Petite critique à l'occasion de la descente de ma note globale de 8 (donnée en cours de S2) à 6 (après avoir vu les 4).
En résumé, si vous ne deviez voir qu'une saison d'une série, Westworld S1 se qualifie aisément comme une des meilleures de tous les temps (si son très misanthropique message, à la réflexion, n'a rien de particulièrement fabuleux ou original, c'est réalisé de main de maître avec des évolutions de personnages brillantes, une gestion de la temporalité qui ne l'est pas moins, et le tout amenant des twists époustouflants) , par contre niveau chute qualitative de saison en saison elle bat Dexter, voire approche le gouffre de la dernière saison de Games of Thrones pour ce qui est de sa saison 4.
Après ce que je pourrais dire de plus indulgent c'est que ce n'est pas, pour une fois, la conséquence de scénaristes tentant maladroitement de recréer ce qui a fait leur succès initial.
Au contraire d'être répétitive et basée sur les mêmes recettes que la première, l'intrigue des saisons 3 et 4, ayant pris le parti pris courageux de faire sortir ses protagonistes du parc d'attraction initial pour les confronter au monde (plus ou moins) réel extérieur, a le mérite de faire vraiment avancer l'histoire et développer son univers au delà de ce que les premières saisons auraient laissé attendre.
Après, par contre, on pourrait également dire ça de Highlander Le Retour, et ça n'en fait pas tout à fait un bon film pour autant. ;)
Le truc surtout, c'est qu'au machiavélisme génial du scénario de la première saison (et un peu de la deuxième aussi), plein de flashbacks non annoncés et de boucles narratives manipulatrices plaçant le spectateur au cœur d'un magistral labyrinthe de faux semblants chronologiques, a succédé une narration plutôt linéaire et plate, se contentant de plus en plus d'alterner de manière classique les points de vues des divers protagonistes (si ça apparait parfois plus complexe au premier abord, du fait que les androïdes peuvent être dupliqués, transférer leurs esprits dans différents corps dont des reproductions d'ancien personnages humains ou être plongés dans des réalités illusoires, ces petits mystères dépassent rarement la durée d'une scène ou deux).
Ce qui fait que l'attention du spectateur, qui jadis devait être en grande partie consacrée à décrypter l'intrigue, se retrouve focalisée sur les messages, finalement pas vraiment terriblement originaux que porte cette série (du niveau de "les humains sont pas vraiment gentils, surtout les mecs tous des cochons", "mais quand même des IAs décidées à prendre le contrôle du monde ce serait peut être encore pire que les humains", "et décidées à le détruire encore pire", "toute créature sentiente mérite le respect", "la surveillance de masse et la dictature des algorithmes c'est pas génial", etc...).
Abandonnée la complexité formelle qui faisait la force des premières saisons, on se retrouve vite face au constat que le fond ne valait pas vraiment sa sauce, et une série qui apparait surtout prétentieuse, à souvent jouer la carte de "tout ceci a un sens philosophique profond" via des dialogues presque aussi pétés que ceux de Rings of Power quand en fait euh... bof.
Enfin donc plutôt une déception que cette série n'ait pas su s'arrêter à sa magistrale première saison pour moi (HBO lui a finalement offert le coup de grâce, mais un peu tard pour qu'on s'en rappelle avec les honneurs que son début mériterait).