Voilà une série plus que jamais d’actualité : au jour d’aujourd’hui, rien ne certifie que nous ayons eu la visite d’extra-terrestres, les visiteurs ne sont pas (encore ?) arrivés, mais la Californie est bien asséchée, comme dans le film, mais par les hommes ! Les visiteurs, c’est nous !
Trêve de plaisanterie, les deux premières mini-séries V (je ne parlerai que d'elles ici) consistent en une transposition de la Seconde guerre mondiale en Europe dans les années 1980 aux Etats-Unis : les parallèles sont très nombreux, avec des camps, des tortures et expériences diverses, la chasse aux scientifiques (équivalents des juifs), le symbole des visiteurs qui est très proche de la croix gammée… Surtout, on nous présente la résistance à ces Visiteurs qui n’ont pas tout à fait les intentions qu’ils mettent en avant. Une résistance qui se construit difficilement, mais qui parvient tout de même à déranger les projets des Visiteurs, bien que certains hommes se vautrent dans la collaboration. Comme pendant l’Occupation française, les attitudes sont très variées, des résistants engagés à fond aux collabos en passant par les attentistes et les résistants passifs. Il est intéressant de voir qu’il y a des débats parmi les résistants (question du leadership, mais surtout des méthodes à adopter, classique débat sur la fin et les moyens). Les affiches, le V ainsi que les quatre premières notes du thème musical, qui étaient aussi les premières de l’émission de la BBC « Les Français parlent aux Français », ainsi que celles du début de la Vème symphonie de Beethoven, ou encore la lettre V en morse, tout cela montre une volonté de transposer aujourd’hui la période de l’Occupation allemande en Europe durant la seconde guerre mondiale.
Bref, une série intéressante, car elle repose dans le monde actuel les enjeux d’une éventuelle résistance. Au départ, l’idée de Kenneth Johnson était même de placer l’action dans une Amérique où les fascistes auraient pris le pouvoir (à partir d’un roman de Sinclair Lewis, Impossible ici). Tout cela est intéressant, mais ce qui fait peur, aujourd’hui, c’est qu’on peut se demander si une telle résistance, présentée dans ces séries dans les années 1980, serait possible ou pas aujourd’hui, tant les moyens de contrôle ont prodigieusement augmenté… …
En dehors de ces aspects politiques, les épisodes des deux premières mini-séries sont plus ou moins intéressants et utiles, mais dans l’ensemble plutôt sympa, avec en plus quelques histoires d’amour, des histoires familiales, des rivalités, des coups bas, de possibles trahisons, etc. Et puis, on est dans le début des années 80, on reprend les lasers de la guerre des étoiles parce que ça fait vachement bien ! La fin de la deuxième mini-série est même formidable, avec cette victoire sur la barbarie emportée grâce à des ballons qui se multiplient dans le ciel.
Surtout, V, c’est d’abord et avant tout des personnages attachants, et je me suis demandé ce qu’étaient devenus tous ces acteurs, dont les visages sont gravés dans ma mémoire, quasiment tous assimilés dans ma tête à leurs personnages dans V. Et bien, il faut dire que la plupart n’ont pas connu de très grand succès au cinéma, restant des comédiens de seconde zone, surtout pour des séries télé. Pourtant, Faye Grant (Julie, chef de la résistance), est formidable dans la série, de même que Jane Badler (l’infâme Diana), Marc Singer (Mike Donovan) est très charismatique, et il y a tant d’autres personnages attachants. Seuls Michael Ironside et Robert Englund (par la suite Freddy Krueger, ici le gentil Willy !) feront une carrière remarquable dans le cinéma après V.
Bref, une série majeure de ma jeunesse, qui a dû passer pas mal de fois à la télé ; une série que je viens de revoir à nouveau avec plaisir, trente ans après… Je la reverrai dans quelques temps avec mes enfants, je suis sûr que ça passera bien.