceux qui s’attendaient à une aventure plus linéaire.
En résumé, Trigun est une série audacieuse et attachante, qui combine avec talent l’univers du western, la science-fiction et des thèmes philosophiques. Elle propose un personnage principal aussi iconique qu’atypique, un "héros" qui incarne l’anti-violence dans un monde où tout semble résolu par la force. Pour ceux qui apprécient l’absurde, les dilemmes moraux et les pistolets laser, Trigun est un voyage unique dans un désert cosmique où l’humour et la tragédie s’entremêlent. Mais pour les spectateurs qui préfèrent un ton plus homogène, Vash et ses gaffes intempestives pourraient bien se perdre dans l’immensité désertique.