Le Chaos rédempteur ( saison 1)

    C'est dans l'obscurité la plus totale qu'on finit par y voir plus clair. Là ou l'être humain n'est plus à même de définir ce qui est bon ou mauvais, où aucune structure n'est plus en mesure de lui inculquer des valeurs morales, essentielles à la vie en communauté, il sombre dans le chaos, un chaos salvateur. 

Bienvenu dans la Louisiane profonde et décadente. On rencontrera dans cette série toutes sortes de rebuts de la société. Ayants vécues dans ce qui paraît être un pays à l'abandon, une terre infertile, rares sont les personnes qui demeurent intègres. Nées de ce chaos, elles sombrent sous diverses formes de décadences. Incapables de sanité morale elles n'ont d'autre choix que d'adhérer à des institutions illicites pour survivre. Drogues, satanisme, extrémisme religieux ou encore grand banditisme deviennent ainsi un échappatoire au suicide.

C'est dans ce cadre despotique que nous assistons à la mise en place d'une série de meurtres, dont la mise en scène millimétrée, tire ses sources du rite satanique. Un véritable mythe sera peu à peu construit autour d'un mystérieux serial killer qui fera se poursuivre l'enquête sur des décennies, un peu à la manière dont le zodiaque aura privé de sommeil San Fransisco durant des années.

Et c'est à la tête d'un des thriller des plus obscure de nôtre époque, qu'on retrouvera LE duo qui aura marqué au fer rouge l'histoire de la série policière, rendant insipide bon nombres de performances avec des thématiques similaires . En supposé leader Marty Hart (Woody Harrelson), jouera avec une aisance déroutante le rôle du charismatique cow-boy américain. Son hypocrisie désormais légendaire servira non seulement de matière première à une enivrante trame conjugale mais donnera surtout la réplique à son homologue, le phénomène Rust Cohle, interprété par l'indomptable Matthew McConaughey. « You d'ont pick your parents , you don't pick your partner ». That's what Marty Hart said. Et pour cause, Rust se définit lui même comme un réaliste mais on pourrait réalistiquement le redéfinir comme un pessimiste. Las de l'hypocrisie humaine et de sa tendance naturelle à annihiler tout ce qu'elle touche, le « percepteur » (surnom qu'il se voit attitrer pour sa faculté à sous tiré des aveux) est omniscient. C'est un homme de glace, il tourmente éthiquement et philosophiquement à la fois son partenaire et le spectateur. Ses réflexions personnelles sont certes, terriblement amers mais se verront également criantes de lucidité sur un monde qui, à l’évidence est une véritable caricature du péché humain.

A la fois charismatiques, percutants, cinglants, mais aussi touchants nombreux sont les adjectifs qui collent à la peau de ce duo explosif. La performance est dantesque, d'autant plus que dans leur vie respectives ces deux acteurs ont des croyances diamétralement opposé de celles de leurs personnage. En effet Woody Harrelson pourtant athée assumé, se verra à maintes reprises défendre ses idéaux catholiques face à la rancœur religieuse de Matthew McConaughey, pourtant chrétien de confession.

Si l'objectif d'une bonne série policière est de procurer, de part son intrigue, à la fois frissons et admiration mais aussi dégoût et consternation alors, True detective est pour moi la référence. En effet ses qualités, qui en font une série à part, sont nombreuses. Un de ses secrets sont ses captivants dialogues qui, pour la plupart, se veulent certes, moralistiquement glaçants mais sont aussi et a bien des égards satiriquement hilarants. Les plans de caméras y sont variés et esthétiquement bluffants. Gros plans, paysages, courses poursuites, toute la panoplie du cinéaste est de sortie. Le réalisateur Cary Fukunaga va même jusqu'à nous pondre un plan séquence d'une intensité rarement égalée.
Pour finir, je dirais qu'on peut tout simplement considérer True detective comme une expérience dualiste, une confrontation entre le bien et le mal quasi constante qui esquive avec brio le manichéisme classique que peuvent proposer d'autres séries. C'est une alchimie parfaite, bouleversante et intrigante, à consommer sans modération.