A une époque où sortait des ovnis comme Cowboy Bebop, des dystopies comme Gunm et où Céline Dion surfait encore sur le succès de "Pour que tu m'aimes encore", Trigun version animé se faisait un petit trou dans un monde de brute. Passé complètement à côté, ce n'est que récemment que je me suis intéressé, pour ma plus grande joie, à ce joli morceau d'animation nippon.
On peut dire de Trigun qu'il est représentatif de son temps, c'est une de ses première caractéristique. Les inspirations m'ont semblé diverses et variées : La responsabilité de l'homme dans la perte de sa planète, une forme de conscience écologique qu'on retrouve dans Nausicaä. Un monde désertique, asséché, où les hommes luttent contre la planète et contre les bandits : Hokuto no Ken. Dans l'animé, certaines musiques rappelle la superbe bande-son de Cowboy beebop... et on peut se demander si le style de Vash the Stampede, dégingandé,à côté de ses pompes et le regard tristement dans le vague n'a pas inspiré Watanabe pour le chara-design du bon Spike.
Plus encore, Trigun pioche allègrement dans des références cinématographiques qui font partie de la culture commune, le western notamment, les bagarres de saloon, les duels de pistolero... Vash aurait eu un harmonica que ça m'aurait pas choqué. Les personnages sont d'ailleurs dans la veine des Western Spaghetti, ni totalement noirs, ni totalement blancs... Sauf Vash, on y reviendra.
Vous l'aurez compris, l'action se déroule dans un monde qu'on pourrait qualifier de Western/post-apocalyptique. L'humanité est sur une planète désertique et ne survit que dans des villes, simples bourgs perdus dans l'immensité du désert. L'humanité est dépendante de centrales énergétique qui se présentent sous la forme de grosses ampoules, vestiges d'une technologie oubliée. Au milieu de tout ça, Vash the Stampede, le typhon humanoïde, dont la tête est mise à prix à 60 milliards pour destruction de ville, sème la peur et la destruction...
Mais en fait, Vash c'est un type sympa. C'est ce que vont découvrir rapidement Derringer Meryl et Stungun Milly, deux employées d'une compagnie d'assurance chargées de le poursuivre afin de l'empêcher de causer plus de dégâts.
Trigun, c'est en premier lieu comique. Vash est un Gaston Lagaffe en puissance, sensible et pleurnichard, là où on attend un meurtrier sans pitié et sans cœur. Les personnages secondaires ont tous leurs défauts exagérés à outrance : Milly est naïve mais forte comme un buffle, Meryl la chef qui refoule ses sentiments, Woolfwood le sidekick au lourd passé, tête en l'air trop relax... Les gags se répètent parfois, ils font souvent mouche. Le personnage de Vash, quoique dans un certain sens classique, reste très amusant, son penchant pour la ripaille et son côté flipette le rendant particulièrement attachant. Véritable Christ des temps modernes, il prend parti de porter toute la misère du monde sur ses épaules, se refusant absolument à tuer même le plus indigne des enfants de salaud, plaçant au dessus de tout la défense de la vie humaine. Calomnié, vu comme le pire des tueurs de cette planète, le "Typhon humanoïde" se révèle un être plein de compassion, droit, intègre et bon.
Ensuite, Trigun, c'est des scènes d'actions... beaucoup d'action ! Des gunfights dynamiques, des scènes de duel où la tension est palpable, un nemesis et son bras droit badasses au possible. Trigun t'envoie de la testostérone en concentrée, c'est appréciable, surtout tempérée par le côté complètement décalé de Vash. Chaque scène d'action est soutenue par une bande-son bien choisie, tantôt un blues à accent plaintif (à grand renfort de slides bien sentis ) et tantôt un rock ultra-dynamique. Trigun reprend avec brio certains codes du cinéma, et c'est tant mieux. Côté technique, l'animé n'a pas à rougir de son animation, plus que correcte pour l'époque. On notera côté technique quelques problèmes de perspectives, quelques plans dessinés à la va-vite, heureusement trop rare pour gêner. Les seiyūs font un bon job de doublage, pour autant qu'un non japonais puisse le remarquer. Certaines voix pourront nous sembler familières comme celle de Wolfwood incarné par Shō Hayami (qui doublera Aizen, mais contribuera aussi à de nombreux autres animés comme Baccano, Saint Seya, Samurai Champloo...).
Enfin, Trigun c'est aussi des plantages, essentiellement scénaristique, l'animé est un peu léger et ne fait qu'effleurer certains aspects que l'on aurait aimé ne voir pas éluder aussi rapidement.
[Je vais devoir SPOILER un petit peu, attention si vous n'avez pas vu, sautez à la conclusion ]
Quid des "êtres hors du temps", dont on découvre vaguement l'existence à l'épisode 21, qu'on comprend lié à Vash et à son frère Knives, mais dont on te parle à peine après ? Comment marchent les centrales ? Vash est une plante, soit, mais encore ? L'animé passe très rapidement sur ces sujets centraux, laissant énormément de flou sur les enjeux de l'animé. C'est dommage, on aurait pu avoir un animé bien plus profond, bien plus marquant. Tout y était pourtant, mais il manque un je ne sais quoi qui, à mon grand désespoir, lui nuit cruellement.
[Fin de SPOILER]
Trigun, ne vous privez pas de le regarder : C'est fun, les gunfights sont jouissifs, les héros et méchants charismatiques, la bande-son est bien branlée et me rappelle Cowboy Beboop, en un mot comme en cent, ça tue la bite.
Toujours est-il que l'animé ne rentre pas assez profondément dans les thèmes qu'il aborde, hormis les inspirations bibliques et l'aspect christique de Vash.
On passe un bon moment, pour aller plus loin, je pense qu'il faut lire le manga papier... à suivre.