J'ai attendu 2023 pour enfin m'y frotter, assez hermétique d'habitude aux délires lynchiens que je trouve plus prétentieux que réellement intéressants...
... et Twin Peaks m'a mis une claque énorme. A l'exception de quelques sous-intrigues pas passionnantes (mais qui contribuent à construire la mythologie du lieu et des personnages) et d'un coup de mou en milieu de saison 2, c'est une série absolument fascinante, dont la grande intelligence et de nous faire basculer progressivement du réel vers l'onirique, permettant aux rationnels chiants comme moi de plonger après s'être mouillé la nuque. Remarquablement écrite, jouée, mise en scène, drôle à souhait, Twin Peaks désarçonne constamment, surtout quand on s'en était fait une idée (laquelle ?) en se basant sur sa réputation (la meilleure série de tous les temps, mais peut-être la plus inaccessible aussi ?).
Enchaîner d'une traite les 3 saisons et être confronté en un générique à 25 ans de saut dans le temps s'avère être une expérience incroyablement émouvante et troublante, et si les audaces formelles finissent par nous perdre, il y a toujours une multitude de liens auxquels se raccrocher pour ne pas abandonner la partie. Cette saison supplémentaire fourmille d'idées dingues (visuelles, sonores, scénaristiques, de montage), dont certaines apparemment gratuites mais géniales (comme ces concerts en fin de chaque épisode) et achèvent de signer un monument dont la grosse majorité des productions audiovisuelles de ces 30 dernières années sont les filles cachées, ou au moins les nièces.
Une série mythique, dont chaque élément resté gravé, bien au delà d'une simple histoire policière (mais malgré tout réussie sur ce point-là), un véritable écosystème choral à la fois affreux et tendre, un rêve fiévreux à la fois surréaliste et anodin (comme le sont tous les rêves), un voyage à la fois agaçant et génial, de façon indissociable.
Le seul cauchemar dont on ne souhaite jamais sortir.