J'étais assez curieux de voir ce que Michael Hirst avait encore à nous raconter dans cet univers après les deux dernières saisons de Vikings, qui étaient, il faut bien le dire, vraiment médiocres. Contrairement à beaucoup, je n'ai pas décroché à la mort de Ragnar, mais suite à la très mauvaise exploitation scénaristique qui a été faite de l'épopée de ses fils. J'ai arrêté à la disparition de Lagertha, aussi ridicule qu'insultante par rapport à tout ce qui avait été construit autour de ce personnage. Mais j'ai quand même donné une chance à ce spin-off, car malgré tout la période historique m'intéresse encore et je me disais qu'avec du sang frais et de nouvelles bases, il y avait peut‑être moyen de parvenir à quelque chose de correct.
Pour résumer, ce Vikings: Valhalla m'a fait penser à un mix entre le Vikings post‑Ragnar et les saisons 7 et 8 de Game of Thrones, mais j'y reviendrai. Ce n'est pas un compliment, ces périodes étant celles que j'aime le moins dans deux séries que j'ai autrement adorées. Pour commencer, le casting et l'écriture des personnages, à une exception près, ne m'ont pas convaincu. Freydis est une version délavée de Lagertha. Non seulement l'actrice n'a pas le charisme d'une Katheryn Winnick, mais la série essaie de lui donner la même aura et le même statut trop rapidement et artificiellement. Elle ne bénéficie pas non plus de la relation quasi symbiotique qu'entretenaient Ragnar et Lagertha et qui tirait les deux personnages vers le haut. Si je n'ai rien contre l'interprétation de l'acteur qui joue son compagnon, Harald, il me paraît par contre trop propre sur lui et trop lisse physiquement (comprendre trop beau gosse de base) pour en faire un viking crédible. Godwin est un Littlefinger de bas étage.
Mais ce qui m'a probablement davantage dérangé (j'en reviens à mon analogie avec les deux dernières saisons de GoT), ce sont les réactions parfois difficilement justifiables de certains personnages, les batailles et leurs aspects stratégiques expédiés à la va-vite, les mouvements de flottes et de troupes sans aucune notion réaliste de temporalité... Bref, une écriture trop souvent facile et dénuée de subtilité. Les deux derniers épisodes en sont le pinacle, avec des trahisons et des retournements de situation si fréquents qu'on finit par les accueillir avec un soupir. La série veut trop en faire en trop peu de temps et les seulement 8 épisodes accentuent cet aspect. Ultime reproche : quand on récupère une franchise avec un générique aussi iconique que celui de Vikings, la moindre des choses est de proposer mieux qu'une pauvre intro on ne peut plus basique de moins de dix secondes.
Je ne mets pas une note inférieure car tout n'est pas négatif non plus. La série a su me distraire sporadiquement. Les extérieurs sont magnifiques, notamment les plans marins et de fjords. Un personnage (l'exception que je mentionnais plus haut) est parvenu à me toucher : Leif, qui d'un statut social modeste arrive, à force d'ingéniosité et de courage, à se hisser au-dessus de sa condition initiale, parcours qui ne sera pas sans rappeler celui d'un certain Ragnar. C'est un peu léger même si je donnerai probablement sa chance à la saison suivante. Quoi qu'il en soit, il est certain que ce Vikings: Valhalla ne dispose pas du supplément d'âme qui avait été très rapidement l'une des marques de fabrique de la série originale.