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5.8
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Série Warner TV (2022)

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Préambule habituel : je suis hermétique à l'humour sous la plupart de ses formes généralement plébiscitées. Remarque liminaire : la curiosité me pousse malgré tout souvent à me taper le derrière devant des productions à visée comique, pour voir soit si mes goûts auraient changé en raison d'une tumeur au cerveau, on ne sait jamais, soit si la comédie prendrait providentiellement un virage qui la rendrait compatible avec mes inclinaisons. Dans les deux cas, non, et ça me dispense de me précipiter chez le neurologue. Du coup, je n'ai pas du tout comblé la tranchée qui me séparait de mes collègues de travail qui ont téléchargé des répliques absurdes de Kaamelot en guise de sonnerie de téléphone. C'est un peu ce qui m'a poussée à regarder Visitors, qu'on m'annonçait de la même veine, je crois : l'espoir de comprendre un peu de l'intérieur ce qui me semble si étrange de l'extérieur. Chou blanc. Pourtant, il s'agissait ici de subvertir un univers qui m'est familier : celui des X-Files, dont j'ai religieusement collectionné les 10 saisons et vu les films au cours des 25 dernières années. Je maîtrisais donc les codes. J'ai reconnu cette Amérique fantasmée que la télé nous a vendue depuis des lustres, ses petits magasins à geeks, ses chaînes locales pleines de W, sa police en chemisette, ses gros pick-ups désormais à la mode ici aussi, ses pavillons organisés autour du canapé, ses terrains vagues propices à l'atterrissage de machins intergalactiques et surtout son incomparable FBI. Tout cela transposé dans la France profonde. Le choc des civilisations s'annonçait fertile, et, de fait, c'est un peu l'aspect que j'ai préféré. Celui-ci et les allusions plutôt bienvenues à la télé française des années 80, où l'on fumait, picolait et piquait des fou-rires. Tout cela a disparu au profit d'un professionnalisme formel qui masque mal l'indigence du contenu, mais c'est un autre débat. Le cœur du sujet, c'est l'humour, donc. Dans le cas qui nous occupe, le décalage entre les répliques à froid de personnages confrontés à des situations archétypales sortant des sentiers balisés du quotidien. Personne ne disjoncte en cas de catastrophe et tous assènent tour à tour des sentences très maîtrisées qui rappellent un certain flegme britannique. Soit. C'est incongru et parfois plaisant. Mais jamais hilarant, voilà tout. Donc, en résumé, 10 épisodes touffus qui font perdre un peu le film des enjeux dramatiques, construits autour de personnages de paumés majuscules qui assument leurs insuffisances et ne cherchent pas à paraître autre chose que ce qu'ils sont. C'est leur force mais aussi la limite de l'histoire, qui se conclut aux forceps sur une apocalypse cosmique à laquelle la toute dernière scène propose une échappatoire en trompe l’œil. Des qualités donc, mais pas de cure miracle contre mon intolérance à l'humour.

Créée

le 16 oct. 2022

Critique lue 91 fois

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