Après m'être infligé Sailor & Lula (comprendre par là que je n'ai pas du tout accroché), on m'a conseillé Twin Peaks pour découvrir Lynch, réalisateur dont je n'ai jamais vraiment connu les œuvres, si ce n'est les pubs très réussies du "3ème monde" pour la Playstation 2. C'est dire si mes connaissances étaient limitées sur ce réalisateur.
Chose à savoir, je n'ai jamais été très fan du format série.
On y trouve trop souvent des longueurs inutiles et un manque de moyen pour tout calibrer à la télévision, avec la sale impression personnelle d'y perdre un temps considérable. Alors qu'à coté de ça je vois la possibilité d'enrichir infiniment ma culture cinématographique, une catégorie que je trouverai toujours plus poussée et intense qu'une série. Le choix est donc généralement vite fait pour moi, à tort ou à raison.
Mais Twin Peaks c'est des genres qui me parlent (thriller/humour/fantastique), c'est une dimension avant-gardiste et une source d 'inspiration perpétuelle, c'est le début des 90's avec toute cette vague de séries marquantes que je regardais gamin et qui ont suivi sa diffusion (X-Files en premier lieu) et surtout, c'est une production finalisée qui ne dure pas 1000 ans. De plus, cette série a été très largement saluée par la critique ; il suffit de voir sa place dans le TOP du site pour se rendre compte du phénomène.
Amusant et intriguant de voir une telle popularité pour une série qui a plus de 20 ans et qui a été très peu diffusée en France, à l'heure où les Dexter et autres Desperate Housewives font la une partout.
Malgré un pilote qui peut refroidir lorsqu'on découvre cette teinte 90's clichouille servant une photo moyenne, cet environnement très américain vu et revu et la dégaine affligeante des personnages, j'ai très rapidement accroché. Pourtant TP n'est pas non plus une merveille scénaristique la plupart du temps, j'ai d'ailleurs trouvé le twist sur Laura Palmer et Bob totalement maladroit et décevant. Mais j'ai été pris dedans quand même, car tout transpire le travail bien fait avec une alliance de genres fusionnés à la perfection... Même 20 ans après c'est impressionnant. Twin Peaks est une série incroyablement bien écrite, rythmée, mêlant le drôle, le cliché assumé au glauque/fantastique.
Les personnages sont tous très travaillés. Cooper, le protagoniste principal, est un personnage exceptionnel qui sert totalement le récit et l'ambiance si particulière de cette bourgade forestière aussi charismatique qu'inquiétante.
Comme me le soulignait une amie, "on vit Twin Peaks", on vit aux cotés de ses habitants détenant tous leurs petites histoires respectives. Alors même si je reproche énormément à la série (mais c'est souvent le cas avec les séries) de trop s'attarder sur des "à coté" dont on se fout au détriment de l'intrigue principale, la plupart de ces histoires parallèles sont amusantes, rarement emmerdantes et permettent de développer les personnages secondaires avec génie.
Mais Lynch/Frost en ont parfois trop fait à mon sens, l'intrigue est trop souvent mise de coté pour raconter des événements parfois inutiles, surtout durant la 2ème saison. Je pense sincèrement qu'il aurait fallu conserver ce schéma et l'épurer pour doubler et complexifier l'intensité de la trame principale. Le puzzle de Twin Peaks en aurait été magnifié pour ma part.
Je parlais plus haut de la déception engendrée par le twist grossier et facile sur Laura Palmer, mais j'ai été également déçu du fait qu'on passe très (trop ?) rapidement à autre chose, sans en développer davantage. Lorsque "l'ennemi" de Cooper débarque, j'ai commencé petit à petit à voir l'ennui se pointer, l'intrigue s'éparpillant de plus en plus sur les à cotés avec le thème de Laura Palmer tout simplement oublié (j'étais même étonné de toujours voir sa photo durant les génériques de fin). La fin de l'arc de la scierie est d'ailleurs très décevante : le coup de la banque... Ça valait bien la peine de nous raconter tout ça.
Mais coup de maitre de la part de Lynch : la fin de Twin Peaks.
Difficilement interprétable, analysable, elle a le mérite de rassembler toutes les enquêtes de Cooper et même certains détails des arcs parallèles au même endroit et au même moment, dans un seul puzzle littéralement cauchemardesque. Cette fin nous renvoie aux différents événements passés sans nous donner les véritables clés de l'intrigue, en nous forçant à pousser la réflexion pour comprendre ses tenants et ses aboutissants. Je n'ai pas su crier au génie ou au "tirage de cheveux" tellement j'ai été dérouté par ce passage extrêmement glauque et fascinant, sans oublier le final avec Cooper... J'en frissonne encore.
Et j'y pense encore 3 jours après avoir fini la série.
"La vérité est ailleurs" !
Même si certains points m'ont personnellement refroidi (d'où mon 7 - qui évoluera peut être en 8 avec du recul), Twin Peaks reste une série qui mérite totalement son statut d’œuvre avant-gardiste, atypique et globalement réussie dans tous les genres avancés.
Je recommande vivement car je ne peux nier avoir passé un bon moment aux cotés de tous ces personnages burlesques et de ne pas avoir été marqué par l'ensemble du récit.