Westworld
7.6
Westworld

Série HBO (2016)

Quand les robots te donnent plus mal à la tête que les pistolets

Westworld, c’est un peu comme si quelqu’un avait mélangé un parc d’attractions pour adultes avec un casse-tête philosophique, le tout emballé dans un western qui ne sait pas s’il doit te faire rêver ou te filer des cauchemars. Bienvenue dans un univers où tu te dis que jouer aux cowboys et aux robots, ça allait être fun, mais où finalement, tu te retrouves à remettre en question l’existence humaine toutes les cinq minutes. HBO n’est pas là pour te divertir simplement : ils veulent aussi te faire surchauffer les neurones.


Le concept de base ? Un parc d'attractions ultra futuriste où les riches viennent vivre leurs fantasmes dans une reconstitution grandeur nature du Far West, peuplée d’androïdes (appelés "hôtes") programmés pour être tués, violés, ou juste utilisés comme figurants dans des récits inventés de toutes pièces. Mais évidemment, parce que c’est une série HBO, ça part rapidement en vrille. Les robots commencent à développer une conscience, et là, tu te dis que c’est peut-être le moment d’annuler cette réservation à Westworld.


Là où Westworld brille, c’est dans sa capacité à mélanger les genres. Un western classique ? Pas vraiment. Un thriller de science-fiction ? Oui, mais avec un penchant pour l’existentialisme. Les fusillades et les duels au soleil sont souvent suivis de discussions philosophiques où tu te retrouves à te demander si toi aussi tu n’es pas qu’un pion dans une gigantesque simulation. Le créateur du parc, Robert Ford (interprété par Anthony Hopkins, toujours aussi inquiétant et mystérieux), est un véritable architecte de ce monde, mais il cache des secrets bien plus tordus que n'importe quel shérif de pacotille.


Et puis il y a Dolores (Evan Rachel Wood), l’hôte principale qui, au début, te paraît être la simple fille innocente du ranch, coincée dans une boucle narrative, mais qui se transforme peu à peu en une figure centrale d’un soulèvement robotique. Dolores est fascinante, oscillant entre la douceur programmée et la vengeance pure. Elle est la première à remettre en question son existence, et plus elle en découvre, plus tu te rends compte que le Far West ne va plus jamais être le même.


Mais ce qui rend Westworld particulièrement captivant (ou frustrant, selon ton niveau de tolérance aux intrigues compliquées), c’est la construction narrative éclatée. Tu n’as pas seulement une histoire, tu en as plusieurs, à différents moments dans le temps, qui s’entrelacent et se contredisent. À un moment, tu te demandes si tu regardes bien la même série depuis le début ou si tu t’es perdu dans un labyrinthe mental créé par un scénariste un peu trop fan de puzzles. C’est brillant… mais aussi épuisant. Certains épisodes te donnent l’impression d’avoir besoin d’un tableau blanc pour comprendre qui fait quoi, quand, et surtout pourquoi.


Visuellement, c’est du grand HBO. Les décors sont époustouflants, que ce soit le désert sauvage ou les coulisses high-tech du parc, où les hôtes sont "réparés" entre deux massacres. Les effets spéciaux sont à la hauteur, avec des séquences qui te font passer de la poussière des saloons à des laboratoires cliniques en un clin d’œil. Chaque plan est soigneusement pensé pour te plonger dans cette dualité entre le monde sauvage et la froideur technologique, et les contrastes sont aussi saisissants que dérangeants.


Cependant, si Westworld pose des questions fascinantes sur la nature de la conscience, du libre arbitre et de la moralité, il y a des moments où la série semble se perdre dans sa propre ambition. Les intrigues secondaires, bien que souvent captivantes, peuvent alourdir le rythme. Tu as parfois l’impression que la série essaie tellement de te surprendre et de t’embrouiller que tu passes plus de temps à essayer de recoller les morceaux qu’à simplement apprécier ce qui se passe. Et soyons honnêtes, les twists, bien qu’impressionnants, finissent par te faire lever un sourcil en mode "Vraiment ? Encore un rebondissement temporel ?".


Les personnages secondaires, comme Maeve (Thandie Newton), l’hôtesse de bordel devenue l’une des figures les plus puissantes du parc, ajoutent une profondeur bienvenue. Maeve est tout simplement badass, et sa quête de liberté est l’un des arcs les plus satisfaisants de la série. Elle apporte une touche d’humanité (ironique, non ?) à un monde où tout semble si artificiel. Et puis il y a le légendaire Homme en noir (Ed Harris), un personnage aussi impénétrable qu’un coffre-fort dans une banque de l’Ouest, dont les motivations et les secrets sont aussi sombres que son chapeau.


En résumé, Westworld est une série qui jongle brillamment entre le western, la science-fiction, et la philosophie existentielle. Elle est visuellement sublime, intellectuellement stimulante, mais parfois tellement complexe qu’elle te laisse avec un mal de tête après chaque épisode. Si tu aimes les séries qui te poussent à réfléchir (voire à revoir plusieurs fois les épisodes pour vraiment tout saisir), Westworld est une aventure fascinante. Mais si tu veux juste un bon vieux duel de cowboys, tu risques de te retrouver à te demander si tu n’as pas embarqué dans le mauvais saloon.

CinephageAiguise
7

Cet utilisateur l'a également ajouté à sa liste Les meilleures séries de 2016

Créée

le 21 oct. 2024

Critique lue 26 fois

Critique lue 26 fois

D'autres avis sur Westworld

Westworld
Hagstrom
5

Wastworld, un joli gâchis

Après nous avoir offert une première saison intrigante en proposant un univers complexe et original, la saison 2 de Westworld s'enfonce lamentablement dans le wtf à embranchements multiples. Une...

le 22 juil. 2018

84 j'aime

8

Westworld
Vincent-Ruozzi
8

Theme park world

En 2014, HBO annonçait en grande pompe que Jonathan Nolan allait être en charge de l’adaptation de l’œuvre culte de l’écrivain Isaac Asimov, Fondation. Coécrivant la plupart des films réalisés par...

le 20 déc. 2016

77 j'aime

9

Westworld
Gwynplain
4

L'imposture Westworld

La diffusion de la deuxième saison de Westworld vient de s’achever il y a quelques semaines et je dois avouer que ce visionnage s’est révélé pour moi une expérience éreintante que je vais tenter...

le 14 juil. 2018

58 j'aime

17

Du même critique

My Liberation Notes
CinephageAiguise
8

Quand l’ennui devient une quête spirituelle

My Liberation Notes n’est pas une série qui te happe avec des explosions, des twists spectaculaires, ou des méchants machiavéliques. Non, c’est une invitation à t’asseoir avec une tasse de thé et à...

le 19 nov. 2024

3 j'aime

9

Astérix le Gaulois - Astérix, tome 1
CinephageAiguise
7

Quand tout a commencé avec une potion magique, des baffes et un centurion

Avec Astérix le Gaulois (1961), René Goscinny et Albert Uderzo posent les bases d’une saga légendaire, où les baffes volent aussi vite que les sangliers passent à la broche. Ce premier opus, bien que...

le 20 déc. 2024

2 j'aime