L'histoire prend place dans un endroit de la terre aux accents chantants. Ici les hommes mènent une vie simple mais dure, et les femmes n'ont pas non plus le temps de bayer aux corneilles. Il y a fort à faire, et quand ce ne sont pas les travaux de la terre ou l'exercice difficile de l'économie des ménages les longues soirées d'hiver qui occupent ces gens là, ce sont les malfrats sans considération qui donnent bien du souci. Alors s'élève tel un rempart vertueux contre le Mal un chevalier des temps modernes. Troquant son armure pour une gabardine et son épée pour ses poings et ses pieds nus, Cordell Walker incarne à lui seul le courage et la noblesse du temps jadis.
Là où beaucoup ont échoué (je pense notamment à Steinbeck, Hemingway ou Zola), "Walker, Texas Ranger" dépeint avec justesse la misère humaine et nous montre que malgré les turpitudes de la vie, croire aux valeurs morales tombées aujourd'hui en désuétude est essentiel, et reste le dernier rempart face à une humanité qui sombre peu à peu dans ses travers les plus noirs. La réflexion quasi Sartrienne présente dans la série et traduite par le choix d'être bon ou mauvais se mêle à une dimension épique que n'aurait pas renié Chrétien de Troyes. Véritable miroir de notre société et d'une Amérique en construction, "Walker, Texas Ranger" offre un divertissement certes, mais également un exercice de pensée, une vision du monde que l'on n'a pas toujours dans une naïveté originelle qui hélas, profite souvent aux viles personnes. Déchirante dans ses thématiques aussi variées que l'amitié, le courage, la noblesse de coeur, l'importance de la réflexion ou encore l'amour d'un idéal, elle présente aussi de bons moments qui sauront initier les plus jeunes à ce qu'est la vie véritable et donner aux plus âgés de nouvelles pistes de réflexion sur l'existence.