Vampire Princess Miyu
6.7
Vampire Princess Miyu

Anime (mangas) TV Tokyo (1997)

Il ne suffit pas d'être le meilleur techniquement pour faire partie des meilleurs.

Les séries c'est comme le cinéma ( je dirai même que c'est la même chose ), c'est un ensemble de professions qui coordonnent leur savoir faire pour créer un objet audio visuel qu'on appelle ici série. Ce qui distingue une bonne série d'une mauvaise est principalement comme le film non pas l'équilibre entre les différentes professions mais leur dosage. Vampire Princess Miyu en est un exemple parfait.
Si on recontextualise un peu l'époque de sa création, nous sommes en 1997 à cette époque les anime sont encore réalisés très majoritairement en celluloïd et l'animation informatique ne sert alors souvent que de complément à l'animation. En l'année 1997 donc réaliser une animation fluide et animer des mouvements de camera n'étaient pas une mince affaire ( je suppose que ça ne l'est toujours pas de nos jours mais l'animation par ordinateur facilite grandement les choses ) ça demandait du temps, des efforts, des cellulo, de l'encre, du papier, de l'argent,bref beaucoup de choses.
Et c'est par là que je veux commencer Vampire Princess Miyu si on ne s'attarde que sur le point de vue technique est très pauvre. L'animation est souvent simple bien qu'il lui arrive à certains moments d'être étonnamment beaucoup plus fluide. Mais en plus de cela il lui arrive d'être assez cheap. Quant à la caméra je n'ai pas souvenir d'avoir vu quoi que soit qui sorte de l'ordinaire, on reste sur une succession de plan fixe, avec quelques zoom et dézoom, quelque travelling, bref les animes de la décennie antécédente savaient le faire tout aussi bien et se montraient même plus ambitieux. Ainsi, la série ne brille clairement pas pour sa technique elle même il faut se l'avouer ( parce que j'en ai vu certains excuser la série avec ce genre d'argument ) bien en deçà des standards d'un anime de 97.
Alors qu'est ce qui permet à Vampire Princess Miyu d'obtenir un 7 de ma part ce qui n'est pas rien ( je voulais même lui octroyer un 7,5 mais le système de notation est trop imprécis ) et bien c'est tout le reste, c'est ce qui fait que je le recommande à tout ceux qui sont intéressé par cette période de l'animation et qui ont l'intelligence de savoir recontextualiser une œuvre.
Tout d'abord, parlons de son scénario le scénario parait assez simple de prime abord, c'est l'histoire d'une vampire qui ne craint pas tout ce qu'un vampire normal est censé craindre ( mais bon Japon ) qui doit chasser des créatures de l'ombre les shinma du monde des humains et on suit donc dans chacun des épisodes l'affrontement d'un shinma particulier. Toutefois, la série au fur et à mesure que l'on avance se révèle bien moins simple que prévu. En effet, ici la série adopte un ton tragique voir même cynique, les méchants ne sont pas forcément méchant ( même s’il y en a mais ils ont surtout un point de vue différents ), les histoires ne finissent pas bien, elles aboutissent surtout à un compromis aux conséquences douloureuses ( les victimes restent des victimes prenez par exemple l'épisode des filles transformées en mannequin vivants, elles seront toujours prisonnière pour l'éternité de cette galerie maudite ) et l'héroine est pris au piège dans un destin auquel ne peut échapper ( on voit bien ici la notion de fatalité propre à la tragédie, l'héroine sera d'ailleurs souvent face à des dilemmes ). En outre, c'est le traitement des personnages et leur rapports entre eux qu'il faut aussi souligner,pour chacun d'eux dès que la série décide de les incorporer à l'histoire elles nous donnera tout ce qu'il faut savoir de leur passé, état d'esprit et motivations. Ensuite c'est justement cela qui va permettre de comprendre le rapport entre les différents personnage, ils sont ennemis ou amies selon justement la différence qu'il y a entre les différents critères de leur personnalité; le personnage de Reiha par exemple à une personnalité plus froide que Miyu ( ce qui n'est pas rien ), elle a moins de considérations pour les êtres vivants (shinma ou humain ) et se montre plus méthodique elle méprise d’ailleurs la protagoniste à qui elle reproche de ne pas mettre assez de sérieux à son ouvrage, cela s'explique par la solitude qu'elle a connu dans son enfance, aussi elle a perdu sa mère depuis longtemps et perd son père quand la mère de Miyu meurt alors qu'elle n'avait plus de père (belle allittérations en r,p,m) ce qui illustre ainsi leur rivalité. Néanmoins, on peut aussi classifier les rapports entre alliés et ennemis, qui se caractérise par la connaissance qu'ont les personnages de l'autre et les intérêts qu'ils ont à former une alliance, les amies de Miyu ignorent ainsi totalement son identité de vampire ce qui lui permet à la fois de se fondre parmi les humains mais aussi de répondre à la fois à son besoin d'amitié. C'est d’ailleurs ce besoin qui lui sera fatal. Ainsi, la série ne montrent pas à ma connaissance d'incohérence dans son scénario, celui-ci est bien construit que cela soit dans son déroulement ou dans la construction de ses personnages et nous apportent des réflexions intéressantes que je n'ai cependant pour l'instant pas tout à fait saisie ( c'est pour cela que je n'en ai pas parlé ).
Pour finir, parlons du point fort de l'anime sa réalisation, elle sublime le scénario je dirai même qu'elle le complète. D'abord parce que la mise en scène nous plonge directement dans l'ambiance de la série entre des scènes utilisant l'horreur, le suspense et des scènes plus mélancoliques, voir bucolique. La mise en scène joue sur la vision du réel, on affronte son propre reflet, ses proches, ses regrets, on ne parvient plus à savoir qui est qui; dans un épisode une personne change totalement de corps après avoir été ressuscité, cependant il ne contrôle plus ce corps ce qui se voit par ses réveils brutaux, les objets personnels de ces victimes et sa panique de plus en plus croissante. Elle joue aussi sur le comportement de ses personnages qui peuvent se montrer très fragile et influençable,leur changement se fait soit progressivement, soit est déjà présent, soit est plus brute ( cela dépend de la durée de leur relation de avec le shinma et la consistance de son envoutement ) une femme qui devient de plus en plus froide et dure au fur et à mesure qu'elle est prise d'affection pour son chat, une personne qui est prête à accepter des meurtres pour ne plus subir le poids de sa culpabilité, une personne aveuglé par la nostalgie d'une époque perdue,etc.. La mise en scène s'attarde aussi sur les objets, l'environnement, les personnages et leur fonctions ainsi on aura droit à des plans sur de longs couloirs vides ou la caméra insistera sur des objets ou êtres vivants envoutés par des shinma un masque, un animal de compagnie tout cela pour traduire une impression d'oppression et d'angoisse comme si quelqu'un nous observait ou que quelque chose pourrait surgir. De l'autre coté on nous montre le monde des humains de tous les jours avec sa vie quotidienne la ville, les forêts, l'école et il faut remarquer que ces scènes se font souvent à un moment bien particulier quand Miyu est avec ses amies à tout cela on ajoute le regard quasi absent du personnage principale et le ponctue quelquefois d'un léger sourire plus expressif et on parvient ainsi à suggérer le coté mélancolique du personnage qui a une affection pour ses amies mais qui ne peut pas s'y attacher au risque de les perdre à jamais. Cela est soulignée par l'amitié symbolisé par les deux pendentifs gardés respectivement par celle-ci et sa meilleure amie, pendentif qui aura son importance ( on peut même le qualifier de MacGuffin ). Tout ceci est appuyé par la photographie qui est en dépit des graphismes ( on aura vu mieux,bien mieux ) est très léchée. Dans un premier lieu la composition, bon il n' y a pas grand chose à dire elle fait un travail classique mais correct, je ne me souviens pas l'avoir vu s'essayer à certaines fulgurances et puis je ne suis pas encore très bon pour analyser la composition. En revanche, la perspective quant à elle, donne clairement le ton de la série: elle est parfois démesurée, déformée, elle montre vraiment qu'il y a quelque chose d'anormal dans ce monde. Ensuite les plans ils sont sont souvent fixes mais ça correspond parfaitement au coté calme de la série et à son ambiance pesante; le point de vue est d'ailleurs objectif mais parfois omnisciente afin de nous avertir sur des détails qui auront une importance que nous soupçonnent pas les protagonistes et frontal nous laissant ainsi spectateur de scènes sur lequel nous n'avons aucun contrôle. Le cadrage reste classique mais il est parfaitement réalisé il est serré sur des éléments qui ont leur importance, ou pour s'attarder sur l'émotion d'un personnage, large pour contextualiser le décor, ou oppresser les personnages, en clair c'est le cadrage qu'on est censé attendre d'une bonne série. Mais surtout ce qui joue en la faveur de l'anime c'est l'éclairage et sa colorimétrie qu'on se le dise les couleurs ont une fâcheuse tendance à être pâle et peu nuancées, néanmoins ce coté retranscrit l'ambiance froide et sombre de la série. Retranscrit aussi par l'éclairage quant à lui est sombre ou alors la lumière est pâle et généralement naturelle, de plus les couleurs suivent généralement les changement de luminosité, il arrive cependant que celle-ci ne soient pas assez obscurcies, quand l'environnement et ses couleurs sont facilement descriptibles alors qu'on est en pleine nuit. Cependant, avant de conclure parlons des graphismes comme je l'ai dit ils sont loin d'être le meilleurs pour une série de 97, il faut pourtant noter qu'il y a une très bonne correspondance entre le décor et les cellulo ce qui est très important pour l'immersion du spectateur ( en outre ce problème de correspondance se retrouvent dans encore beaucoup de séries animées japonaises de nos jours ), de l'autre coté j'ai appris que la série a été réalisé par ordinateur, je ne sais pas exactement en quel proportion ( je viens de trouver quelques cels donc je suppose que ce n'était pas intégralement, j'espère parce que sinon ça n'excuserait plus du tout son animation alors que je me suis cassé les pieds à contextualiser ) or si l'outil informatique est un peu plus présent dans l'animation , on ne sait pas encore bien le gérer et notamment pour les décors ( pour ceux-ci on ne saura d'ailleurs jamais ), il faut tout de même l'avouer en 97 c'est pas rien c'est même précurseur ( pour le meilleur et pour le pire ). C'est tout ces éléments mis ensemble qui nous donnent alors une très bonne réalisation, elle n'est pas la meilleure mais elle fait ce qu'on attend d'une série de qualité, elle suit exactement le propos et l'atmosphère de l’œuvre et aucun plan ne semble avoir été mis au hasard, bref c'était à une époque où les gens semblaient vouloir faire leur travail correctement.
Je conclurais donc que Vampire Princess Miyu est très bon anime du genre fantastique horrifique mais n'est pas une série qui conviendra à tout le monde, elle plaira surement aux amateurs de vieux animes ou à ceux qui s'intéressent aux anime préinformatiques

unautrequelquun
7
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le 31 mars 2021

Critique lue 157 fois

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