Cohle of Cthulhu
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Je hais les cop show, je ne supporte plus de voir des séries de 24 épisodes dans lesquelles on assiste à un schéma identique 90 % du temps. Un crime commis durant l'introduction, une enquête, 3 suspects arrêtés, puis à la 39ème minute, l'affaire est résolue pour tenir dans un format de 42 minutes lors de confrontations de plus en plus aberrantes. J'en ai assez de voir 3 gars avec un coton chercher une trace de sperme quelconque et faire des analyses en 10 minutes pour au final partir sur une fausse piste, je suis devenu allergique à toute série ayant pour titre experts, disparus, ou unités, même les mentalistes et les écrivains qui peuvent au préalable donner la fausse impression que tout sera différent finissent par devenir terriblement lassants.
Mais voilà cette fois ci, la donne est différente, c'est HBO et HBO, c'est The Wire, les Sopranos ou GoT, c'est un format de 8 épisodes qui fonctionne toujours à merveille chez nos voisins Anglais, et c'est un casting dantesque, Woody Harrelson et l'immense McConaughey tout juste Oscarisé qui s'y collent.
Porté par un générique visuellement sublime qui donne le ton du show, True Detective dès le premier épisode jette son dévolu sur son spectateur et le happe immédiatement dans le sud de la Louisiane et sa moiteur ambiante. Aidé par sa belle photographie, une réalisation impeccable et de longs plans de toute beauté qui s'attardent sur les décors naturels de quoi en faire un personnage à part entière. Marécage sordide, chaleur humide, comme Jeff Nichols avait su le faire avec Mud et l'Arkansas, la série transpire la Louisiane par tous ses pores et offre une immersion nécessaire pour suivre l’enquête qui durant cette anthologie va nous hanter. D'une qualité d'écriture exemplaire qui évite avec finesse l'écueil de l'intrigue tarabiscotée, d'une intensité palpable qui force le respect. Les indices sont distillés au compte goutte et forment un tout magistralement orchestré à l'heure de la révélation finale.
Et ce n'est pas seulement son intrigue qui est à encenser, la construction et l'évolution de ses protagonistes sur une durée de 17 ans alimentés par des flashbacks récurrents offrent quelque chose d'assez unique. Mcconaughey est tout bonnement monstrueux, et campe en 8 petits épisodes l'un des personnages les plus fascinants du paysage audiovisuel, look improbable, questions existentielles, empreinte de pessimisme philosophique sont débités avec détachement ou dans une sorte de transe qui ferait presque peur. Woody Harrelson pourrait en témoigner, ne sachant jamais sur quel pied danser avec lui comme pour le binôme légendaire Sherlock / Watson. On vit l'enquête à travers ses yeux et son incompréhension devant les théories loufoques de Rust qui semblent pourtant cohérentes une fois expliquées et décortiquées.
Aussi bien dans sa forme, ce putain de plan séquence épique à souhait que dans son fond, rien n'est laissé au hasard, chaque pièce du puzzle, chaque témoignage autour du Yellow King est là pour une bonne raison. True Detective est un formidable One Shot, crade mais délectable, lancinante et poignante, cette anthologie s'impose d'ores et déjà comme l'une des pièces maitresses de la télévision, à découvrir de toute urgence.
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le 10 mars 2014
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