Une réussite !
/ ! \ ATTENTION SPOILS (S1 à 5 ) / ! \ Après une telle découverte, me voilà étonnement surprise de constater aussi peu de critique sur cette série qui selon moi, mérite attention et débat… Pour ...
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le 18 oct. 2017
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/ ! \ ATTENTION SPOILS (S1 à 5 ) / ! \
Après une telle découverte, me voilà étonnement surprise de constater aussi peu de critique sur cette série qui selon moi, mérite attention et débat…
Pour remettre les choses un petit peu dans leur contexte, Wentworth est un remake de la série Australienne "Prisoners" . Nous sommes en prison pour femme donc et nous suivons au fil des épisodes l’arrivée de Bea, mère de famille qui à première vue, ne détient rien d’une criminelle. Nous assistons au cours de la 1ère saison à son intégration passant par les procédés habituels, « traditionnels » de la prison, avec ses codes, ses règles maintenues par les leadeuses du lieu.
Nous ne pouvons passer à côté du parallèle inéluctable avec la série américaine de Jenji Kohan : Orange Is The New Black, vague renversante qui a noyé la planète entière avec ses innombrables audiences, bien méritées ! Mais à Wentworth, nous plongeons dans une toute autre dimension, une dimension froide, violente, affligeante, cruelle et donc forcément plus réaliste. Une série proche du thriller en fin de compte, bien qu’elle soit classée drame et c’est le cas, sans aucun doute. A contrario de la prison de Winchfield où l’art de la comédie et de l’humour se font maîtres dans une atmosphère chaleureuse aux tenues orange, ici c’est une tension constante qui règne, habillée en bleu, rythmée par des coups durs, sans pitié. Nonobstant la contrainte du huit clos, la dynamique du mouvement est prépondérante, personne n’est épargné et l’on craint toujours le pire ! En effet, le rythme est rapide, l’ambiance parfois anxiogène, les scènes sont trash et nous découvrons peu à peu la force de détermination de ces femmes à parvenir à leurs fins. Il s’agit en réalité de la philosophie de cet endroit, basée sur cette volonté intarissable des leadeuses de rester au pouvoir et ainsi, continuer à se faire respecter des autres femmes. Cette volonté passant par un tas de processus tel que le chantage, les menaces, les magouilles, la corruption… Les autres prisonnières s’exécutant donc aux diverses tâches guidées par les chefs des troupes, sans broncher. Ainsi est fait le fonctionnement de cette prison dans son ensemble.
La 1ère saison est à mon sens légèrement redondante avec ses entrées et sorties aux trous (est-ce dû à la différence flagrante avec OITNB où les envois au trou sont très rares… ?) Quoi qu’il en soit, nous parvenons progressivement à entrer dans l’univers Wentworth qui décolle rapidement avec l’arrivée sensationnelle de Joan Ferguson alias « the Freack » (Pamela Rabe) en tant que nouvelle directrice à la saison 2. Ordre, discipline, et correction sont alors prônés dans une nouvelle politique absolument anti-drogue où aucune corruption n’est a priori acceptée.
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Nous découvrons ensuite les autres, les profondes facettes du personnage de Ferguson. Et j’ai de suite pensé : « Oh voilà le féminin d’Hannibal Lecter ! ». Cette ingéniosité si singulière, proche du génie font d’eux des méchants (« vilains » en Anglais) particulièrement intrigants. En effet, tous deux sont loin du stéréotype du grand méchant qui terrorise simplement parce qu’il le faut. Maîtres de la rhétorique, cultivés, extra lucides d’un côté et capables des pires abominations sans le moindre remords : voilà leur lieu commun. La reine de ses crime et non d’escrime (ahah) ne mangera cependant aucune détenue ni gardiens de prison… Mais son intelligence impitoyable traduite par cette capacité hors pairs de manipulation l’amènera toujours aux résultats escomptés. Une faculté d’analyse pointue et un sens de l’observation machiavélique, de quoi retourner le cerveau de ses interlocuteurs en permanence, le tout pour servir ses propres intérêts. Car en effet, il est apparent que notre nouvelle directrice est une adepte du contrôle ainsi que du pouvoir, et cette volonté obsessionnelle de les conserver persistera au cours des prochaines saisons (eh oui le pouvoir est au goût de tout le monde !). Mais si son vice ne s’en tenait qu’à là… L’obsession compulsive de la propreté, la froideur et la droiture qu’elle incarne ne sont en réalité que le reflet d’un chaos intérieur, un cœur figé dont la maladie ne laisse que trop peu de place pour ses battements. Perverse narcissique à tendance psychopathique : voilà les termes « cliniques » que j’emploierais. Bien que ma pensée put s’égarer, à certains moments, à la croyance d’un soupçon d’humanité subsistant dans les bas-fonds de son âme (cf : l’histoire avec Jianna qui au final je pense, a définitivement achevé les derniers vestiges de vie en elle) ; On retrouve cependant un transfert avec le personnage de Doreen qui « bizarrement » bénéficie de quelques privilèges, attentions particulières de Joan Ferguson durant les saisons 2 et 3. (Remarque notable que le grand méchant « Freack » possédé des pires démons, pourvu des pires vices entretient une sympathie/attirance pour le personnage étant aux antipodes même de sa personne. Doreen aspire à la sainteté, l’honnêteté, la bienveillance et la bonté dans ce sombre endroit. Délicieux contraste n’est-ce pas ?)
Alors, monstre sans cœur pernicieux ou malade amoureuse à l’enfance difficile ?
Qu’importe, Pamela Rabe incarne à la perfection son macabre personnage qui ne fait que croître dans la perversion, la fourberie et le sadisme au fil des saisons tandis que Kate Atkinson (Vera Bennett) évolue elle aussi à sa manière au fil des événements, notamment à travers les vicissitudes qu’elle traverse. (On pourra également souligner la performance de jeu extraordinaire d’Atkinson au cours des saisons 2 et 3).
Effectivement, la « trahison mutuelle » des deux femmes qui succède à leur relation mentor/élève aura une incidence considérable d’une part chez Ferguson qui se retrouve prise à son propre jeu et d’autre part Véra, qui plonge dans une grande désillusion concernant son « mentor » et qui de ce fait, change soudainement et radicalement d’attitude (déçue d'un mentor qui l'a poussée à se libérer de sa mère, ce qui s'avère être bénéfique pour elle... Complexité, complexité...). Et c’est à ce moment précis que le renversement de situation a lieu et nous nous demandons alors : quels genres d’atrocités Joan peut-elle encore commettre dans une situation si critique, dans une position si vulnérable ? Car une chute sociale et psychologique aussi considérable pour une personnalité aussi fière et forte ne peut que ternir sa puissance, ajouté à cela le constat de l’élève qui prend sa place… Une combinaison finalement idéale pour emplir davantage son âme de haine et attiser sa soif de vengeance ! Attention, âmes sensibles s’abstenir…
Nous ne sommes encore une fois, loin d’être au bout de nos surprises…
[NB : On voit à plusieurs reprise Ferguson lire, elle nous est présentée comme une « femme d’esprit » avec des références musicales telle que le requiem de Mozart, le stabat mater de Pergolese ou le célèbre thème de la Barcarolle des contes d’Hoffmann ce qui colle parfaitement à son image mais il aurait été opportun et presque « comique » de la voir lire du Sade dans sa cellule… Petit clin d’œil non négligeable ! Ahah ]
Je me suis attardée sur le personnage de Joan Ferguson car c’est celui qui a le plus retenu mon attention, c’est elle en majeure partie qui selon moi maintient le suspens et la tension tout du long mais les autres femmes n’en demeurent pas moins intéressantes pour autant. La bande des protagonistes est composée de Bea Smith qui nous rappelle la forte personnalité de Piper dans OITNB (dont je l’avoue ne pas être très fan) mais qui s’avère être un moteur essentiel dans la prison. L’ensemble des événements qui l’accable la transforme et sa détermination sans faille pour rendre justice témoigne d’un grand courage.
Francky ne laisse personne indifférent avec son joli sourire, ses tatouages, son attitude désinvolte et rebelle de dure à cuire, qui se révèle être le déguisement d’une femme fragile et sensible au passif douloureux, touchant personnage donc. Booms, son « bourreau » ne cesse de faire sourire malgré sa position avec son franc-parler, quelque peu abrupt et enfantin… ! Sa candeur et son besoin de reconnaissance ne nous donne aucun autre choix que de s’y attacher, à un moment ou un autre !
Et Liz… Figure maternelle de la bande, qui n’abandonne jamais sa lutte contre les violences ordonnées par Francky (entre autres). Femme aux conseils avisés, épaule confortable sur laquelle étancher ses larmes et épancher ses tumultes… D’une gentillesse abondante et au cœur immense. Également ancienne alcoolique pour qui on tremble à chaque scène où elle a le malheur de tenir une bouteille à la main ! Ma préférée de la bande, sans aucun doute.
Enfin Doreen, enfermée pour une erreur de jeunesse. La fille « spirituelle » de Liz, simple, joviale, honnête et intègre. Loin des magouilles, loin du traffic, c’est une prisonnière modèle qui tire leçon de son séjour en prison.
Kaz et Allie arrivent un peu plus tard dans le déroulement. Kaz, chef du gang « The red right hand », mouvement féministe visant à rendre justice aux violences faites aux femmes. Cette nouvelle top dog défendant des principes non violent aura un impact notable sur l’ensemble de la prison.
D’autres membres tels que Maxine, Jess ou encore Sonia apparaissent, donnent des impulsions, font frémir le groupe puis disparaissent.
Le personnel carcéral est lui aussi tout autant efficace dans son domaine. Chaque gardien a sa place, fait marcher à sa manière l’énorme rouage aux milles mécanismes qu’est cette prison. Des liens se créent entre officiers et prisonnière, certains se brisent au sein même de l'équipe...
Will a le rôle du super héros, Fletcher est un ancien militaire aux sombres facettes décelant pourtant un fond juste et généreux, Mlle Miles la gardienne bien serviable dans ses actes de corruption… Et Véra… Véra… Qui vivra Véra ! (Hum… -_-)
Enfin… Autant ai-je trouvé la première saison un peu spongieuse, autant les saisons suivantes ne font que grimper dans l’échelle du suspens et ce, jusqu’au dernier barreau ! La qualité des scénarios, tous très bien ficelés tendent à une évolution pertinente des personnages. Le travail sur l’image, le choix des couleurs est aussi un parti pris intéressant. La surprise est toujours de mise, l’étonnement toujours renouvelé avec des cliffhangers phénoménaux. Et le casting, il ne va pas sans dire, est époustouflant. En somme, une recette parfaite pour nous séduire !
C’est donc avec une légère amertume que je termine cette 5ième saison (^^), avec tout de même une folle hâte de voir la suite, le tout dans une grande réjouissance d’avoir découvert cette série ! Une réussite !
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Créée
le 18 oct. 2017
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le 18 oct. 2017
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Une série qui porte le nom d'un acteur qui a joué dans une série sur l'évasion carcérale, moi je dis respect, même si ils n'ont pas fait exprès... Bref, enfin une série australienne, je crois que...
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