Cette série, tirée du récit autobiographique de Deborah Feldman, nous plonge dans la communauté juive hassidique de Brooklyn. Difficile de savoir à quel point la situation dépeinte à Williamsburg est conforme à la réalité mais le spectateur vit avec Esther l’étouffement d’une vie dans cette société cloisonnée ou la situation des femmes est bien peu enviable : sois un utérus et tais-toi ! A l’heure ou le confinement parle désormais à chacun d’entre nous, on suffoque avec Esther.
Les réalisatrices ont par ailleurs bien réussi à nous faire ressentir la transition complexe vers le monde ou tout semble possible, liberté éblouissante après un trop long passage dans les limbes de l’extrémisme orthodoxe. Et ce pauvre Yakov Shapiro, totalement perdu entre les deux mondes qui voit laisser filer l'être aimé par trop de maladresse et de méconnaissance. Les acteurs sont convaincants et la réalisation n’est pas moralisatrice envers les traditions juives orthodoxes.
N’en reste pas moins qu’on ressent le décalage entre la partie romancée à Berlin et les faits réels de NYC : dommage. Berlin est réduit à un espacé publicitaire comme horizon de liberté. De même certains éléments n’apportent rien au scénario : l’arme (qui vient mettre au second plan pendant un instant la violence psychologique), le vice du jeu de Moische… Cette série aurait sans doute mérité quelques épisodes de plus pour qu’on puisse mieux comprendre la complexité de la situation.
En conclusion, il ne faut pas voir dans cette série une vision contestataire ou sulfureuse du fanatisme religieux, mais plus l’évasion intime d'une femme vers la liberté aussi attirante qu’effrayante.